La Chronique Agora

L’inflation élevée désormais derrière nous ?

Il est peu probable que la plupart des gens affectés par l’inflation sachent vraiment ce qui a provoqué sa récente flambée.

Au cours des dernières semaines, j’ai écrit sur le fait que de nombreux investisseurs ne parviennent pas à apprécier les progrès réalisés au cours des dernières décennies. Ces progrès vont des droits civiques à l’amélioration du niveau de vie, en passant par des niveaux records de revenus et de valeur nette des ménages.

Les sondages montrent par exemple régulièrement qu’entre la moitié et les trois quarts des Américains ne croient plus au rêve américain.

Les raisons varient.

Certains invoquent la stagnation des salaires et l’augmentation des coûts. D’autres sont pessimistes en raison de l’insécurité de l’emploi. D’autres encore pointent du doigt l’aggravation des inégalités économiques. (L’écart entre les riches et les pauvres s’est considérablement creusé, les richesses étant de plus en plus concentrées dans les mains des 1% les plus riches.)

Cependant, une perspective plus large sur ces questions permet d’atténuer l’anxiété.

Je vais aborder ces trois questions dans les trois prochains articles.

En effet, une fois que vous aurez élargi votre perspective, vous deviendrez probablement plus optimiste à l’égard de l’économie et de vos propres perspectives financières.

Commençons aujourd’hui par la stagnation des salaires et l’augmentation des coûts…

Nous venons de traverser une période où l’inflation a atteint les niveaux les plus élevés en 40 ans, même si elle s’est récemment rapprochée de l’objectif annuel de 2% fixé par la Réserve fédérale.

Les prix élevés sont difficiles à supporter pour les consommateurs, en particulier ceux qui se situent dans les tranches de revenus les plus basses et qui ont du mal à payer les coûts croissants des produits de première nécessité tels que les produits alimentaires, l’essence et l’électricité.

Bien que le Census Bureau ait indiqué que le revenu médian des ménages corrigé de l’inflation a récemment atteint 80 610 dollars, cela n’a fait que ramener le pouvoir d’achat des consommateurs au niveau où il se trouvait en 2019.

Cinq années de baisse ou de stagnation des revenus suffisent à rendre le rêve amer.

Toutefois, il est important de comprendre qu’il s’agit d’une aberration à court terme, et non d’une tendance à long terme.

Examinons d’abord les raisons de la flambée des prix.

Lorsque la pandémie de COVID a frappé, les gouvernements du monde entier ont réagi de manière excessive.

Au lieu de prendre des mesures énergiques pour protéger les plus vulnérables (principalement les personnes âgées et celles souffrant de maladies préexistantes), ils ont fermé une grande partie de l’économie mondiale. Cela a fortement réduit l’offre de produits dont tous les consommateurs ont besoin. (Ce qui a entraîné une ruée massive sur le papier hygiénique, entre autres.)

Quiconque a suivi des cours d’économie de base sait que lorsque la demande reste constante et que l’offre diminue, les prix augmentent.

L’offre a effectivement baissé. Mais la demande n’est pas restée constante, elle a augmenté.

Afin de soulager les difficultés causées par le COVID, les responsables politiques du monde entier ont ajouté des milliers de milliards de dollars à leurs déficits déjà considérables. Cet excédent de liquidités dans les poches des consommateurs a stimulé la demande. Cela a également contribué à la hausse de l’indice des prix à la consommation.

Pour couronner le tout, les banques centrales du monde entier ont décidé de laisser l’inflation s’emballer pendant la pandémie et ses suites immédiates en maintenant les taux d’intérêt à court terme à un niveau proche de zéro.

Ces trois facteurs – l’arrêt de la chaîne d’approvisionnement mondiale, des dépenses déficitaires de plusieurs milliers de milliards et des taux d’intérêt nuls – se sont combinés pour nous donner temporairement une inflation très élevée.

Mais ces trois facteurs, ou du moins deux d’entre eux, sont désormais derrière nous.

L’économie mondiale tourne à nouveau à plein régime. Les banques centrales ont relevé leurs taux d’intérêt pour lutter contre la hausse des prix. (Et les déficits de plusieurs milliers de milliards ont cédé la place à des déficits de « seulement » un ou deux milliers de milliards de dollars. Cela reste un problème avec lequel il faudra vivre.)

Si la hausse des prix s’est modérée, ce n’est pas le cas des prix eux-mêmes.

Lorsque les coûts augmentent autant – et qu’il faut cinq ans à un ménage pour gagner les revenus nécessaires pour y faire face –, il n’est pas difficile de comprendre la frustration des consommateurs.

Il est peu probable que la plupart des gens affectés par l’inflation sachent vraiment ce qui a provoqué sa récente flambée ou comprennent qu’elle a été causée par des circonstances inhabituelles qui sont pour la plupart derrière nous aujourd’hui.

Par conséquent, de nombreux investisseurs sont pessimistes quant à l’avenir des pays occidentaux. C’est particulièrement vrai s’ils s’inquiètent de la sécurité de l’emploi.

Après tout, si les coûts augmentent, que les revenus sont à la traîne et que vous ne savez pas si vous aurez encore un emploi dans quelques mois, il est tout à fait naturel de se sentir pessimiste.

Pourtant, la plupart des gens devraient être optimistes.

La forte inflation est derrière nous. L’insécurité de l’emploi est une réalité de la vie et – de manière contre-intuitive – un effet secondaire de ce qui fait des pays occidentaux des économies aussi dynamiques.

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