La Chronique Agora

Impressionnant : l'or pulvérise son record en euro (2)

La Grèce est clairement derrière la faiblesse actuelle de l’euro, disions-nous hier — aujourd’hui, nous voyons qu’elle n’est de loin pas la seule…

En clair et sans décodeur, la Grèce, c’est la petite pointe de l’iceberg…
Et juste derrière la Grèce, vous avez l’Espagne et la France. Oui, je dis bien la France. Et là, on change clairement de dimension. On sort de la catégorie poids plume et on plonge dans la catégorie poids lourd. Car la dette de ces deux pays représente un tiers du PIB de la Zone euro.

Une autre dimension…

Les comptes de la France aussi troubles que ceux des banques ?
Pendant que j’y suis, permettez-moi une petite digression. Quand on parle de la dette française, quelque 1 500 milliards, plus de 80% du PIB français, on oublie systématiquement les engagements hors bilan. Le paiement à venir des retraites des fonctionnaires… Elle est pourtant sûre et certaine, cette dette…

Eh oui, l’Etat français, c’est un peu comme les banques… il y a des choses énormes qu’on ne voit pas dans nos comptes… mais qui sont là. Ces dettes, il faudra les payer aussi. De mémoire, ces engagements s’élèvent à plus de 1 000 milliards d’euros. Ce qui monte notre dette réelle à quelque 2 500 milliards d’euros. 140% du PIB. Je vous laisse méditer.

Si les agences de notation Fitch et Moody’s savaient… la note de notre signature souveraine serait immédiatement dégradée. Le monde s’écroulerait autour de nous…

Restons donc dans nos illusions…

Vous voulez que je vous dise ?
J’ai bien l’impression que ce que jouent les investisseurs en poussant l’euro à la baisse, ce n’est pas tant le risque grec de faillite que la survie pure et simple de l’euro.

C’est son premier grand test depuis sa naissance. Les dirigeants de la Zone euro vont devoir nous montrer qu’ils peuvent dépasser leurs contradictions internes, passer outre toutes les incohérences inhérentes à l’euro et à la "diversité économique, monétaire, fiscale et budgétaire" des pays membres.

Maintenant, j’ai une question à vous poser
Si vous étiez la Chine. Assise sur un tas de 2 400 milliards de dollars de réserves de change, dont la part en or ne s’élève qu’à 2%. Que feriez-vous de vos réserves ?

Achèteriez-vous du dollar ? Dont la valeur à long terme est vouée à se déprécier ?

Achèteriez-vous de l’euro ? Qui souffre de ses incohérences et dissensions internes ?

Non…

Je serais la Chine, j’achèterais de l’or physique. D’ailleurs, c’est qu’elle fait. C’est ce que tout le monde fait ! Même Poutine est en train de se constituer en douce un énorme stock d’or, officieux (qu’on ne pourra pas évaluer).

Endettement des Etats = perte de confiance dans les monnaies = dépréciation des monnaies papier = hausse potentielle de l’or, actif tangible et valeur refuge.

Je pense sincèrement que nous n’en sommes qu’au tout début de l’histoire
Quelle histoire ? L’histoire de la plus grosse bulle de dettes et déficits étatiques de tous les temps. Nous sommes très loin d’être sortis de l’auberge.

Et croyez-moi, en bout de chaîne, si les choses devaient mal se passer, si d’autres Etats devaient avoir du mal à se refinancer sur les marchés et ne pouvaient ainsi faire face à leurs engagements, il n’y a que la Chine qui pourrait les sauver.

Nous serions alors confrontés à un problème d’un nouveau genre. Il ne serait plus seulement économique et financier, mais aussi politique, diplomatique, géostratégique. Je vous laisse imaginer le tableau…

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