La Chronique Agora

Après tout, la Grèce pourrait aussi dire au FMI d'aller se faire cuire un oeuf

▪ La Grèce n’est qu’une économie parmi d’autres, et pas particulièrement une grande économie, bien que ce qui arrive là-bas importe certainement pour les Grecs. Mais les problèmes de la Grèce deviennent des problèmes mondiaux du fait de la connectivité du secteur bancaire mondial, qui est bien un autre effet de globalisation (la globalisation de la finance).

Bon nombre de banques européennes possèdent de la dette grecque. Et beaucoup de banques mondiales possèdent de la dette des banques européennes. L’os de l’orteil est connecté à celui du nez, pour paraphraser Bill Bonner (ci-dessous). C’est pourquoi les décideurs à la Banque centrale européenne sont déterminés à empêcher une restructuration de la dette grecque. Ce n’est pas parce que les agences de notations considèrent une restructuration comme un défaut de facto.

C’est parce que si la Grèce restructure sa dette et oblige les créditeurs à prendre leurs pertes sur les bons (de la manière la moins obligatoire, naturellement), un précédent aura été fixé pour toutes les autres banques et tous les autres émetteurs de titres de dettes souveraines en difficulté en Europe. Certes, tout le monde ne fera pas faillite mais tout le monde restructurera et, ce faisant, le capital de beaucoup de banques européennes, y compris la BCE elle-même, partira en fumée.

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« La Grèce pourrait avoir un effet contagieux », a déclaré le vice-président de la BCE Vitor Constancio à Francfort la semaine dernière. « C’est la raison pour laquelle nous sommes contre tout sorte de défaut avec des décotes et contre toute forme d’événement du secteur privé qui pourrait conduire à un événement de crédit ou un événement de notation ».

▪ « L’événement de crédit » serait encore pire pour les marchés. L’événement de notation n’est qu’un détail. Ce qui est véritablement intéressant c’est de savoir si l’Europe encaissera toutes ces pertes aujourd’hui… ou bien remettra cela à plus tard et tolérera un euro beaucoup plus faible dans le processus. Mais remettre à plus tard signifierait plus de prêts pour la Grèce et les autres par la BCE et peut-être des achats massifs d’obligations avec du nouveau cash (monétisation de la dette).

Les Européens doivent rapidement se reprendre. La cinquième partie du prêt accordé par le Fonds monétaire international à la Grèce est due à la fin de ce mois. Mais le FMI, de par ses propres règles, n’a pas le droit de donner cet argent si la Grèce n’a pas déjà la valeur d’un an de financement au moment où le FMI est prêt à donner l’argent. Sans cet argent, le gouvernement grec a environ six jours de liquidités disponibles avant de faire faillite.

La méta-histoire ici est que tout ce que les banquiers centraux ont fait depuis 2007 a été conçu dans le but d’empêcher une réelle mise à plat des comptes. Cette mise à plat n’est ni morale ni philosophique. Elle est financière. L’économie mondiale s’est retrouvée avec trop de dette improductive sur les bras. Il est difficile de servir les intérêts de cette dette (la mondialisation a rogné les recettes fiscales, les revenus moyens ayant chuté) et elle ne sera sans doute jamais remboursée.

A la BCE, tout le monde doit savoir cela. Pourquoi alors prétendent-ils le contraire ? La réponse évidente est : pour empêcher un effondrement systémique et la chute de l’euro. Les enfants malades de l’Europe — en termes de dette et d’économie — pourraient être obligés d’avoir recours à une sorte de monnaie de seconde classe. Dans le but de sauver l’euro, il faudra peut-être le détruire.

Ou bien — et cela est peut-être profondément ancré dans leurs convictions transnationales, à la fois centralisatrices et progressistes — les têtes pensantes de la BCE et de l’Union européenne croient que la seule façon d’atteindre une union politique et économique plus intégrée est de détruire complètement la souveraineté nationale. Si tel est leur but, alors ils sont certainement sur le bon chemin en Grèce, où le gouvernement a été obligé de procéder à un vote de confiance et est encore plus obligé par le FMI et le BCE de mettre en place des mesures d’austérité fiscale qui ne sont pas du tout populaires auprès des Grecs. Ces derniers, pour montrer leur mécontentement, jettent des yaourts dans la rue.

Qu’arrivera-t-il ensuite ? Les lanceurs de yaourts feront-ils tomber le gouvernement et empêcheront-ils leurs chefs politiques de vendre la Grèce à la servitude européenne ? Ont-ils le choix à ce stade ? Hmm.

Un débiteur seul qui est esclave de son banquier/prêteur/suzerain n’a probablement guère le choix. La loi est contre lui. Ses ressources sont nulles. Et après tout, c’est lui qui a contracté la dette.

Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de toute une nation de débiteurs ? Ou, plus spécifiquement, lorsqu’on demande à toute une nation de rembourser les dettes accumulées au fil des générations ? Il nous semble qu’ils ONT LE CHOIX. Ils peuvent dire aux banquiers d’aller se faire cuire un oeuf… puis voir venir la suite des événements. Si c’est ce qui arrive en Grèce, il y a fort à parier qu’il s’agira d’une répétition générale de ce qui se passera ailleurs dans le monde.

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