La Chronique Agora

Le jour où le QE2 a pris fin

▪ Les Américains avaient quelque chose à célébrer, pour leur fête nationale. Le QE2 — le programme gouvernemental d’impression monétaire à 600 milliards de dollars — a pris fin vendredi dernier. Et devinez quoi ? Le ciel ne nous est pas tombé sur la tête.

Les marchés ont préféré pousser un retentissant « youpi ! » Le Dow a grimpé de 168 points. Si le QE2 devait être la mort de l’économie américaine, les marchés boursiers ne s’en sont pas aperçus.

Non que les investisseurs boursiers aient 20/20 à chaque oeil. On parle là de ceux qui achetaient Lehman Brothers et les prêteurs hypothécaires juste avant que l’entreprise ne s’effondre.

Donc nous ne disons pas que les prix actuels sont nécessairement les mêmes que ceux de demain. Le marché connaît peut-être le prix de chaque chose à chaque moment, mais il n’en connaît pas la valeur. A mesure qu’il découvre cette valeur, il change d’avis sur le prix.

Nous trouvons donc légèrement perturbant le fait que la Fed puisse interrompre un programme d’achat à 100 millions de dollars par mois sans que les investisseurs perdent leur sang-froid. Nous ne nous posons pas de questions sur la Fed… mais sur les investisseurs : qu’est-ce qui ne va pas chez eux ?

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Ça vaudrait mieux pour votre portefeuille, en tout cas, puisqu’elle pourrait vous rapporter des gains de l’ordre de 28% en moins de trois jours24% en 48 heures20% en huit jours25% en trois jours… et encore 22% en trois jours.

Comment ça ?

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Puisque ces pensées nous sont venues durant un jour férié, toutefois, nous avons décidé de ne pas nous en inquiéter.

▪ Nous avons préféré prendre pitié du Sénat US. Il était en session le 4 juillet ; les sénateurs pensaient qu’il était important de faire semblant de prétendre résoudre la crise de la dette US.

Comme vous le savez, du jour de sa fondation — c’est à dire le 4 juillet 1776 — jusqu’à nos jours, le gouvernement américain a accumulé environ 14 300 milliards de dollars de dette nationale officielle. Dans la mesure où le Congrès US n’autorise que 14 300 milliards de dollars de dette, les autorités ont un problème. Soit les politiciens approuvent une nouvelle loi augmentant le plafond de la dette… soit ils réduisent les dépenses de manière à ne pas avoir à emprunter de l’argent. Ou bien ils traitent le plafond de la dette comme ils traitent la Constitution américaine, et l’ignorent purement et simplement.

Nous savons quel choix serait le nôtre. Mais personne ne nous a demandé notre avis, nous allons donc le garder pour nous.

Le plafond de la dette est une distraction. Ce n’est qu’une nuance américaine apportée à un authentique problème qui affecte toutes les économies démocratiques/capitalistes matures. La Grèce, la Grande-Bretagne, l’Irlande… des dizaines d’autres pays… et les Etats-Unis.

Comme le savent les lecteurs réguliers de la Chronique Agora, il s’agit d’un problème concernant les fondations de l’Etat-Providence moderne… et du « contrat social » lui-même. Tel est le marché de base :

Les gens offrent entre 20% et 50% de leur production… et parfois leurs vies… à leur gouvernement.

En retour, le gouvernement leur promet une vie meilleure que s’il n’intervenait pas.

Mais comment les autorités peuvent-elles améliorer la vie du citoyen ordinaire ? Si elles ne restituent en services que ce que les citoyens ont payé en impôts, à quoi bon ? D’ailleurs, le gouvernement n’y parvient même pas. Il n’est pas doué en matière d’allocation de capital. Il y a une quantité gigantesque d’inefficacité et de friction dans le système. Le gouvernement dépense mal son argent. Il obtient un rendement lamentable. Si les gens en reçoivent pour la moitié de ce qu’ils ont payé, ce sera un miracle.

Lorsque le système a été inventé, au XIXe siècle, il fonctionnait assez bien. Les taux de croissance du PIB étaient élevés. Les personnes âgées, les réglementations et les services gouvernementaux étaient rares.

Mais à mesure que le système a mûri, au cours de 150 ans, il s’est zombifié. C’est-à-dire que les frictions, la mauvaise allocation des ressources, les coûts fixes et les parasites ont augmenté. La population a vieilli. Les autorités ont dépensé de plus en plus. Les gens en ont eu de moins en moins pour leur argent. Les gouvernements ne voulaient pas augmenter les impôts… parce que les électeurs penseraient être floués. Sauf que lesdits électeurs voulaient quand même de plus en plus de « services ». Donc, entre approximativement la fin des Trente Glorieuses qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale (c’est-à-dire vers les années 80)… et maintenant, les gouvernements n’ont pu étendre leurs services qu’en empruntant.

Sauf qu’aujourd’hui, l’emprunt devient problématique. Des pays sages… ou chanceux… comme la Grèce ou la Grande-Bretagne (pas nécessairement dans cet ordre) doivent donc réduire leurs dépenses. Soit parce qu’ils ne peuvent pas emprunter maintenant… soit parce qu’ils craignent de ne pas pouvoir le faire plus tard. Naturellement, les zombies n’apprécient pas. Ils sont descendus dans les rues, à Athènes comme à Londres.

Les enseignants ont « interrompu » les services dans toute l’Angleterre la semaine dernière. En Grèce, ils n’ont même pas eu à faire grève ; ils ne fournissent pas grand-chose de toute façon.

Où est-ce que tout ça nous mène ? Nous verrons bien…

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