Tout le monde en veut plus… et tout le monde croit que la Fed en donnera toujours plus. Mais les choses pourraient être en train de changer.
Tout le monde en veut plus : plus de revenus, plus d’argent, plus de ventes, plus de PIB, plus d’emploi et plus de sexe.
Une pandémie, en revanche, entraîne du « moins ». Les gens restent chez eux. Ils arrêtent de gagner de l’argent… et de le dépenser. Le PIB chute. Les débiteurs ont du mal à payer leurs factures.
Les écoles ferment. Les parents doivent désormais rester à la maison eux aussi. Terminé, les voyages d’affaires.
Hier, un investisseur professionnel nous expliquait au téléphone pourquoi une importante conférence internationale venait d’être annulée.
« Ils ont peur que les gens ne viennent pas. »
Lui-même n’y serait peut-être pas allé.
« Tomber malade ne m’inquiète pas. C’est savoir comment rentrer chez moi qui m’inquiète. »
Le secteur du voyage est pris dans les turbulences du Covid-19. Flybe, un opérateur régional européen, a été la première compagnie aérienne à chuter en piqué.
Le New York Times nous en dit plus :
« Des jumbo jets vide arrivant dans des aéroports déserts. Des passagers masqués désinfectant leur propre siège. Des dirigeants de compagnies aériennes regroupés, le visage fermé, autour du président Trump.
Alors que l’épidémie de coronavirus continue de se répandre dans le monde, le secteur de l’aviation souffre.
Les valeurs du secteur aérien ont sévèrement chuté [ces derniers jours], les investisseurs tenant compte de perspectives de vols annulés, de ventes perdues et de substantielles réductions de service pendant des mois. Plusieurs transporteurs – dont United Airlines, JetBlue et Lufthansa – ont annoncé de nouvelles fermetures de lignes ces derniers jours. Un groupement d’acteurs du secteur a déclaré que le coronavirus pourrait effacer entre 63 Mds$ et 113 Mds$ de revenus pour les compagnies aériennes au niveau mondial cette année.
‘Il y a nettement moins de personnes qui volent cette semaine par rapport à la semaine dernière’, a déclaré Nicholas E. Calio, directeur général d’Airlines for America, une organisation commerciale. ‘Les vols sont annulés parce que les gens ne montent pas dans les avions’. »
Des revers inattendus
Dans un monde normal, « moins », c’est ce qu’on a de temps en temps. Les choses ralentissent. Des corrections se produisent. Le système connaît des chocs. Des revers inattendus.
Les incendies nettoient les débris de bois mort sur le sol de la forêt. Les vents violents font tomber les arbres pourris. Les récessions débarrassent l’économie des entreprises qui perdent de l’argent. Les krachs éliminent les spéculateurs imprudents, transférant de précieux capitaux des mains faibles vers des mains plus fortes.
Et les disputes au petit-déjeuner vous rappellent de faire attention où vous mettez les pieds.
Les revers font partie de la vie.
Le coronavirus ne pose pas une menace existentielle à la race humaine. Il semble aussi que les enfants soient épargnés, si bien que l’avenir est assuré. Les personnes en bonne santé, par ailleurs, ont bien plus de chances de survivre que de mourir.
La maladie semble plutôt emporter les arbres décrépits… les vieux, les faibles et ceux dont le système immunitaire est « compromis ».
A la Chronique, nous voyons toujours le bon côté des choses. Nous notons donc que ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose (sauf pour ceux qui y passent).
Cela réduira le fardeau de la Sécurité sociale. Il sera plus facile d’obtenir un rendez-vous chez le médecin, et ça libérera des places de parking en cas de buffet à volonté dans le restaurant du coin.
Le vrai problème, c’est que le coronavirus expose les faiblesses et les mensonges au sein du système tout entier… notamment les fragilités causées par la fausse monnaie.
Merci la Fed !
Dans les faits, les autorités ont compromis le système immunitaire de l’économie entière.
De quoi a-t-on besoin lors d’un revers ? D’épargne. Mais cela fait 10 ans que les taux ultra-bas de la Réserve fédérale pénalisent l’épargne. Naturellement, elle est tombée aux niveaux les plus bas de l’Histoire.
Au lieu d’épargner leur argent, on a encouragé les gens à « l’investir » – ce qui, à son tour, a fait grimper les prix des actifs d’investissement aux plus hauts niveaux de l’Histoire. Or de quoi n’a-t-on pas besoin lors d’un revers ? D’actifs spéculatifs surévalués, bien sûr.
En soutenant les marchés US… et l’économie US… la Fed a donné aux gens l’impression que les revers appartenaient au passé. Quoi qu’il arrive, la Réserve fédérale serait là… juste à temps. « Plus » deviendrait une caractéristique permanente de l’existence.
Chaque fois que le marché boursier tentait de corriger, par exemple, les pompiers de la Fed arrivaient avec des tuyaux géants emplis de « liquidités ».
Et chaque fois que l’économie tentait de reprendre sa respiration, même chose. De l’aide arrivait de la part des autorités, juste à temps.
« Inquiet, moi ? Jamais » est devenu une stratégie d’investissement, où les investisseurs les plus insouciants… ceux qui achetaient les investissements les plus imprudents… gagnaient le plus d’argent.
Est-ce vraiment durable ?
A suivre…