Exclure « le peuple » du pouvoir est l’objectif de toute forme de gouvernement, y compris dans les régimes démocratiques.
Cette semaine, les Français franchissent un nouveau seuil en matière de bêtise démocratique.
Ils tiennent un « grand débat »… où les dirigeants espèrent que la colère des électeurs s’épuisera en bavardages sans fin ni utilité.
Le tour de prestidigitation du gouvernement populaire moderne, c’est de faire croire que c’est « le peuple » qui prend les grandes décisions. Les citoyens élisent — après examen approprié et quantité de graves réflexions — des représentants, qui à leur tour transforment les souhaits du « peuple » en lois. Telle est la théorie, du moins.
Hillary Clinton a décrit ce fantasme en ces termes : « le gouvernement, c’est nous tous ».
Ce n’est jamais le cas, où que ce soit.
Comédie sur les marchés
Nous y reviendrons… ainsi qu’à la comédie qui se déroule en France… dans une minute. D’abord, prenons des nouvelles de la comédie qui se déroule sur les marchés financiers.
Les investisseurs attendent de voir ce qui va se passer ensuite… pour le shutdown et le mur… pour le compte à rebours du Brexit… pour la guerre commerciale Chine/Etats-Unis… pour les marchés obligataires… et à la Fed.
Jim Cramer, de l’émission télévisée Mad Money, affirme que le marché baissier a pris fin à Noël. Les investisseurs n’en sont pas aussi sûrs.
En octobre, le Dow a atteint un nouveau sommet de 26 828. Depuis, il baisse. Il pourrait baisser bien plus.
Les actions, comme les obligations, suivent de longs schémas cycliques que les autorités ne peuvent contrôler. Certes, elles peuvent les influencer, les retarder et les fausser. Mais en fin de compte, c’est M. le Marché qui a le dernier mot.
La meilleure manière de voir ces schémas, c’est de regarder le Dow en termes d’or. De son sommet de 1929 à son plancher de 1933 ne se sont écoulés que quatre ans.
Il en a fallu 27 de plus — jusqu’en 1960 — pour le Dow se remette par rapport au prix de l’or. Le plus haut est arrivé six ans après, marquant une durée de 37 ans d’un plus haut à l’autre.
Le plancher suivant est arrivé en 1980, 14 ans plus tard… avec une nouvelle perte de 80% environ, si l’on tient compte de l’inflation. Il a fallu ensuite 19 années supplémentaires pour atteindre le sommet suivant, en 1999, soit un cycle de 33 ans d’un sommet à l’autre.
En termes d’or, les actions chutent depuis… et n’ont pas encore atteint leur plancher ultime. Lorsque ce sera le cas, nous pensons que vous pourrez racheter le Dow tout entier pour moins de cinq onces d’or. Mais quand ?
1919-2019 : 100 ans d’évolution du Dow Jones comparé à l’or
Personne ne le sait… mais ni M. Trump ni M. Powell ne veulent le découvrir. Le président vante son économie… et se prépare à accuser Jerome Powell si quelque chose tourne mal.
Pour sa part, M. Powell ne s’emballe pas. Il affirme qu’il sera « patient » pour la normalisation des taux d’intérêt. En d’autres termes, il fera volte-face si les actions plongent à nouveau.
Une marge de manœuvre limitée
Le problème, c’est qu’aucun des deux n’a beaucoup de marge de manoeuvre. L’équipe Trump a déjà repoussé les limites du budget avec un déficit à 1 000 Mds$. Et le taux directeur de la Fed est déjà plus proche du plancher d’un canal plausible que du sommet.
Normalement, l’Erreur n°3 de la Fed (baisser les taux en panique lorsque les marchés s’effondrent) requiert une baisse de 500 points de base. Powell n’en a que 250 à sa disposition (le fed fund rate actuel est à 2,5%).
Mais le problème ne se limite pas aux Etats-Unis. Partout dans le monde, les gouvernements se retrouvent à court de temps et d’argent.
Ils ont utilisé l’argent facile pour augmenter les dépenses et la dette. Maintenant que les taux d’intérêt grimpent, que la croissance chute et que la population vieillit — ils sont confrontés à un défi. Que faire ?
Vont-ils admettre qu’ils ont fait une erreur… qu’ils ne peuvent pas vraiment contrôler M. le Marché ? Vont-ils déposer les armes et laisser la correction nettoyer le système des excès de dettes et des dépenses inabordables ?
Ah, cher lecteur… parfois, votre naïveté nous surprend. Jamais ! Les élites dépendent de cet argent.
Au lieu de ça, en utilisant la dette (aux Etats-Unis) ou les taxes (en France), elles s’assureront que ce soit leurs concitoyens qui souffrent.
Mythes et foutaises
Les gouvernements, toujours et partout, ont été utilisés par quelques-uns pour exploiter la masse. Autrefois, c’était plus évident. Lorsque les Vikings ont conquis la Normandie, par exemple, ils se sont emparés des meilleures terres, ont construit des châteaux et sont devenus la classe dirigeante.
La démocratie moderne, en revanche, dépend autant de la fraude que de la force. Les conquérants de l’élite font semblant de répondre à « la volonté du peuple ». Mais le vrai jeu reste le même — ils utilisent des mythes et des foutaises (en lieu et place de lances et d’arbalètes) pour prendre le contrôle du gouvernement et l’utiliser pour extraire ce qu’ils veulent.
Le problème, c’est qu’à mesure que les élites prennent de plus en plus, le reste de la population commence à gémir et grogner.
Le mythe selon lequel « le gouvernement, c’est nous tous » commence à sonner creux lorsque 10% de la population s’accapare 100% de ses gains économiques. Et puis les habitants de l’Amérique profonde ne voient pas d’un bon œil les expériences que mènent les élites sur les pronoms transgenres, l’immigration illimitée et le contrôle de la température terrestre.
Aux Etats-Unis, les oubliés ont voté Trump. En Grande-Bretagne, ils ont voté pour le Brexit. En France, ils ont enfilé des gilets jaunes et incendié des voitures.
Grand débat et grand blabla
Chaque groupe de mécontents a ses doléances. En France, elles se concentrent sur l’automobile, d’où les gilets jaunes.
Le fossé entre les élites et le reste est plus géographique en France qu’aux Etats-Unis. Les initiés sont littéralement intra muros… concentrés dans Paris… où c’est à peine si l’on peut conduire une voiture.
Les citadins considèrent que les non-Parisiens ont tout juste dépassé le stade simiesque. Ils n’hésitent donc pas à leur dire quoi faire — au nom du progrès, bien entendu !
Ainsi, censément pour réduire l’empreinte carbone du pays, les malheureux provinciaux sont contraints de conduire à 80 km/h sur les petites routes et d’acheter leur diesel plus cher.
Et malheur au conducteur qui ne serait pas équipé d’un gilet de sécurité et d’un triangle de signalisation ! Quelques amendes pour excès de vitesse (grâce aux radars) et une ceinture de sécurité oubliée plus tard, il perd son permis.
Mi-novembre dernier, le petit peuple a commencé à résister. A présent, le gouvernement Macron a mis en place ce qu’il appelle un « Grand débat » sur l’avenir de la France.
Les autorités françaises affirment qu’elles vont « revitaliser la démocratie » en organisant des séances de blabla dans tout le pays. Le décor est ainsi planté pour l’une des plus grandes comédies de la politique moderne.
Des gens du pays entier ont été invités à se joindre aux conférences locales et à exprimer leurs inquiétudes, leurs doutes, leurs plaintes et leurs espoirs pour l’avenir.
Vous vous demandez peut-être ce que diable les membres — salariés — de l’Assemblée nationale française font depuis des années, s’ils n’écoutent pas les plaintes et les griefs de leurs administrés ?
Et pourquoi, ajouterez-vous, les autorités françaises agiraient-elles soudain pour résoudre les plaintes sincères de citoyens ordinaires… qu’ils semblent avoir ignorées avec succès depuis la fin de la Terreur, en 1794 ?
Bien entendu, rien ne changera. Le grand débat n’est qu’un coup médiatique. Parce qu’il n’y a aucune chance que l’on permette aux non-initiés de détourner les élites de leur véritable objectif — qui est d’obtenir plus de pouvoir, d’argent et de statut pour elles-mêmes !
En fin de compte, le citoyen lambda n’obtiendra pas ce qu’il veut, ni ce qu’il attend, mais ce qu’il mérite.