** Un vent d’euphorie souffle sur les places asiatiques depuis les toutes dernières séances du mois d’avril. Le mois de mai débute par un véritable feu d’artifice de hausses de Bombay à Hong Kong, en passant par Séoul, Taiwan et Shanghai, avec des gains dépassant les 4% en moyenne — et même les 5,8% pour le Hang Seng, qui pulvérise la résistance annuelle des 16 000 points.
Wall Street ou le Vieux Continent poursuivent également sur leur lancée. Ils semblent se diriger vers l’inscription d’une neuvième semaine consécutive de progression alors que la consolidation des marchés obligataires (notamment des bons du Trésor américain) pourrait signer l’inversion du phénomène d’aversion au risque. Ce dernier maintenait les rendements obligataires à des niveaux exagérément bas — souvent en deçà des 3% sur 10 ans et plus — compte tenu des risques inflationnistes sous-jacents à moyen terme.
Le moment est donc bien choisi de vous dresser un tableau idyllique de la conjoncture économique et des perspectives réjouissantes qui devraient soutenir la hausse inexorable des indices boursiers pendant encore de nombreuses semaines… le seul effort demandé aux investisseurs étant désormais de se laisser porter par la vague, jusque vers 1 000 points sur le S&P et 10 000 points sur le Dow Jones.
La principale "nouveauté" consiste dans l’émergence d’une variante (version avril 2009) de la fameuse (ou fumeuse ?) théorie du découplage. Souvenez-vous du plongeon de Wall Street début 2008… il s’expliquait par les premiers signes très tangibles d’un ralentissement économique, lequel était censé épargner la Chine, capable de compter sur ses propres forces et pouvant s’appuyer sur un formidable réservoir de consommation en interne.
Six mois plus tard, et bien que les indices américains recommençaient à s’effondrer, les investisseurs s’accrochaient à l’idée que les Etats-Unis seraient les premiers à ressortir d’un sévère épisode de récession… tandis que les pays asiatiques, devenus les victimes expiatoires de la crise mondiale, subissaient le contrecoup de l’effondrement de leurs exportations pour cause de surcapacité de production, ce qui détruisait au passage les espoirs de relance par la demande intérieure — pour cause de montée du chômage de masse.
Le FMI prédisait début 2009 rien moins qu’un épisode de dépression économique au Japon et une rechute durable de la croissance chinoise bien en-deçà du seuil des 7% à 8% nécessaire pour soutenir l’emploi et la consommation des ménages.
Mais ô surprise ! La Chine, qui rue dans les brancards au sujet de la valeur du dollar depuis les réunions préparatoires au G20 tenu à Londres début avril, fait son grand retour parmi les pays bénis des dieux économiques. S’il est bien un endroit au monde où les autorités politiques ont les moyens de faire plier les pressions récessionnistes et décréter que la croissance doit de nouveau être à l’ordre du jour (tout du moins à la une des médias), c’est bien l’empire du Milieu !
Et voilà que l’origine de la reprise planétaire puise de nouveau sa source à Pékin, moins de neuf mois après la démonstration d’efficacité et de modernité des Jeux olympiques. Les scories de la crise économique glissent sur les ailes de la Chine comme sur celles d’un canard… pas encore laqué !
** Tous les prétextes semblent bons pour alimenter la hausse des actions depuis la mi-mars. Cependant, les marchés rentrent dans une phase où la prise en compte de nouvelles favorables — et l’impasse systématique sur toute actualité ayant un caractère tant soit peu négatif — entraîne désormais de spectaculaires sur-réactions haussières qui font passer les marché du réconfort à l’euphorie en quelques minutes, comme aux plus belles heures de la bulle immobilière.
Comme un clin d’oeil du destin, le rebond de 3,2% des promesses de vente de logements neufs a provoqué une envolée de 3,2% de hausse du S&P 500 ce lundi… et peu importe qu’il faille encore transformer l’essai, peu importe qu’il ne s’agisse encore que d’un rebond technique.
L’indice phare américain a confirmé le franchissement de la résistance des 875 points. Son envolée vers les 907 points propulse l’indice en territoire positif (+0,5% en performance annuelle) pour la première fois depuis le 9 janvier dernier.
Les investisseurs veulent croire que le cauchemar de la récession est terminé et que la déferlante des sinistres sur les crédits immobiliers est en cours d’achèvement. Bank of America est soupçonnée (la rumeur court depuis fin avril) de préparer une levée de fonds de 10 milliards de dollars… mais qu’à cela ne tienne, un simple démenti suffit à rassurer tout le monde, et le titre bondit de 20% en quelques heures.
** Et si Warren Buffett fait l’apologie de la solidité financière de Wells Fargo (dont il est le principal actionnaire, mais nul ne saurait douter de son objectivité), cela mérite bien une petite hausse de 24%. Qu’il se dise 100% confiant dans l’hypothèse que l’économie américaine se redressera après des temps un peu difficiles et Wall Street — qui ne mise plus que sur une reprise en V — a déjà un pied et demi en 2012, tirant un trait sur les 18 prochains mois de galère (un peu d’aviron, cela ne peut qu’aider les Etats-Unis à perdre de la mauvaise graisse).
L’Europe qui fait souvent étalage de son vague à l’âme n’a qu’à prendre son mal en patience : la Commission européenne prévoit une récession de -4% en 2009 et un taux de chômage de 11,5% dans l’Union en 2010, alors que la contraction de l’activité serait seulement négative de 1%.
** Vous conviendrez qu’en y rajoutant des risques inflationnistes — que Warren Buffett juge bien réels et nous aussi pour peu que la dette américaine torpille le dollar –, il n’y a plus aucune raison d’attendre d’avantage pour acheter des actions : c’est le moment, elles sont au plus haut et le rendement des T-Bonds se retend à 3,16%, celui des Bunds à 3,25%.
Cela nous rappelle une des dernières pubs génialissimes pour la Coccinelle de Volkswagen, peu avant l’arrêt de sa fabrication : "elle est lente, bruyante, inconfortable, démodée… mais quelle autre légende pourriez-vous acheter ?"… et Volkswagen en vendit 100 000 de plus !
Vous pouvez également faire le pari que le CAC 40 se bonifiera avec les années… mais prévoyez alors beaucoup de temps si vous achetez les valeurs françaises au prix du catalogue édité en ce début mai 2009.
Philippe Béchade,
Paris
PS : Alors que le rebond boursier se poursuit, pourquoi ne pas profiter de la situation pour mettre vos compétences de trader à l’épreuve ? Faites fructifier un "portefeuille" de 100 000 euros… mesurez-vous à d’autres traders… et voyez jusqu’où vous pouvez accumuler les profits ! Il suffit de vous inscrire au concours GoldenChart, qui se déroule du 11 mai au 19 juin 2009 : c’est gratuit, simple… et de nombreux lots sont à gagner — n’hésitez pas ! Tous les renseignements sont ici…