La Chronique Agora

La Chine diversifie le contenu de ses coffres

▪ Cette semaine, le plus intéressant ne s’est pas passé — faut-il vraiment s’en étonner ? — sur les marchés actions. Non, c’est du côté des devises qu’il faut se tourner pour trouver rebondissements, aventures et cascades en tout genre.

A commencer par le retour de l’euro, qui est revenu aux alentours des 1,30 $… malgré des nouvelles économiques franchement peu propices à soutenir bien longtemps une devise flageolante. Frédéric Laurent, rédacteur en chef de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine, nous en disait plus il y a quelques jours :

"Dernièrement, les nouvelles de Grèce ne semblent pas des plus réjouissantes. L’économie a plongé de 1,8% au dernier trimestre — ce qui donne un -3,7% en rythme annuel. Ailleurs en Europe, ce n’est guère mieux. La croissance espagnole est proche de zéro ; même l’Allemagne, jusqu’alors tirée par ses exportations, connaît une baisse de 1,5% de ces dernières. Et nous, tels des Shadoks en pleine effervescence, nous creusons, toujours notre déficit commercial qui a atteint, en juillet, 4,18 milliards d’euros".

"Une excellente étude réalisée par un banquier de Morgan Stanley, Arnaud Mares, nous apprend que si l’on prend en compte l’ensemble des dettes et engagements publics, l’endettement total de la France représenterait 600% du PIB dans les prochaines années — le même calcul porte à 800% du PIB la dette américaine. Pour l’Irlande et la Grèce, les chiffres sont sans appel, les dettes respectives de ces deux pays avoisinent les 1 500% de leur PIB. Finalement 2008 n’était peut-être pas l’annus horribilis que l’on proclamait. Et si elle était devant nous ?"

Vu la teneur de l’année 2008, vous imaginez un peu ce qui pourrait nous attendre dans les mois qui viennent.

▪ Mais revenons-en aux devises. L’euro revient, donc… et il n’est pas le seul. Le yen s’envole, grimpe et plane. En cause : l’inversement du carry trade entre le yen et le dollar — mais aussi, plus étonnant, les rachats massifs de yens par la Banque de Chine.

Mais est-ce vraiment si étonnant que ça ? Après tout, la politique monétaire des Etats-Unis est clairement "dévaluationniste" — taux ultra-accommodants, assouplissement quantitatif, planche à billets et largage par hélicoptère font partie de l’arsenal américain : il y a de quoi impressionner même le plus féroce ministre des Finances !

La Chine a donc décidé de diversifier le contenu de ses coffres. Elle avait déjà augmenté ses détentions d’euros, maintenant, c’est au tour de la devise nippone.

"Avouez que voir le yen se transformer en devise de réserve, ça ne manque pas de sel !", nous disait Philippe Béchade jeudi dernier.

"Mais c’est une marque de confiance dont le Japon se serait bien passé. Les autorités économiques nippones, sous l’impulsion du gouverneur de la Banque centrale, M. Shirakawa, sont intervenues mercredi pour la première fois en six ans sur le marché des changes pour endiguer la flambée du yen, lequel venait de franchir le cap des 83 face au dollar.
Cela entraîne une débauche de milliards de dollars, probablement en pure perte : le seul message que les cambistes veulent entendre, c’est que la Fed s’abstiendra de faire tourner la planche à billets au cours des prochains mois. Ils risquent d’attendre longtemps !"

En effet… et pendant que les plus grandes banques du monde cherchent une alternative à la fragilité du dollar, à la faiblesse de l’euro, à l’instabilité du yen et à l’incertitude du yuan… qui a battu un record historique, à plus de 1 270 $ l’once ?

Allez, un indice, cher lecteur : ça commence par "o" et ça finit par "r"…

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
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