La Chronique Agora

Inflation intentionnelle et guerre perpétuelle

Les gens ne savent jamais ce qui se passe dans une démocratie… Ils se laissent gouverner par des élites qui ne semblent pas pouvoir résister à l’envie de les dépouiller.

Qu’est-ce qui a permis à l’Occident de triompher ?

Les fleuves (qui facilitent le commerce).

Un esprit combatif (être prêt à faire la guerre aux autres).

La diversité (beaucoup de peuples différents avec lesquels faire la guerre).

Le long rifle ? L’artillerie ? L’énergie ? La révolution industrielle ? L’Etat de droit ? La démocratie ?

Toutes ces « raisons » – et bien d’autres encore – ont été proposées. Et qui sait ? Il s’agit peut-être d’une confluence de facteurs. Mais quelles que soient les raisons, les Européens ont conquis l’Afrique, les Amériques, l’Inde, l’Australie et une grande partie du reste du monde… et non l’inverse.

Mais bien sûr, le long parcours de l’histoire suit ses propres schémas. Nous ne les concevons pas et nous ne les contrôlons pas. Nous jouons simplement notre rôle. Nous pensons ce que nous devons penser, et faisons ce que nous devons faire. Et comme un grand fleuve paresseux, les courants du temps continuent leur route.

Aussi robuste qu’ait pu être l’empire de l’Occident à ses débuts, il présente, sous sa forme moderne, des faiblesses évidentes.

Les affaires de l’empire

Alors que tout cela a payé pour les premiers impérialistes européens (en particulier les conquistadors espagnols), les Etats-Unis n’ont jamais vraiment compris le fonctionnement de l’empire. Ils ont conquis, mais n’en ont pas tiré grand-chose. Ils n’ont pas ramené de trésor… ni même, après 1807, d’esclaves à vendre sur le marché libre.

La plupart des projets impériaux ne sont que des moyens cachés de voler les richesses des nations victimes au profit des vainqueurs. Mais le modèle américain était différent, il s’agit plus d’une escroquerie que d’un vol pur et simple. L’entreprise elle-même n’apportant aucun gain net, il s’agit simplement d’un moyen de prendre les richesses des classes moyennes américaines et de les redistribuer aux élites militaires, industrielles, financières et universitaires. Les riches sont devenus plus riches grâce à l’empire, du moins en partie.

Plutôt que d’augmenter les impôts, le gouvernement fédéral a emprunté. Et à mesure que les coûts ont flambé, la dette s’est alourdie. Elle a franchi la barre des 35 000 milliards de dollars. Comme un boulet, le poids de la dette réduit désormais la liberté de mouvement des Etats-Unis. Elle peut réduire ses taux d’intérêt pour lutter contre la récession… mais elle ne peut pas les augmenter pour lutter contre l’inflation.

Et la situation ne fait qu’empirer. Actuellement, la dette américaine augmente d’environ 7% du PIB, soit plus de trois fois plus vite que le PIB lui-même. Il n’est pas difficile de voir où cela nous mène.

Marketwise rapporte :

« ’Les Etats-Unis font faillite’ : Elon Musk lance un avertissement, alors que les intérêts sur la dette américaine représentaient 76% de l’impôt sur le revenu perçu en juin – et devraient dépasser 1,14 billion de dollars cette année. » 

Si l’on ajoute le coût des intérêts au « budget de l’empire » lui-même, le bilan pour 2024 s’élève à plus de 3 000 milliards de dollars, soit plus de 10% du PIB total de la nation.

En fin de compte, l’ampleur de la dette imposera une politique d’inflation intentionnelle, dans laquelle les autorités fédérales tenteront de réduire la valeur de la dette en diminuant la valeur de la monnaie dans laquelle elle est calibrée, le dollar. Dans les conditions actuelles, il leur faudra une inflation d’environ 7% par an pour rester dans la course.

L’autre élément qui a condamné l’empire occidental est son système politique.

La démocratie est un concept louable, mais pas lorsqu’elle est fausse. Elle n’est réelle que lorsque les citoyens savent ce qui se passe et exercent un certain contrôle. C’est ce que disait Aristote il y a 2 300 ans. Lorsque l’on va « au-delà du cri du héraut », disait-il – c’est-à-dire au-delà de la taille d’une petite ville –, la démocratie se transforme en une forme ou une autre de tyrannie.

Les membres d’une famille peuvent voter, par exemple, sur le lieu de leurs vacances. Ils auront leurs préférences et une idée de ce qu’ils devront peut-être abandonner pour les financer. Mais presque personne, y compris les membres du Congrès eux-mêmes, ne sait ce que cachent réellement les lois qu’ils adoptent. Ils n’ont pas non plus la moindre idée des coûts réels.

Au lieu de cela, ils imaginent (à juste titre) que l’obligation sera reportée quelque part dans le futur, sur les épaules de quelques personnes inconnues qui ne votent pas aujourd’hui et qui ne comprendront jamais pourquoi leurs prix augmentent.

La démocratie à grande échelle est une escroquerie. Les gens ne savent jamais ce qui se passe… et, en fait, laissent les élites gouverner, car elles ne peuvent pas s’empêcher de les escroquer.

Tôt ou tard, le peuple se rend compte que les élites le méprisent et profitent de lui. Ils se tournent alors vers des politiciens « anti-système », des « populistes » et des tyrans. Ils exigent un « homme fort » qui promet de les libérer du contrôle de l’élite.

Les gouvernements européens tentent d’apaiser les foules en offrant des services d’éducation, des soins médicaux et des prestations de retraite ; ils fonctionnent presque comme de vastes programmes d’assurance sociale obligatoire.

Pendant ce temps, les Etats-Unis, leader de l’Occident, tentent de rallier leur population à un programme de guerre perpétuelle. A chaque coin de rue et derrière chaque arbre, les Américains voient leur grand empire défié par des esprits maléfiques. Ils doivent relever le défi avec toujours plus de sanctions, plus de bombes, plus d’armes à feu… Homeland Security, NSA, FBI, CIA, Seals, snipers… un avion de chasse F-35 d’une valeur de 2 000 milliards de dollars, et surtout, plus d’argent.

Bien sûr, ils n’ont pas d’argent, donc les dépenses supplémentaires doivent être financées par la dette… ce qui accélère le déclin du pays.

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