** Au risque d’affirmer une évidence : les choses tournent mal. Acheter des actions n’est plus aussi drôle que ça l’était autrefois.
– Le pétrole brut, l’enfant terrible des marchés financiers, peut se vanter de ne pas être responsable des variations du prix des actions ces derniers jours. Le prix du brut a à peine bougé. Malheureusement, le prix des actions Fannie Mae et Freddie Mac a beaucoup bougé… et plutôt vers le bas. Fannie a chuté de 13% tandis que Freddie dégringolait de 24%. Alors que ces deux indicateurs tombaient de plus en plus bas, le reste des marchés a suivi.
– La cause immédiate de cette raclée dans le secteur financier a été la nouvelle selon laquelle Fannie Mae avait payé un taux d’intérêt record (par rapport aux rendements des T-Bonds) pour vendre trois milliards de dollars de nouvelles obligations à deux ans. Dans le langage du marché obligataire, Fannie a payé 74 points supplémentaires par rapport aux T-Bonds — ou triplé le spread payé il y a deux ans. 74 points de base au dessus du bon du Trésor n’auraient pas valu qu’on en fasse un article, si ce n’est que les investisseurs ont passé la majeure partie des deux dernières décennies à croire que les obligations de Fannie et Freddie étaient "aussi saines que des T-Bonds".
– Maintenant que cette idée naïve commence à s’éroder, les investisseurs craignent que Fannie et Freddie ne soient même pas aussi sains que Countrywide. Sans le soutien implicite du gouvernement américain, Fannie et Freddie ne ressemblent guère aux crédits notés AAA qu’ils prétendent être. De fait, l’ancien président de la Réserve Fédérale de Saint Louis, William Poole, dit de ces deux prêteurs qu’ils sont "insolvables". Comme l’expliquait Poole avant-hier, Freddie doit 5,2 milliards de dollars de plus que ce que ses actifs valent.
** "Le Congrès [US] se doit de reconnaître que ces entreprises sont insolvables", a affirmé Poole, "il permet à ces entreprises d’exister en tant que bastions de privilèges, financés par les contribuables". Beaucoup d’investisseurs du secteur privé semblent être d’accord avec l’affirmation de Poole, puisqu’ils font baisser la valeur des actions de Fannie et Freddie et font grimper le coût de l’assurance contre la faillite obligataire de chacune de ces entreprises.
– Fannie et Freddie ne sont peut-être pas insolvables, malgré les affirmations de Poole, mais ils ont en tous cas de gros problèmes. Puisque les deux entreprises détiennent chacune des milliers de milliards de dollars de prêts hypothécaires, équilibrer l’actif et le passif n’est pas chose facile. Un petit coup d’un côté et vous avez une institution financière "adéquatement capitalisée". Mais un petit coup de l’autre et vous allez droit au dépôt de bilan.
– Nous savons une chose : Fannie et Freddie sont des sociétés qui présentent un effet de levier colossal. Les deux entreprises vivent sur le fil du rasoir, entre la prospérité et la catastrophe. Cela a toujours été le cas. Tant que le prix des maisons montait, un effet de levier extrême ne posait aucun problème. En réalité, c’était même un avantage. Mais maintenant que le marché immobilier implose, ce levier extrême pose un problème extrême.
– Une grande quantité de levier n’est presque jamais une bonne chose, mes amis… particulièrement quand les actifs sur lesquels cet effet de levier est basé perdent rapidement de la valeur. Même dans les conditions actuelles, nous doutons que Fannie et Freddie périssent. Mais nous sommes convaincus qu’ils vont devenir deux des ajouts les plus récents et les plus importants au budget fédéral américain. Toute mission de sauvetage de Fannie et Freddie nécessitera une certaine forme de "re-liquéfaction monétaire" — également connue sous un autre nom : "impression de dollars". Plus ces deux prêteurs hypothécaires gargantuesques se rapprochent de l’insolvabilité, plus nous, investisseurs, devrions vendre des dollars et acheter de l’or… C’est du moins la meilleure idée que nous ayons.