La Chronique Agora

Il souffle un vent mauvais

inflation, Argentine, agriculture

Un embouteillage au beau milieu des montagnes de l’Argentine peut très bien vous renseigner sur l’avenir des économies « développés ». Le point commun : l’inflation.

Nous avons passé le week-end à travailler gaiement sur notre petite chapelle. La maçonnerie est réalisée en terre : des briques en terre séchée et du mortier en terre.

Cette terre vient d’une colline à proximité… puis elle est mélangée à de l’eau et parfois de la paille.

C’est un plaisir de travailler avec de la terre. Si cela ne tourne pas comme vous le souhaitez, il suffit de défaire, d’ajouter de l’eau et de remélanger.

La menuiserie est plus compliquée. Nous avons monté une charpente en berceau  avec – bien entendu – les lames de bois d’un vieux baril de vin. Nous ne faisons pas dans la menuiserie d’exception.

Mais une fois que tout sera recouvert de joncs et de boue, nous pensons que cela tiendra. Nous verrons ce que cela donne. Restez à l’écoute.

En attendant, nous tentons de prendre du recul…

Premièrement, nous remarquons que les prix augmentent… comme il se doit.

Les banques centrales du monde entier ont injecté environ 25 000 Mds$ de liquidités, depuis 2007. Alors à quoi pouvait-on s’attendre ?

Selon Breitbart :

« En février, les biens de consommation et services ont coûté aux Américains 6,4% de plus qu’il y a un an, selon les dernières données publiées par le gouvernement américain.

L’indice des prix à la consommation a grimpé plus que prévu, et signale que l’inflation a accéléré, par rapport au taux annuel de 6% enregistré en janvier. Il s’agit du rythme d’augmentation des prix le plus rapide jamais enregistré depuis 1982. »

A court terme, la hausse des prix pourrait s’atténuer un peu, mais à long terme, de nouvelles hausses semblent inévitables. Le fait que le coût des produits de base augmente garantit presque toujours, désormais, que les prix des produits finis augmenteront plus tard.

Plans ruineux et autres arnaques

Nous avons visité quelques grandes exploitations agricoles, à l’est de la province de Salta, la semaine dernière, à environ 6 heures de voiture de chez nous.

Cela ressemble plus au Kansas (des champs à perte de vue) qu’au Nevada (principalement désertique), et c’est très différent de ce que nous avons l’habitude de voir. De plus, bien que les terres agricoles y soient « marginales » par rapport aux terres fertiles et bien irriguées entourant Buenos Aires, elles sont tout de même très productives.

L’agriculture est le secteur le plus rentable du pays. Et, comme c’est là que se trouve l’argent, c’est également vers là que se tourne le regard des politiciens, pour financer leurs plans ruineux et arnaques.

Et l’un de ces plans ruineux s’est étalé sous nos yeux, pendant le trajet. En traversant une petite ville agricole toute poussiéreuse, nous avons stoppé net. Un embouteillage – essentiellement composé de gros camions transportant des céréales et du carburant – s’était constitué devant nous.

« Que se passe-t-il ? », avons-nous demandé à nos compagnons.

« C’est une manifestation… Ils ont bloqué la circulation. Ils le font tout le temps, à Buenos Aires, mais c’est la première fois que je le constate ici. »

La police était déjà sur place.

« Ils vont probablement nous faire attendre un moment, pour donner aux manifestants l’opportunité de s’exprimer. »

Nous sommes descendus de voiture, pour voir de plus près. Les manifestants portaient des gilets rouges et agitaient des drapeaux rouges. En gros, ils se plaignaient que l’inflation – qui est de 50% par an, ici – avait réduit le pouvoir d’achat réel, sur l’argent qu’ils gagnent.

Mais c’est un argent spécial, qu’ils perçoivent de « planes » (ou plans, en bon français), mis en place par le gouvernement socialiste il y a vingt ans. Ces planes relèvent en partie de la prestation sociale et en partie du revenu minimum universel.

Les versements sont affreusement bas. Mais, dans cette partie du pays, où beaucoup de gens vivent dans des huttes de terre, c’est suffisant pour subsister. Ppar conséquent, énormément de gens ne travaillent pas.

« C’est triste, ce qui s’est passé », m’a dit un vieil ami, lorsque nous sommes retournés chez nous, dans la vallée de Calchaqui. « Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de mères célibataires, ici. Aucune. Il fallait deux personnes – une famille – pour survivre. Bien entendu, les couples ne s’entendaient pas toujours, mais ils devaient surmonter leurs différences. Et ils s’en sortaient mieux, à mon avis. Mais, désormais, les femmes reçoivent de l’argent du gouvernement en fonction du nombre d’enfants qu’elles ont. Elles dépendent du gouvernement, pas de leur mari. Et le gouvernement dépend de leurs votes pour rester au pouvoir. »

Dans tout le pays, seuls 40% des gens, environ, travaillent et paient des impôts. Les autres subsistent grâce à ces « planes » et/ou des petits boulots informels non déclarés. (Les Etats-Unis se rattrapent rapidement, à cet égard, dans la mesure où seuls 43% de l’ensemble des contribuables ont payé l’impôt fédéral, l’an dernier).

« Une fois que l’on s’est engagé dans cette voix », nous a dit notre compagnon, « c’est une lente dégringolade. La politique prend le relais. Les gens obtiennent de l’argent grâce à la politique et non à leur travail. Et ils pensent pouvoir en obtenir davantage en recourant à la politique. En manifestant. En compliquant le déroulement des activités. En bloquant la circulation. En harcelant ceux qui ne les suivent pas. Et ils ont raison. C’est ainsi que cela fonctionne. Le gouvernement réagit à la pression politique, à tort ou à raison. Et pas en fonction de ce qui améliorerait la situation des gens. »

Alors, jusqu’où va cette dégringolade ?

Ces derniers jours, on nous a proposé d’acheter de bonnes terres agricoles en Caroline du Nord, au prix de 7 500 $ l’acre [NDLR : 0,40 ha environ].

Ici, une acre vaut 1 200 $. Nous ne prétendons pas que cette comparaison soit précise ou significative. Il faudrait réaliser une analyse bien plus poussée.

Mais, selon nous, cela montre ce que peut faire subir un gouvernement déterminé à la valeur de son actif le plus productif.

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