La Chronique Agora

La fin de l'inquiétude

▪ Nous sommes de retour d’Argentine. S’est-il passé quelque chose en notre absence ?

Non, pour autant que nous puissions en juger. Nous avons lu quelques journaux après notre retour à Salta. Les actions semblent avoir légèrement grimpé. Les obligations semblent toujours baissières. Rien de vraiment neuf.

Apparemment, on trouve plus de gens qui croient encore à la "reprise" qu’à l’immaculée conception… mais nous y reviendrons. D’abord, nous aimerions vous parler de notre voyage. Nous venons de rentrer de notre ranch dans les montagnes argentines. Nous sommes sale, fatigué… mais heureux de notre voyage.

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LA DEUXIEME GRANDE DEPRESSION
Quoi qu’en disent les gros titres des médias grand public, une catastrophe économique est en train de se dérouler : elle va réduire à néant l’épargne de millions de Français…

… alors que d’autres doubleront leur patrimoine dans le même temps.

Nos spécialistes avaient vu venir la catastrophe des subprime… la hausse spectaculaire de l’or… l’effondrement du système bancaire et financier. A présent, ils vous révèlent comment sortir gagnant d’une crise telle que nous n’en avions pas connu depuis les années 20 : continuez votre lecture pour tout savoir…

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Le ranch est loin de tout. Il est coupé de la civilisation moderne. En fait, on pourrait dire qu’il est coupé de toute civilisation.

Lundi, nous avons roulé durant quatre heures pour aller rendre visite à Ilena, une femme d’environ 75 ans qui vit sur un plateau isolé dans les montagnes. Elle fait pousser du maïs et trait des chèvres. Elle fait sécher des fruits. Pas d’électricité. Pas d’eau courante. Pas de chauffage central. Elle vit sans doute comme les gens ont vécu pendant des siècles dans cette région.

Ce doit être assez solitaire, tout de même.

Mardi, nous avons rencontré les enseignants de l’école locale. L’une d’entre eux est à son poste depuis 26 ans… et ne quitte le ranch qu’une fois tous les trois mois environ. Le week-end dernier, elle voulait si désespérément changer d’air qu’elle a marché durant six heures pour se rendre au ranch voisin.

Puis, mercredi, le cercueil est arrivé. La vieille camionnette Chevrolet a émis un grondement rocailleux en remontant l’allée… comme si la mort elle-même était sur le perron, se raclant la gorge avant de frapper à la porte.

Oui, cher lecteur, nous avons des histoires à raconter. La vie, la mort, le sexe… la solitude, le désespoir… Il n’y a pas de télévision dans la vallée. Ce serait inutile, de toute façon : on peut trouver tous les drames qu’on veut… il suffit d’ouvrir les yeux.

Restez à l’écoute…

▪ En attendant, la semaine dernière, nous nous sommes rendu chez un cordonnier de Salta. Le vieil homme nous a montré une paire de bottes rouges.

"Tenez, essayez-les. Je les ai fabriquées pour un grand norteamericano comme vous".

Nous les avons enfilées, mais elles étaient un peu trop grandes. Nous avons ensuite vu les initiales sur la facture.

"Pour qui est-ce que vous les fabriquez ?" avons-nous demandé.

"Quelqu’un qui s’appelle Casey. Dooglas Casey".

Plus aucun doute possible : les bottes de Doug Casey sont bien trop grandes pour nous.

Nous avons dîné avec notre vieil ami avant de partir pour le ranch.

"La situation est encore pire que ce que je croyais", a dit Doug.

Mais Doug ne semblait pas plus s’en inquiéter que nous.

Telle est l’étrange bifurcation qui s’est produite dans le monde financier actuel. Ceux d’entre nous qui se donnent la peine d’y réfléchir pensent que des problèmes arrivent. On ne peut dénouer en quelques mois une expansion de crédit qui a duré 60 ans. On ne peut corriger un problème de dette en ajoutant plus de dette. Et on ne peut réparer le secteur privé en gonflant le secteur public.

Tout de même, la "reprise" dure depuis si longtemps que nous avons oublié ce qu’était une crise. Vous vous souvenez du krach de 2008… quand les actions s’effondraient et que Lehman a fait faillite ? Des pleurs… et des grincements de dents. Une crainte profonde et terrifiante, c’est ce que les gens ressentaient à l’époque. C’était "la fin du monde". Le jour du jugement était arrivé…

La crainte vous fait faire des choses que vous ne voulez pas faire. Elle vous force à réduire vos dépenses… limiter vos projets… annuler vos vacances… resserrer les cordons de la bourse. Autant de choses dont vous savez que vous devriez les faire, mais que vous ne voulez pas faire.

Dès que la crainte s’estompe, vous pouvez mettre ces plans de côté et revenir à ce que vous faisiez avant. Même si les causes de la crainte sont encore là… et même si vous les comprenez et les voyez clairement.

En examinant nos sentiments l’autre jour, nous avons réalisé que nous n’avions plus peur. Pour autant que nous puissions en juger, la Grande Correction suit le cours attendu. Mais le rebond a duré plus longtemps et est allé plus haut que nous le pensions. Il a émoussé la crainte. Le Dow a dépassé les 11 000 points… les rendements obligataires sont toujours à des plus bas record… et on trouve plus de gens persuadés que les autorités ont maîtrisé l’art de la gestion de crise que de gens croyant à l’immaculée conception.

Mais les risques sont toujours là. Tôt ou tard, ils s’exprimeront.

A nouveau, restez à l’écoute.

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