La Chronique Agora

Un grand boom se prépare pour le GNL

▪ Même avant que le séisme et le tsunami du Tohoku ne rappellent au monde que le nucléaire n’est pas sans risque, le marché du gaz naturel liquéfié (GNL) était en plein boom au Japon. En fait, le marché du GNL connaît une forte expansion dans toute l’Asie depuis ces dernières années. C’est là une bonne nouvelle pour l’Australie… et pour un certain nombre d’entreprises qui oeuvrent dans ce domaine.

Actuellement, le Japon est le plus important acheteur de GNL. Avec la Corée du Sud, ces deux pays représentent 53% de la capacité de regazification mondiale actuelle (c’est-à-dire l’aptitude à importer du GNL et à le retransformer en gaz pour une utilisation industrielle et pour la consommation).

Mais cette nouvelle demande fait face à une base d’approvisionnement vieillissante. Par exemple, on trouve des champs de GNL en Malaisie et en Indonésie qui arrivent en fin de vie utile.

Comment donc le marché répondra-t-il à cette hausse de la demande en Asie ? C’est là que le GNL australien entre en scène. Il est difficile de ne pas le remarquer : il suffit de jeter un oeil sur les marchés de ressources australiens ou d’ouvrir un quotidien. Et les sommes d’argent qui entrent dans ces marchés sont stupéfiantes.

Rien que le développement du projet Gorgon — une joint-venture entre Exxon Mobil, Chevron et Shell en Australie — coûtera près de 50 milliards de dollars. Déjà, l’Inde et la Chine ont signé des contrats d’approvisionnement d’une valeur de 60 milliards de dollars. Et ce projet obtiendra certainement d’autres contrats avant que le gaz ne commence à être extrait en 2014. D’autres entreprises briguent également une place sur le marché du GNL. Ainsi, Woodside Petroleum, une compagnie pétrolière et gazière australienne, ambitionne d’être le leader du GNL d’ici 2020.

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Résultat de toute cette activité : l’Australie disputera bientôt au Qatar la place de premier exportateur mondial de GNL. « Les chiffres sont extraordinaires », remarque un analyste australien à propos de la courbe de croissance du GNL de son pays. « Lorsqu’on les étudie, c’est ahurissant. Le grand boom du GNL se prépare ».

Les acheteurs asiatiques apprécient beaucoup le GNL australien parce qu’il est proche… et sûr. Il n’est pas obligé traverser les zones de guerre du Moyen-Orient ou les eaux infestées de pirates au large de la Somalie. Pour la plupart des acheteurs, le gaz australien n’a pas non plus à passer par le détroit de Malacca, surchargé.

L’Australie possède beaucoup de gaz naturel offshore. Les explorateurs continuent de faire des nouvelles découvertes importantes, ce qui signifie que les nouveaux projets afflueront au cours des prochaines années. La plupart se situent dans les eaux de l’Australie orientale. Mais le Queensland possède également d’importants gisements de gaz naturel ainsi que d’importantes réserves de gaz de charbon. Le gaz de charbon est du méthane naturellement piégé par l’eau en profondeur. Le gaz de charbon peut aussi être transformé en GNL.

Les grandes compagnies énergétiques sont déjà sur place. Shell, BG Group, ConocoPhillips et le Malais Petronas font partie de ceux qui développent des projets dans le Queensland. Rien que dans cet Etat, la croissance de la production de GNL a triplé ces dernières années.

Avec tous ces projets, il est probable que dans la prochaine décennie, le GNL dépasse le charbon comme valeur exportée la plus importante d’Australie. Le gouvernement soutient bien entendu les projets liés au GNL — cela apportera un surcroît de recettes fiscales dans ses coffres. Regardez comment le pétrole a transformé le Moyen-Orient ; le même genre de chose pourrait bien arriver à l’Australie.

▪ Selon moi, le meilleur moyen pour surfer sur la vague du GNL est de posséder les entreprises qui assemblent le « Meccano » dont le GNL a besoin pour fonctionner. On peut citer les caissons froids qui transforment le gaz en liquide ; les conduits étanches spéciaux ; les systèmes de stockage… Tout un ensemble d’éléments doivent être assemblés.

En possédant une des entreprises qui fabrique tout cela, vous ne prenez pas l’énorme risque qui accompagne tout projet de production. Je veux dire, 50 milliards de dollars (la dernière estimation) pour Gorgon est un pari gargantuesque — trop grand pour une seule compagnie pétrolière, d’où la joint-venture. Et puis il y a le risque de prix — personne ne peut dire à quel prix se vendra le GNL ni quel niveau de rendements il pourrait générer.

Il est plus simple de posséder les entreprises qui assemblent. Elles bénéficieront de flux importants de liquidités et leurs carnets de commandes seront remplis pour les années à venir. L’une de mes entreprises préférées est Chart Industries, que j’ai conseillée aux abonnés de Capital & Crisis au début de cette année. Depuis, l’action a plus que doublé, ce n’est donc plus l’achat du siècle qu’il était auparavant. Mais je considère encore Chart comme un investissement long terme très solide.

Chart fabrique les équipements dont tous ces projets de GNL ont un besoin crucial. L’entreprise est numéro un ou deux sur tous ses marchés — ce qui est important dans un domaine où un équipement défectueux n’est pas envisageable. Chart est encore une petite entreprise dans un marché fragmenté. Cela signifie qu’elle peut devenir beaucoup plus grande.

Mais Chart n’est qu’un exemple parmi d’autres. La croissance du marché du GNL dans toute l’Asie créera d’innombrables opportunités d’investissement. Gardez l’oeil ouvert !

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