Des entreprises non profitables semblent ultra-riches… des plans sur la comète attirent même les plus sérieux des investisseurs… et il suffit de promettre de l’argent gratuit pour faire fortune.
Plus la situation s’emballe – dans l’économie et sur les marchés –, plus il y a risque de faute.
Facebook – un gouffre chronophage ! – valait plus de 1 000 Mds$ la semaine dernière. Tesla, une entreprise qui perd plus de 1 000 $ sur chaque automobile construite, n’était pas loin derrière, à 650 Mds$.
Art invisible… NFT… crypto-plaisanteries… MicroStrategy… SPAC…
Un investisseur donne son argent à un SPAC (Special-purpose acquisition company). Le SPAC cherche quelque chose à acheter.
Les cibles sont malignes. Elles connaissent l’histoire. Si le SPAC n’effectue pas d’achats sous deux ans, il doit rendre l’argent aux investisseurs. Suite à quoi les « SPACteurs » perdent de l’argent.
Si un achat se concrétise, en revanche – même s’il est mauvais –, ils touchent 20% du deal, rien que pour l’avoir mis sur pied.
Dans de telles conditions, ne viseront-ils pas tout et n’importe quoi ?
Où sont les profits ?
Un investisseur sérieux ne peut qu’en rire. Il lui faut des faits… des chiffres… des profits !
S’il achète un fabricant de savon, par exemple, il pourrait raisonnablement s’enquérir du nombre de savons vendus l’an dernier par l’entreprise… et pour quelles marges.
Mais le seul fait de poser ces questions le met en porte-à-faux avec toute l’équipe de cinglés mal coordonnés qui constituent le monde financier actuel.
Des profits ? Airbnb, Dropbox, Casper, Blue Apron, Lime, Lyft, Peloton, Pinterest, Slack, Snap, Uber, WeWork, Wayfair, Zillow – aucune de ces entreprises n’est profitable.
Voici les dernières nouvelles de Bloomberg :
« Depuis la fin mars, près de 100 entreprises américaines non rentables, dont GameStop Corp. et AMC Entertainment Holdings Inc., ont levé des fonds par le biais d’offres secondaires, soit deux fois plus que les entreprises rentables, selon les données rassemblées par Bloomberg.
[…] Au cours des 12 derniers mois, près de 750 entreprises déficitaires ont vendu des actions sur le marché secondaire, dépassant les entreprises bénéficiaires à des niveaux qu’on n’avait plus vu depuis au moins 1982, selon les données compilées par Sundial Capital Research. »
Argent gratuit
Au moins trouve-t-on quelques capitalistes qui ont touché le jackpot, avec trois milliards de dollars d’honoraires prochainement versés par le payeur le plus fiable au monde, le gouvernement américain.
Quel est leur secret ? C’est simple. Ils ont installé des sites internet et diffusé des publicités pour offrir de l’argent gratuit. Oui, absolument.
Une pub vue sur Facebook : « De l’argent littéralement gratuit pour ceux qui sont éligibles. »
Qui était éligible ? Tous les Américains ou presque.
Une autre publicité, visible sur des panneaux ou des bus, en disait plus : « Obtenez jusqu’à 50 000 $ grâce au PPP. Inscrivez-vous maintenant. »
Ces deux petites entreprises ont monté un partenariat avec des banques pour distribuer du cash dans le cadre du Programme de protection des salaires (PPP).
Toutes les personnes impliquées ont gagné de l’argent. Les banques ont fait les prêts (garantis par les autorités). Les destinataires des prêts ont obtenu de l’argent sans généralement avoir besoin de le rembourser.
Mais personne n’a gagné plus d’argent que ces deux entreprises, Blueacorn et Womply. Selon une analyse du New York Times, elles ont trois milliards de dollars à se partager.
Attendez… A qui est l’argent qu’elles vont se répartir ?
Oh, cher lecteur, ne posez pas de questions idiotes.
Contentez-vous d’admirer le match.