La Chronique Agora

La Fed met ses taux d'intérêt au "zéro permanent"

▪ Le zéro permanent. C’est ainsi que Edward Harrison appelle la nouvelle politique de la Fed consistant à garantir des taux ultra-bas pour les deux prochaines années.

Mais parlons d’abord de ce qui se passe sur les marchés. L’or a grimpé, atteignant un nouveau record. Les actions chutent. Les investisseurs pourraient être en train de se réveiller. Peut-être qu’ils réalisent que nous sommes dans une économie de degré zéro.

Le zéro est un drôle de nombre. Ce n’est pas un nombre du tout. Lorsqu’on dit qu’il y a « zéro » beignet sur la table, combien y en-t-il ? Aucun. Pas de beignets en vue. Alors combien fait zéro ?

Que se passe-t-il quand on additionne des zéros ? Rien. Mais quand on multiplie par zéro, il se produit une chose extraordinaire : quelque chose devient rien. Sérieusement. 6 x 0 = 0. Zéro fois tout le déficit américain égale zéro. Vous voulez faire disparaître un élément ? Multipliez-le par zéro.

Que se passe-t-il quand on multiplie une économie de Grande Correction par des taux d’intérêt zéro ? Eh bien, c’est ce que nous sommes en train de découvrir.

Si une personne est âgée de zéro… quel âge a-t-elle ? Aucun. Elle n’existe pas. Le zéro est vacant… inexistant… il n’est rien. C’est un vide. C’est là que la personne qui n’existe pas s’assoit pour boire un café.

Mais qu’est-ce qu’un vide ? Cela revient à décrire l’univers. On pourrait dire que l’univers a commencé avec l’explosion du Big Bang, mais qu’y avait-il avant ? Le Zéro ? Non… Il devait bien exister quelque chose, s’il y a eu explosion.

Si l’on dit que l’univers est « un vide gigantesque », ça ne fait qu’augmenter notre curiosité. Comment un vide peut-il être gigantesque ? Qu’y a-t-il exactement dans un vide ?

Essayons d’imaginer une chose si petite qu’elle n’a pas de dimension. Aucune. Prenez une unité de mesure. Divisez-la par deux. Faites-le une fois encore… puis encore une fois… Peu importe le nombre de fois où vous répétez l’opération, vous avez encore quelque chose. Vous ne réussirez pas à faire disparaître cette satanée chose ! Vous ne réussirez pas à arriver à rien, aussi dur que vous essayiez.

En conséquence le zéro — par définition — n’existe pas ! Et s’il n’existe pas, il ne sert à rien d’en parler.

▪ Nous abordons le sujet uniquement parce que le zéro devient une partie de plus en plus importante — si l’on peut dire — de l’économie américaine. Zéro pour les taux d’intérêt. Zéro croissance. Zéro appréciation boursière. Zéro hausse immobilière. Zéro nouveaux emplois.

Oui, cher lecteur… l’économie américaine est un Bon Gros Zéro.

Toute cette histoire est d’une bizarrerie à couper le souffle. Les derniers chiffres officiels mettent l’inflation des prix à la consommation à plus que zéro — environ 3%. Les Shadow Stats de John Williams la mettent à 11%. Pourtant, la Fed prête à ses banques membres de l’argent à taux zéro.

Non seulement elle distribue de l’argent, mais elle s’est engagée à le faire jusqu’à la mi-2013.

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Les lecteurs penseront peut-être que c’est une bonne chose. A présent, les banques savent que tout ce qu’elles ont à faire, c’est emprunter l’argent de la Fed pour rien… et le re-prêter au gouvernement fédéral pendant 10 ans à un taux supérieur. Peut-être 2%. Ce n’est pas grand-chose, 2%. Mais les autorités emprunteront 3 000 milliards de dollars environ durant cette période de deux ans. Voyons voir : 2% de 3 000 milliards de dollars, c’est 60 milliards de dollars. Pas mal. Surtout quand on fournit zéro travail.

En d’autres termes, pour zéro effort et zéro risque, les banques gagneront beaucoup d’argent grâce à la politique de taux zéro permanente de la Fed. Elle est censée les encourager à emprunter et prêter… stimulant ainsi la croissance de l’économie.

Mais nous allons faire une prédiction. Non, plusieurs prédictions.

Les banquiers étant ce qu’ils sont, ils trouveront quand même le moyen de perdre de l’argent. Les banques sont des services publics, désormais, gérés en majeure partie pour le bénéfice de leurs employés. Les dirigeants des banques dévoreront les profits, laissant leurs établissements gravement sous-capitalisés. Ensuite, lorsque le Trésor US s’effondrera, il en ira de même pour les banques.

Une autre : le zéro permanent n’est pas seulement une mesure politique… c’est une prédiction et une malédiction. C’est ce qu’on obtient quand on prend le chemin du Japon — des taux d’intérêt au zéro permanent… et aussi zéro croissance.

Et encore une prédiction : lorsqu’ils multiplieront une politique de taux zéro permanent par une économie en état de Grande Correction, ils obtiendront… zéro.

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