La Chronique Agora

Investir dans… des vaches laitières ? (2/2)

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Un investisseur bien informé en valant deux, explorons plus en détail ce placement pour le moins original, avec ses avantages et ses risques…

Malgré les contraintes qui pèsent sur la filière lait en France, certains croient en l’avenir de placements dans le secteur. C’est le cas de Sébastien Dumais, directeur général de la société Élevage et Patrimoine, qui propose un placement financier en cheptel bovin.

Nous avons commencé hier notre entretien avec lui pour savoir en quoi consiste cet investissement. Découvrez la suite dès maintenant.

Patrick Coquart : L’investissement ne rapporte pas immédiatement. Il faut attendre que les veaux soient à leur tour productifs ?

Sébastien Dumais : Absolument. L’investissement commence à produire des fruits au bout de 3 ans. C’est pourquoi, nous recommandons une durée de placement de 5 années minimum, et idéalement de 10 ans.

PC : Que se passe-t-il si la vache que j’ai achetée meurt prématurément ?

SD : Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que vous achetez une vache, donc que vous en êtes pleinement propriétaire (certificat à l’appui), mais que les pertes et les gains sont mutualisés. Ainsi, vous ne percevez pas un rendement venant de la vache que vous possédez, mais une part des fruits de l’ensemble du cheptel qui sont donc répartis entre tous les investisseurs.

Pour les pertes, c’est la même chose. Les risques courants d’exploitation sont couverts par une assurance. Les autres risques non assurés et non susceptibles d’être couverts par l’Etat sont mutualisés.

Par conséquent, si la vache que vous possédez meurt, elle est remplacée, et vous continuez à percevoir vos gains comme si de rien n’était.

PC : Question essentielle maintenant : quel est le rendement de cet investissement ?

SD : Sur les dix dernières années, le rendement moyen a été supérieur à 3 %. En 2021, nous avons servi 2,5 %.

A ce rendement, il faut ajouter un avantage fiscal non négligeable, puisque l’investissement est amortissable sur 10 ans et permet de réduire l’imposition. En effet, vous amortissez 10% de l’investissement tous les ans pendant 10 ans, et cet amortissement vient en déduction du revenu net imposable. Par ailleurs, les gains sont considérés comme des bénéfices agricoles (régime micro-BA).

PC : J’imagine qu’il y a des frais ?

SD : En effet, il y a 4% de frais d’entrée et des frais de sortie, au moment de la revente, de 10%.

Il faut ajouter à cela des frais d’enregistrement de 125 € qui sont perçus par l’administration fiscale.

PC : On comprend bien qu’Elevage et Patrimoine doive se rémunérer, mais quel est le travail réellement effectué ?

SD : En dehors du travail administratif qui n’est pas négligeable, comme l’établissement des actes de propriété des vaches, avec leurs numéros d’identification ITEB (Institut technique de l’élevage bovin) ou le règlement des gains aux investisseurs, l’essentiel de notre activité se passe sur le terrain.

Nous avons, en effet, une équipe technique qui recherche et sélectionne les éleveurs partenaires puis contrôle leur travail, notamment pour vérifier que les bovins sont correctement traités au mieux de l’intérêt de leurs propriétaires. L’équipe technique s’assure aussi que les bovins confiés aux éleveurs soient de qualité.

PC : Quel est la taille du cheptel aujourd’hui ?

SD : En ce moment, le cheptel est composé de 30 000 têtes qui sont placées auprès de 900 éleveurs partenaires. Chaque année, environ 2 000 bêtes nouvelles rejoignent le troupeau.

PC : Quels sont les arguments en faveur de l‘investissement en vaches laitières ?

SD : Ils sont nombreux. Indiquons pour commencer qu’il s’agit d’un investissement alternatif qui permet de diversifier ses placements et son patrimoine. Ensuite, je crois que c’est un investissement qui défend notre souveraineté en contribuant à soutenir et à développer l’agriculture française. C’est aussi un placement tangible : les vaches existent bel et bien. Il n’y a pas de titrisation.

PC : Il y a aussi des risques. Quels sont-ils ?

SD : Il y a deux types de risques. Nous avons évoqué le risque de perte en capital lié à des catastrophes non couvertes par les assurances et par l’Etat. Il y a également la possibilité de voir chuter le prix des vaches laitières et de connaître une défaillance en chaîne des éleveurs laitiers. Puis, il existe un risque de liquidité, possible si les investisseurs entrants sont insuffisamment nombreux.

PC : Il semble qu’une nouvelle crise du lait se profile : les éleveurs envisagent des actions à la rentrée car ils estiment que les prix sont aujourd’hui trop bas. Cette situation peut-elle avoir des conséquences sur le rendement du placement en cheptel bovin laitier ?

SD : Nous soutenons les éleveurs dans leurs revendications. Il faut, en effet, qu’ils soient mieux rémunérés, en rapport avec la qualité et la quantité de travail fourni, mais aussi en fonction de l’ensemble des contraintes qu’ils supportent – contraintes qui nous permettent, en France, d’avoir le meilleur lait au monde !

Les éleveurs qui travaillent avec nous, peuvent arrêter leur contrat à tout moment. Nous leur proposons une solution innovante qui leur permet de produire du lait et de payer leur loyer en nature (petites génisses). Nos solutions leur sont donc plutôt favorables.

PC : Il ne me semble pas que vous soyez très nombreux à proposer un tel placement. Pourquoi ?

SD : Nous ne sommes effectivement pas très nombreux sur ce créneau, parce qu’il demande une technicité certaine. Cela dit, ces derniers temps, la presse a fait état de plusieurs arnaques : de nombreux particuliers ont été appâtés par des rendements mirobolants qui n’étaient que virtuels, et ce sont les escrocs qui ont gagné de l’argent en dépouillant des épargnants.

C’est pourquoi, nous avons travaillé ces dernières années à une reconnaissance par l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui nous a placé sur sa liste blanche l’année dernière. Nous sommes très fiers d’être les seuls dans notre domaine à être enregistrés auprès de l’AMF.

PC : Pourquoi restez-vous cantonné aux vaches laitières ? N’avez-vous pas envie d’étendre votre concept à d’autre type de bétail ?

SD : Nous travaillons en ce moment avec l’AMF sur un projet concernant la vache allaitante, afin de compléter notre offre auprès des investisseurs et des éleveurs.

PC : Merci pour le temps que vous avez bien voulu consacrer aux lecteurs de La Chronique Agora !

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Le pire n’est jamais sûr. Une nouvelle crise du lait n’aura peut-être pas lieu. Mais, si elle se produit, il est à craindre que la solution du gouvernement soit la même que celles adoptées par ses prédécesseurs : plus de subventions (90 % des exploitations agricoles en reçoivent) et plus de réglementations.

Nous pensons que cette politique est vouée à l’échec et que l’agriculture française, comme le reste des secteurs d’activité, a surtout besoin de moins de taxes et de moins de contraintes. Elle a aussi besoin d’entrepreneurs et d’investisseurs comme ceux qui placent une partie de leurs économies dans le cheptel bovin laitier. Alors, prêts à diversifier votre patrimoine ?

Si ce placement vous intéresse, vous pouvez contacter la société Elevage et Patrimoine sur son site internet, où se trouvent également ses coordonnées téléphoniques.

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