Joachim Son-Forget (JSF) est ce député des Français établis en Suisse et au Liechtenstein qui s’est fait connaître en faisant vibrer la twittosphère politique française lors de la dernière quinzaine du mois de décembre dernier. Troisième et dernier volet du portrait que nous consacrons à cet OVNI politique.
Au centre de son offre politique, une idée simple : « mettre de la Suisse en France » sur un certain nombre de sujets majeurs. Et pour cause : JSF a 10 ans d’expérience du modèle suisse. Il a donc amplement eu le temps d’en constater les mérites.
C’est d’ailleurs exactement l’objet du Mouvement pour la liberté et la démocratie directe (ML2D), le parti politique cofondé au mois de mars 2019 par Loïc Rousselle et Simone Wapler et qui promeut la mise en œuvre de solutions qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres pays, au premier rang desquels la Suisse. Là aussi, le pragmatisme prime sur l’idéologie.
Le problème, comme nous allons le voir en détails, c’est que le modèle suisse est précisément tout ce que rejette Emmanuel Macron, lequel se complaît dans la perpétuation d’un technocratisme très centralisé.
Pour une démocratie plus directe grâce au référendum d’initiative citoyenne partagée (RICP)
JSF s’est prononcé non pas en faveur du RIC des gilets jaunes, mais en faveur du référendum d’initiative citoyenne partagée.
Et comme le député de 36 ans est le genre de garçon qui a de la suite dans les idées, cette opinion s’est traduite dans une proposition de loi, rédigée à quatre mains avec la députée Sophie Auconie (UDI).
Comme l’a relevé Ferghane Azihari, on n’est certes pas encore dans le principe de subsidiarité déployé tous azimuts à l’image de ce qui se pratique chez nos voisins helvètes…
… mais il faut bien commencer quelque part, comme l’a rappelé le député.
Emmanuel Macron aurait-il d’ailleurs partiellement changé d’avis à ce sujet à la faveur du « grand débat » ?
Affaire à suivre…
Libertés fondamentales : la menace n’est pas là où l’on croit
Dernièrement, JSF a multiplié les tweets dans lesquels il appelle au respect des libertés fondamentales.
Voilà qui l’éloigne un peu plus du président.
Fiscalité : elle doit baisser, gagner en lisibilité et chacun doit payer l’impôt sur le revenu
Non seulement JSF a compris qu’il n’est pas souhaitable que la France reste championne du monde des impôts, mais il souhaite que chacun se sente concerné par le sujet, et que l’on démonte l’immense usine à gaz fiscale française pour revenir à quelque chose de simple.
Il a également conscience du fait que le protectionnisme n’est pas une recette magique qui permettrait de faire s’épanouir les entreprises nationales.
Enfin, il semble lui aussi avoir quelques doutes quant à la volonté du président de diminuer la pression fiscale…
Budget : stop à la gabegie !
Si l’Etat récolte moins d’argent, il va falloir qu’il réduise ses dépenses (sauf à s’endetter encore plus, bien sûr). Nous avons bien reçu le message de JSF comme quoi la gabegie règne au sommet de l’Etat…
… mais ce n’est pas en supprimant quelques hochets que l’on va assainir les finances du royaume de France. Si vous me lisez, monsieur le député, je serais très intéressé de savoir ce que vous proposez à ce sujet, outre la possibilité ci-dessous !…
Social : il faut repousser l’âge de la retraite
Car pour être complet, il faut préciser que JSF évoque une piste pour économiser de l’argent public : les Français doivent travailler plus longtemps.
Je ne sais pas si c’est lui qui « le fera », mais c’est également l’opinion de Rafik Smati, du parti Objectif France.
Sécurité : surprise, on peut faire mieux que des boutons-poussoirs !
Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous le préciser mais, entre autres talents, JSF sait faire des butterfly kicks grâce à sa maîtrise du karaté, et est capable de faire sauter une capsule de bière à 800 mètres sans dégommer la bouteille, grâce à la passion qu’il entretient pour le tir sportif.
Pourquoi un tel attrait pour les disciplines relatives à l’autodéfense ? Une fois de plus, on en revient à l’univers de Picsou !
Sur ce thème également, JSF allie la parole aux actes avec une proposition de loi pour réviser la notion de légitime défense enregistrée le 19 juin.
C’est tout de même autre chose que les boutons-poussoirs de Mounir Mahjoubi, vous ne trouvez pas ?
Malheureusement, le député a bien du mal à trouver des soutiens dans l’assemblée. Les grands esprits de LR comme Eric Ciotti préfèrent en effet faire des moulinets sur des sujets plus médiatiques pour continuer de passer à la télé.
Il est vrai que rédiger des propositions de loi, ou ne serait-ce que les lire et les comprendre, n’est pas à la portée de tout le monde. Chacun son truc.
Sociétal : appeler un chat un chat
Le moins que l’on puisse dire, c’est que JSF n’est pas tendre avec le communautarisme, ni avec l’islamisme.
A une époque où les politiciens de carrière nous intiment de « vivre ensemble » alors que certains font tout pour que l’on ne puisse même plus à nager ensemble, JSF rappelle que pour résoudre un problème, il faut d’abord poser les termes du débat en appelant un chat un chat. Cela vaut pour les burkinis comme pour les attentats terroristes, dont il n’est pas inutile de rappeler que les premiers sont islamiques et les seconds très souvent islamistes.
D’autres préfèrent continuer de se voiler la face, si je puis dire…
Quel avenir politique pour Joachim Son-Forget ?
Voilà, nous avons terminé notre tour d’horizon du cas Son-Forget, l’un des rares députés que je trouve fort sympathique – mais peut-être ne suis-je que l’énième victime de sa stratégie d’influence basée sur la psychologie cognitive…
Je dois dire que me suis un peu retrouvé dans son parcours puisque je me suis moi aussi intéressé à la politique par « la gauche », avant d’en arriver à des opinions libérales. Nous avons aussi pour point commun d’être tous les deux fans des sarcasmes de @diradefo…
… mais la comparaison s’arrête là, puisque je me suis fait un vilain bleu la dernière fois que j’ai tiré au fusil et que j’ai revendu au bout de quelques mois le seul instrument de musique dont j’ai jamais essayé de jouer.
Au final, il me semble très boiteux de réduire JSF à la figure du « troll de la République », comme l’ont surnommé certains. J’ai tenu à vous parler de lui car il est avec Rafik Smati et Loïc Rousselle la seule personnalité politique française que j’ai entendue faire des propositions libérales au sens authentique du terme, c’est-à-dire en faveur de la défense des droits naturels de chacun (liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression).
Il serait donc fort dommage que JSF quitte comme annoncé la vie politique à l’issue de son mandat de député.
S’il nous réservait une surprise, ce ne serait pas moi qui lui en tiendrais rigueur…