La Chronique Agora

En Grèce, l’évasion fiscale représente un tiers du déficit national

▪ « Tout le monde parle de politique… comme si une politique pouvait faire une vraie différence. Ce qui compte vraiment, c’est la culture », a déclaré hier un ami irlandais.

« Ecoutez, l’Italie applique les mêmes politiques au nord et au sud. Mais on dirait deux pays différents. Au nord, les Italiens travaillent dur… comme les Allemands… et ils sont riches. Au sud, ce n’est pas le cas. Ils sont pauvres et ils vivent d’allocations. Peu importe les politiques, ce sera toujours comme ça ».

« C’est pour ça que les Argentins sont comme ça. Ce sont en grande partie des Italiens… et des Italiens du sud, en plus ».

« Et regardez les Grecs. Ils ont toujours été comme ça. Ils font toujours défaut sur leurs dettes. Depuis qu’ils ont des dettes. Enfin… je devrais dire depuis l’époque moderne. Qui sait ce qui s’est vraiment passé à l’époque de Périclès. Ils étaient différents, à l’époque. Mais à présent, ce sont des Grecs. Et les Grecs cachent leur richesse… ne paient pas leurs impôts… et ne paient pas leurs dettes non plus ».

Le Wall Street Journal nous en apporte la confirmation :

« Si le gouvernement grec était aussi doué que ses banques pour calculer ce que gagnent ses citoyens, le monde serait peut-être bien différent ».

« Le fait que les Grecs ont un penchant pour l’évasion fiscale n’est pas exactement nouveau — lorsque les inspecteurs du fisc ont commencé à comparer le nombre de piscines avec les revenus, les Grecs se sont mis à camoufler leurs piscines. Par ailleurs, dans la mesure où les revenus cachés sont cachés, déterminer l’ampleur de l’évasion fiscale est difficile ».

« Armés de données provenant de l’une des 10 plus grandes banques grecques, les économistes Nikolaos Artavanis, Adair Morse et Margarita Tsoutsoura se sont récemment mis à la tâche. Les banques, avec des dizaines de milliers de clients partout dans le pays, ont fourni des données de demandes de prêts et de cartes de crédit, ainsi que de performances. Non seulement les économistes ont ainsi eu accès à des déclarations de revenus, mais cela leur a également permis d’en tirer les estimations des vrais revenus faites par les banques — qui sont probablement plus proches de la réalité ».

« L’estimation modérée des économistes montre qu’en 2009, près de 28 milliards d’euros de revenus n’ont pas été déclarés. Avec un taux d’imposition de 40%, cela revient à 11,2 milliards d’euros — près d’un tiers du déficit budgétaire grec ».

« Pourquoi la Grèce n’a-t-elle pas fait plus pour mettre fin à l’évasion fiscale ? Les économistes ont également pu identifier les professions les plus représentées dans la fraude fiscale — les médecins et les ingénieurs étaient en tête — et ont réalisé qu’elles étaient fortement représentées au Parlement ».

▪ Allemands, Américains, Irlando-Ecossais…
« Les Allemands travaillent dur et sont disciplinés », a continué notre ami. « Pour autant que je puisse en juger, ils ont toujours été travailleurs et disciplinés. C’est pour ça qu’ils peuvent être effrayants. Quand ils veulent faire quelque chose, ils le font ».

« Tout le monde pense que les Allemands sont aussi des gens raisonnables. C’est le cas en ce moment… raisonnables et gentils. Mais il n’en est pas toujours ainsi. Ils peuvent aussi avoir les idées les plus dingues qu’on ait entendues. C’est bien le problème. Ils suivent leurs idées folles avec autant de discipline et de labeur qu’ils en mettent actuellement à fabriquer des BMW. C’est bien toute l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ».

« Et puis regardez les Etats-Unis. Les mêmes lois pour tout le monde. Même politique. Même écoles. Mêmes emplois. Au moins en théorie. Mais les résultats sont très différents. Tout dépend de la culture. On trouve beaucoup de groupes aux Etats-Unis qui sont très pauvres… et ignorants ».

« Oui… les électeurs ! » dit une voix américaine. « Je sais tout de la culture. J’ai grandi à Cumberland, dans le Maryland… Vous savez, c’est de là qu’est originaire cette femme qui torturait des prisonniers en Irak. Eh bien, ça n’avait rien de surprenant. Ces gens qui vivent dans les collines et les vallées… ils ont une culture vraiment différente. On ne le voit pas. Parce qu’ils ressemblent à tout le monde, à vue de nez. Mais c’est un monde différent.

« Vous avez vu le film Winter’s Bone ? C’est exactement comme ça. Ce sont des gens qui ont toujours été un peu en dehors des lois… Pauvres. Autrefois ils faisaient de l’alcool de contrebande. Maintenant, ils fabriquent de la méthamphétamine ».

« Ne sont-ils pas d’origine irlandaise ? »

« Non, ils sont irlando-écossais », a protesté notre ami irlandais. « Une culture très différente. Ce sont les descendants des troupes de Cromwell qui ont conquis l’Irlande… et massacré une bonne partie de la population. C’était des brutes. Ils ont ensuite émigré aux Etats-Unis. Mais pas dans les régions fertiles. A l’époque coloniale, c’est là qu’étaient les Anglais. C’est là qu’on trouve encore ces jolies églises anglicanes. Les Irlando-Ecossais sont presbytériens. Ils sont allés à la frontière. C’étaient des pionniers, durs à la tâche et résistants. Ils n’avaient pas peur des Indiens, je suppose — probablement que les Indiens avaient plus peur d’eux. Ils ont toujours été de bons soldats. Je crois qu’ils forment encore la colonne vertébrale de l’armée américaine ».

« C’est la culture qui compte vraiment… pas la politique monétaire ».

« Et les Irlandais, alors, » avons-nous voulu savoir. « Quel est leur rôle dans cette histoire de culture ? »

« Oh… c’est difficile à dire. Sortez-le d’Irlande, et un Irlandais peut faire des choses stupéfiantes. Ce sont d’excellents économistes, politiciens, artistes, chercheurs… Nous sommes beaux parleurs, vous savez, et très bons vendeurs. Mais ici en Irlande, nous nous entre-regardons… et nous savons que tout ça, ce n’est que des c* * *ries de façade ».

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