▪ Est-il temps d’acheter des actions… et de vendre l’or ? Non… même si vous pensez que les actions vont encore grimper… et que l’or va encore chuter… ce n’est pas une bonne idée.
Parce qu’on ne parie pas sur ce qu’on pense qu’il va se passer. On parie là où les probabilités sont les meilleures. Avec plus de cash et de crédit de la part de la Fed, une nouvelle hausse des actions est peut-être probable. Mais elle n’est pas garantie. Et elle n’est pas solide. A quelques exceptions près, on n’achète pas de bonnes entreprises à bon prix en ce moment. On spécule sur ce que va faire la Fed… et l’effet que ça aura.
Si l’on parie sur une hausse des prix et qu’on gagne… il reste quand même un problème : comment sortir avant tout le monde.
Et si l’on se trompe… on peut perdre gros.
Notre analyse maison nous dit que les actions valent près du double de leur "juste valeur". Cela ne signifie pas qu’elles ne vont pas grimper. Cela signifie que vous payez trop cher pour ce que vous avez.
Nous préférons payer peu et avoir beaucoup… que les prix grimpent ou non.
Mais certaines personnes pensent que quoi qu’on paie pour les actions, elles finiront par le valoir. Parce que les choses vont de mieux en mieux.
Tyler Cowen est un homme intelligent. Il a écrit un petit livre intitulé The Great Stagnation, qui soulignait que les Américains ne font pas aussi bien que leurs parents et grands-parents — du moins en termes de progrès matériel.
▪ C’est la fin des fruits faciles…
Son explication ? Ils avaient déjà "ramassé les fruits faciles à atteindre". Cela nous semblait raisonnable — et nous a inspiré l’écriture d’un livre expliquant pourquoi c’est le cas et ce que ça signifie (il sera publié… dès que nous aurons trouvé le temps de le finir).
C’est plus précisément la fin du livre qui nous a fourni le motif, parce que nous y avons découvert que si l’analyse économique était une autoroute… nous ne voudrions pas y être en même temps que M. Cowen rentrant du bureau.
Il décrit correctement comment, durant la première moitié du 20ème siècle, les investissements dans l’éducation, la santé, la technologie, les infrastructures et ainsi de suite, ont été fructueux. Il y avait plus de diplômés. Les gens vivaient plus longtemps. La productivité et la production augmentaient. C’était là les fruits faciles dont il parlait.
Durant la deuxième moitié du 20ème siècle — après 1980, en gros –, nous avons continué à faire des investissements dans tous ces domaines. Mais le rythme du progrès a ralenti. Nous savions toujours où nous voulions aller. Simplement, nous ne sommes pas arrivés bien loin. Les étudiants ne réussissaient pas mieux qu’en 1960. Les coûts de la santé ont grimpé sans que les résultats sur les patients soient visibles. Le taux de croissance du PIB a ralenti… et les salaires ont atteint un pic en 1970.
Dans la dernière partie du livre, il y a un chapitre intitulé "Pouvons-nous réparer les choses ?" Et là, M. Cowen fonce dans un platane. Il semble penser que l’histoire économique est le produit d’efforts conscients de la part de personnes intelligentes et bien intentionnées. Si c’est le cas, qu’est-ce qui n’allait pas avec les gens dans les années 80 et 90 ? N’étaient-ils pas aussi intelligents et bien intentionnés que durant la première moitié du siècle ?
L’auteur fait quelques suggestions pleines de bonne volonté : il recommande par exemple d’être aimable les uns envers les autres, d’améliorer le système éducatif et d’"augmenter le statut social des scientifiques". Il suggère même que "l’intérêt pour les sciences et l’ingénierie en Inde et en Chine" est "une tendance favorable". Dans notre exemplaire du livre, qui date de 2011, nous trouvons cette annotation écrite de notre main : "quoi ?" N’y avait-il pas beaucoup plus d’ingénieurs et de scientifiques à la fin du 20ème siècle qu’au début ? Quel était leur défaut ?
Le pauvre M. Cowen ne comprend pas sa propre métaphore. Ce n’est pas en faisant plus d’efforts qu’il y aura plus de fruits faciles à attraper. Nous allons devoir lever les bras plus haut… ce qui coûtera plus cher… et réduira le taux de rendement marginal. En d’autres termes : le rythme du progrès va diminuer… peu importe que nous soyons gentils ou non.