La Chronique Agora

Le Japon, prêt à tout pour relancer sa croissance

▪ Ils ne sont pas très nombreux, les chartistes à avoir anticipé la formation d’une résistance aussi coriace dans la zone des 3 730 points.

Pourtant, le CAC 40 essuie un nouvel échec (le septième en neuf séances) sous 3 730/3 733 points avec des oscillateurs daily et hebdomadaires qui ne savent plus où aller. Les oscillateurs mensuels continuent de pointer en zone de surachat avec un huitième mois de hausse consécutif — ponctués par une seule reprise de respiration en septembre, mais le CAC 40 avait inscrit un plus haut par rapport au mois d’août.

Ce qui étonne (sauf les day traders pour qui la veille ou le lendemain n’existe pas), c’est cette incapacité du CAC à s’extraire de ce corridor de 40 points (1% de volatilité). Voilà un scénario qui n’est pas sans rappeler les 12 séances de stagnation entre 3 630 et 3 680 points du 11 au 28 décembre dernier. Mais 50 points, cela représentait 1,5% de volatilité et le marché somnolait en pleine Trêve des confiseurs.

Les spéculateurs attendent toujours soit le débordement des 3 735 points, soit l’enfoncement des 3 690 points pour prendre un pari directionnel. En fait, une incursion au-delà de 3 665 ou 3 750 points écarterait le risque de fausse sortie en « piège à baissiers » ou de « piège à haussiers ».

▪ Une hausse toujours inexplicable
Le marché présente de nombreuses caractéristiques de bulle, avec un taux d’optimisme historique et un niveau de confiance jamais vu depuis l’été 2007… sans que la conjoncture présente ou future le justifie.

Nous avons le sentiment que le marché est partagé entre deux catégories d’intervenants. Ceux qui se classent dans la catégorie des poissons rouges (ils frétillent dans le courant, ils possèdent, d’après la légende, une mémoire de quelques secondes, mais cela leur suffit largement) et les boas (ils s’enroulent autour de la volatilité pour l’étouffer lentement et se nourrir de la valeur temps).

Les décalages de cours façon « portes de saloon » de Bouygues en disent plus long qu’une théorie chartiste couchée dans un manuel de 200 pages sur la façon dont les choses fonctionnent pour beaucoup de valeurs (non bancaires) depuis une semaine. Jugez plutôt : -3,85%, +2,7%, -2,5%, +2,2% et aujourd’hui -2,3%… voilà pour les dernières oscillations de Bouygues depuis mardi dernier.

De quoi attraper le tournis, le mal de mer… et sa souris pour solder ses positions en attendant de voir se dessiner un scénario graphique qui tienne la route.

▪ Le Japon est prêt à tout pour sa croissance
Là ou il n’est nul besoin de scruter sa boule de cristal ni de scruter l’émergence de divergences cachées, c’est du côté du marché des changes. Le gouvernement japonais veut détruire la valeur de sa devise jusqu’à ce que la croissance revienne, et peu importe ce qu’il va en coûter aux autres.

Mince compensation, la Banque centrale nippone achète n’importe quel T-Bond et n’importe quel Bund pour assurer la décrue de sa devise. Il s’agit du mécanisme bien rôdé du carry trade qui consiste à vendre du yen à découvert (le 10 ans ne rapporte que 0,8%) pour acheter des dettes souveraines qui rapportent le double, et même un peu plus avec les OAT.

L’euro a ainsi continué de gagner du terrain face au yen — il a culminé à 120 ce matin, soit très exactement 20% au-dessus de ses niveaux de la mi-novembre — puis au dollar (la barre des 1,34 a été touchée et l’euro consolide entre 1,3360 et 1,3380 euro).

Au-delà des 1,35 $, l’euro, qui dessine une splendide « tête/épaules » inversée face au billet vert, ne rencontrerait plus le moindre obstacle avant 1,3800 $. Les obstacles, ce sont nos entreprises exportatrices qui les verraient se multiplier.

A propos d’exportations, nous vous avions fait part de notre scepticisme face à la hausse record de 14% des exportations chinoises en décembre. Ce chiffre nous apparaît chaque jour plus singulier alors que les principaux clients (occidentaux) n’enregistrent pas de hausse symétrique de leurs importations. Les statistiques portuaires ne traduisent en rien une explosion du nombre de conteneurs embarqués à destination de l’Europe ou des Etats-Unis.

S’agirait-il d’une statistique à usage interne, histoire de démontrer que la récente transition politique à Pékin s’accompagne d’un coup de chapeau économique… largement virtuel, pour ne pas dire complètement factice ?

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