La Chronique Agora

IA, or et guerre nucléaire (2/2)

Le rallye aurifère auquel nous avons assisté ces six derniers mois ne fait que commencer…

Comme nous l’avons vu dans notre précédent article, le monde est passé très près de la troisième guerre mondiale et d’un holocauste nucléaire en raison d’une mauvaise perception des intentions américaines de la part de la Russie.

Ce n’est que lorsqu’un général américain a décidé de ne pas aller vers l’escalade, face aux préparatifs soviétiques d’une première frappe, que le conflit s’est désamorcé et que la crise a fini par se résorber.

Du côté américain, il a fallu attendre la publication en 1990 d’une étude intitulée The Soviet War Scare par le President’s Foreign Intelligence Advisory Board (PFIAB) pour que la vérité soit révélée.

Menaces de guerre nucléaire : de l’or à revendre

Cette étude était à l’origine classée à un niveau supérieur à TOP SECRET. (La plupart des citoyens pensent que le niveau TOP SECRET est le niveau de classification le plus élevé. Mais il existe des codes d’accès secrets qui limitent la circulation de certains documents, même parmi les personnes autorisées à accéder au niveau TOP SECRET.)

Dans le cas de la peur de la guerre soviétique, ces restrictions portaient les noms de code UMBRA, GAMMA, ININTEL, NOFORN, NOCONTRACT, ORCON. Je ne peux pas parler de mes propres informations TOP SECRET, mais je peux vous informer que très peu d’agents de renseignement auraient été en mesure de consulter le rapport du PFIAB sur la base de ces restrictions.

Quel est donc le rapport avec l’or ?

Dans The Soviet War Scare, on trouve ce passage sur l’évaluation par les Etats-Unis des besoins de collecte du KGB en cas de guerre nucléaire potentielle :

« Besoins en matière de collecte VRYAN – Au début des années 1980, les besoins VRYAN constituaient la priorité numéro un (et urgente) en matière de collecte pour les services de renseignements soviétiques… Ils étaient chargés de collecter la surveillance des flux d’argent et d’or à Wall Street ainsi que les mouvements de bijoux de haute qualité, de collections de peintures rares et d’autres objets similaires. (Ces informations étaient considérées comme des informations géostratégiques utiles). »

Les Etats-Unis ont donc estimé que le KGB suivait les mouvements de l’or en tant qu’indicateur avancé d’une attaque nucléaire.

Je n’ai pas trouvé cela tout à fait surprenant.

De 2004 à 2010, j’ai été codirecteur d’un projet de la CIA appelé « Project Prophesy », qui examinait l’activité des marchés financiers comme un signe avant-coureur d’une attaque ennemie. L’or était l’un des actifs de valeur figurant sur notre liste d’éléments à suivre. L’idée était que, si un général ou un dirigeant politique était informé à l’avance d’une attaque, il convertirait sa fortune en or afin de pouvoir survivre financièrement aux retombées.

En fin de compte, ces rapports de renseignement et ce système d’intelligence artificielle ne sont pas de l’histoire ancienne. Aujourd’hui, le monde est plus proche de la guerre nucléaire qu’il ne l’a jamais été depuis 1983. L’or a de nouveau le vent en poupe, puisqu’il est passé de 1 830 dollars l’once le 5 octobre 2023 à plus de 2 400 dollars aujourd’hui. Cela représente un gain de 31% en six mois.

S’agit-il d’une coïncidence ? Pas du tout. Cette corrélation étroite entre les gains énormes de l’or et les menaces sérieuses de guerre nucléaire est exactement est parfaitement logique.

Malheureusement, ces menaces de guerre nucléaire ne sont pas près de disparaître. Il suffit de penser à l’attaque iranienne contre Israël le week-end dernier et aux possibilités d’escalade. Les situations en Ukraine, en Russie, à l’OTAN, à Gaza, dans la mer Rouge et sur le canal de Suez révèlent également que le monde est plus dangereux qu’il ne l’a jamais été depuis des décennies.

C’est une mauvaise nouvelle pour le monde, mais une bonne nouvelle pour les investisseurs qui détiennent de l’or. Le rallye auquel nous avons assisté au cours des six derniers mois ne fait que commencer…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile