La Chronique Agora

Jerome Powell ne veut pas mourir

L’économie US ne repart pas, et les autorités se préparent à faire passer l’inflation de l’industrie financière… vers l’économie réelle.

Eh bien… à quoi vous attendiez-vous ?

En fin de compte, c’est « l’inflation ou la mort ». Le président de la Fed Jay Powell ne voulait pas mourir.

La semaine dernière, il a mis cartes sur table. Il a déclaré que « les nouvelles données » lui signalent qu’il y a « des incertitudes » et « des inquiétudes quant à la vigueur de l’économie mondiale ».

Bla bla bla…

Dans une économie libre et saine, les marchés estimeraient ces données et enverraient des signaux de prix aux investisseurs, banquiers, prêteurs et épargnants – leur donnant ainsi une mesure claire et honnête de ce qu’il se passe.

Au lieu de cela, dans notre système mûr et dégénéré géré par la Fed, un planificateur central décide lui-même du niveau des taux courts… faussant ainsi le signal de prix le plus important du capitalisme… et corrompant tout l’édifice.

M. Powell a donc fait savoir qu’il était prêt à baisser les taux jeudi dernier. Le Dow a immédiatement grimpé. Sur la même séance, le S&P 500 a franchi le seuil des 3 000 points pour la première fois de son histoire.

Il n’y a pas de vrai boom

Attendez une petite minute… comme nous vous l’avons dit il y a quelques jours, selon la théorie classique du Dow, on n’a pas de signal d’achat clair tant qu’un sommet du Dow Jones Industrial Average n’a pas été confirmé par un sommet du Dow Jones Transportation Average.

Les valeurs du transport – camions, navires et trains – indiquent que les marchandises réelles circulent. Si elles ne circulent pas, il n’y a pas de vrai boom.

Devinez quoi ? Le Dow Transports n’a pas grimpé jeudi dernier. Il a chuté. Les volumes de fret ont en baisse, très probablement parce que l’économie américaine glisse, chute et ralentit.

Les investisseurs ont donc commencé à réaliser qu’une réduction de quelques points de base n’allait pas faire grande différence.

Le S&P 500 s’est éloigné du seuil des 3 000 points. A la clôture, le Dow était encore en hausse… mais pas de manière significative.

L’or s’enhardit

Il y a plus important : l’or semble avoir pu jeter un œil aux cartes de M. Powell ; il s’enhardit.

Alors que le Dow grimpait de 0,29%, l’or a augmenté cinq fois plus : +1,45%. Les autorités n’ont qu’une seule solution pour retarder une correction, l’inflation. Le reste n’est que bluff et bêtises… et les investisseurs aurifères le savent.

Tenter de faire grimper les actions avec quelques réductions du taux directeur ne suffira pas à empêcher l’inévitable.

Pour commencer, la Fed n’a guère de taux à baisser. Elle a maintenu son taux directeur sous le taux d’inflation des prix à la consommation pendant près d’une décennie. Il ne reste plus beaucoup de jus dans ce citron.

Sur CNBC :

« Une réduction des taux d’intérêts par la Réserve fédérale, si elle se produisait, ne mènerait probablement pas à une hausse considérable des actions, a déclaré le stratégiste actions US en chef de Goldman Sachs sur CNBC mardi.

‘Une bonne quantité de cette hausse du marché, selon mon estimation, est déjà derrière nous’, a déclaré David Kostin, de Goldman, durant une interview de Squawk on the Street. »

Morgan Stanley a tiré la bonne conclusion. Comme le rapporte Investopedia :« Mike Wilson, stratégiste actions US en chef et directeur d’investissement (CIO) chez Morgan Stanley a un point de vue encore plus pessimiste. Ses perspectives haussières prévoient un gain de moins d’1% pour le S&P 500 d’ici mi-2020, et ses perspectives baissières prévoient une perte de 7,6%, selon un récent rapport Weekly Warm Up. »

Des mesures désespérées

Quelques points de base en moins de la part de la Fed ne changeront pas ces perspectives. A mesure que le ralentissement se fera plus apparent, les autorités seront de plus en plus désespérées. Elles passeront de l’inflation monétaire à l’inflation budgétaire. C’est-à-dire qu’elles passeront de la Fed au marigot de Washington.

Les candidats démocrates sont déjà sur cette voie. Annuler les dettes étudiantes… toujours plus de dépenses d’infrastructures… dépenses écologiques… « patriotisme économique » – autant de manière de regonfler l’économie.

Nous pensons que M. Trump les dépassera tous, avec des gabegies encore plus énormes.

En d’autres termes, l’inflation passera de l’industrie financière à l’économie réelle… de l’économie financière à l’économie de consommation. Au lieu de gonfler les prix des actions, elle gonflera les prix à la consommation.

Et cela en fera danser certains – sur le marché de l’or.

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