▪ Voilà une semaine atypique ! Un repli hebdomadaire de 1%, c’est d’une banalité affligeante. Toutefois, ce n’est pas le score global qui marque les esprits : les opérateurs soulignent l’instabilité tout à fait singulière des cours depuis l’entame du mois de mai.
Le CAC 40 nous a habitués depuis deux ans à des hausses ou des baisses linéaires pouvant perdurer de quatre à six semaines (et même jusqu’à sept).
L’indice enregistre cette fois pas moins de six inversions de tendance en l’espace de sept séances, pour un score de clôture qui est très proche de celui observé au soir du 4 mai.
L’analyse optimiste d’un tel scénario consiste à se féliciter que le CAC 40 préserve au final les 4 010 points et donc la MM 100 (3 995 points). La version pessimiste tiendra compte d’une série assez singulière d’échecs sous 4 068 points — une résistance correspondant au zénith du 8 avril dernier.
Plus troublant encore, cette séance de vendredi a constitué (vague pour vague, heure par heure) l’exacte symétrique de la veille, avec une ouverture positive de 0,6% et un gain qui a rapidement atteint 1% (à 4 068 points au plus haut du jour).
Les indices ont ensuite replongé dans le rouge (comme s’il s’agissait de la réplique de la séance de lundi) pour en terminer sur un repli de 0,8% en moyenne. C’est le CAC 40 qui s’en sort le mieux au sein de la Zone euro avec une perte limitée à 0,1%.
Il faut souligner que les fondamentaux étaient franchement du côté des acheteurs à Paris, vendredi matin. Il y a une croissance du PIB inespérée de 1% pour la France, de 1,5% pour l’Allemagne et de 0,8% pour l’ensemble de la Zone euro.
Malgré tout, rien à faire : Francfort a terminé en repli de 0,6%, Amsterdam a lâché 0,75% et Madrid a chuté de 1,2%. Cette baisse est liée à la crainte de voir la récession portugaise (-0,7%) contaminer l’économie espagnole qui se redresse laborieusement.
Cependant, ce n’est pas le Portugal qui a pesé sur les places du nord de l’Europe. Alors que Wall Street avait contribué à la réduction des pertes du CAC 40 la veille, c’est l’inverse qui se produisait vendredi puisque le S&P creusait ses pertes à 0,6%. Le Nasdaq affichait -0,8% au moment de la clôture des places du Vieux Continent, avant de fléchir de -1% à mi-séance.
Les causes du rebond de la veille (d’ampleur symétrique) n’étaient pas très évidentes. Certains ont évoqué le rebond du pétrole, ainsi que les bons résultats de Macy’s. Les causes justifiant la rechute survenant ce vendredi étaient pour leur part encore moins évidentes.
▪ Les chiffres américains du jour ont été de bonne facture avec des prix à la consommation aux Etats-Unis qui ont progressé de 0,4% en avril par rapport à mars (+0,5%). L’indice core rate, hors alimentation et énergie, est ressorti en hausse de 0,2% (contre 0,1%).
La vraie bonne surprise du jour provenait du net rebond de l’indice de confiance du consommateur d’après l’enquête de l’université du Michigan. Son baromètre grimpait à 72,4 pour le mois de mai (estimation préliminaire) contre 69,8 en avril, alors que les économistes anticipaient en moyenne un chiffre voisin de 71.
Il faut croire que Wall Street n’aime pas les bonnes nouvelles. Il suffit de se rappeler la clôture négative des indices américains quelques heures après l’annonce de la mort de Ben Laden le lundi 2 mai.
▪ Sur le front des devises, l’euro continuait de glisser (-0,5% à 1,4160 $) — ce qui crée une situation potentiellement délétère suite à la perte de contact avec l’ex-résistance des 1,425 $.
La hausse du dollar s’accompagne de la rechute symétrique du prix du baril sous les 97,5 $ (-1,5%) après le test des 100 $ à la mi-journée. Wall Street a démontré sa vulnérabilité (et son arrimage très étroit) à l’évolution des matières premières depuis 10 jours. Ceci est d’autant plus vrai depuis les relèvements successifs des dépôts de garantie sur le Chicago Mercantile Exchange.
La correction a été soigneusement orchestrée. Elle n’est pas forcément le reflet d’une aversion au risque, mais elle démontre la volonté des autorités d’éloigner le bol de punch, alors que la fête semblait trop folle.
Cela signifie-t-il qu’une main (pas très) invisible va s’employer à décimer les (trop nombreux) acheteurs après avoir laminé les vendeurs ? Un VIX tombé vers 16 jeudi en témoignait.
C’est tout l’enjeu de la semaine qui débute, sur fond d’incertitude grandissante quant à la solvabilité des Etats périphériques européens, mais également des Etats-Unis.