La Chronique Agora

Gloire aux nouveaux pauvres

pauvreté, inflation, pénurie

Vos sacrifices permettent l’avènement d’un monde meilleur… mais uniquement pour les élites.

« You can’t always get what you want. »
– The Rolling Stones

« Je n’en crois pas mes yeux : il n’y a plus de moutarde dans les magasins », m’a dit Elizabeth ce matin.

« Hein ? Pas de moutarde… En France ? »

« Je ne sais pas, mais le commerçant m’a dit que depuis que le gouvernement a interdit les pesticides et avec la hausse des prix du carburant, ils n’ont plus les moyens de faire de la moutarde. »

J’ai trouvé l’explication peu convaincante. Mais il y a pas mal de choses qui clochent.

Impossible d’aider tout le monde

Voici un autre son de cloche en provenance du sommet de Davos où se réunissaient les élites, relayé par CNBC :

« Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré à CNBC mercredi dernier qu’il était ‘impossible d’aider tout le monde. Les Occidentaux vont donc s’appauvrir à cause de l’inflation galopante et de la hausse des coûts de l’énergie’.

L’inflation a atteint 9,6% aux Pays-Bas en avril, d’après l’organisme néerlandais de la statistique, le CBS.

Lors du forum économique mondial de Davos (Suisse), Mark Rutte a déclaré à Steve Sedgewick que le gouvernement néerlandais aiderait les gens de la classe inférieure et de la classe moyenne inférieure à payer leurs factures d’énergie.

Il a toutefois déclaré qu’il était ‘impossible d’aider tout le monde. Les Occidentaux vont donc s’appauvrir à cause de l’inflation galopante et de la hausse des coûts de l’énergie’. »

L’inflation et les prix de l’énergie n’ont pas augmenté sans raison. La hausse des prix a été alimentée par les politiques publiques (confinements, guerre, planche à billets). Mais ne vous inquiétez pas : la pauvreté vous fera le plus grand bien. Un expert offre son opinion à The Hill :

« La hausse du prix de l’essence est-elle une bonne chose pour les Etats-Unis ?

Je pense que, sur le long terme, la hausse des prix de l’essence est une bonne chose pour l’environnement. Cela pourrait inciter les gens à faire du covoiturage, à prendre le vélo ou à marcher davantage pour se rendre au travail. Cela améliorera la santé et le bien-être.

La hausse des prix pourrait donner un coup de fouet au développement des voitures électriques. Ford et General Motors ont déclaré qu’ils fabriqueraient des flottes 100% électriques d’ici 2030. Je ne pensais pas vivre assez longtemps pour voir ça de mes propres yeux. »

Alléluia ! Nous n’aurons pas de moutarde. Et nous serons plus pauvres. Mais ce sera pour notre bien.

Les fondations commencent à s’effondrer

Comme prévu, les deux choses qui constituaient jusqu’à présent les piliers de la classe moyenne américaine, l’emploi (pour les revenus) et le logement (pour le patrimoine), commencent à s’effondrer. MarketWatch :

« Les ventes de logements neufs ont reculé pour le quatrième mois consécutif en avril aux Etats-Unis. Elles se sont repliées à leur plus bas niveau depuis le début de la pandémie, à cause de la hausse des prix et de la flambée des taux immobiliers.

Alors qu’il y avait eu 709 000 ventes en mars, ce chiffre est tombé à 591 000 en rythme annuel en avril a déclaré le gouvernement mardi dernier. »

Les taux immobiliers ont quasiment doublé sur les six derniers mois. Et les prix du logement ont flambé. Par conséquent, les gens pouvant se permettre d’acheter un logement sont moins nombreux.

Par ailleurs, de nombreux propriétaires ont acheté leurs logements à des taux historiquement bas.  Ils ont eu de la chance. Mais ils ne peuvent pas se permettre de vendre !

Moins de ventes de logement signifie moins de commissions pour les agents immobiliers, moins d’argent pour les déménageurs, moins de marchés pour les promoteurs et moins de travail pour les gens qui fabriquent des réfrigérateurs, des tapis, des lits et tous les autres articles dont les gens ont besoin quand ils achètent un nouveau logement.

Pénuries et licenciements

Au final, cela signifie moins d’emplois, moins de revenus, une contraction du PIB et plus de pauvreté.

Le site 24/7 Wall Street nous offre la cerise sur le gâteau :

« La pénurie de microprocesseurs qui frappe de plein fouet le secteur a poussé le groupe Toyota à déclarer qu’il réduirait sa production mondiale de 100 000 unités, à 850 000. Cela aura une incidence sur les résultats du groupe et sur la santé financière des concessionnaires et cela pourrait pousser les consommateurs à repousser l’achat d’un nouveau véhicule de plusieurs mois, voire de plusieurs années.

Il y a deux ans seulement, il aurait inimaginable qu’un constructeur automobile mondial réduise sa production. »

Business Insider y va de sa contribution :

« Une vague de licenciements balaye les États-Unis. »

Nous avons fait part de notre indignation concernant la détresse de la classe ouvrière. Qui fera les frais de la stagnation qui se profile à l’horizon ? Qui perdra des emplois ? Qui devra renoncer à ses vacances d’été ? Qui devra renoncer à un filet de bœuf et se contenter d’un hamburger ?

Pas de marge d’erreur

Joe Biden aura-t-il le courage de virer des hauts fonctionnaires inaptes ? Aura-t-il le courage de virer une partie des 400 économistes qui le conseillent et parmi lesquels figurent peut-être ceux qui affirmaient que l’inflation ne dépasserait pas 2% cette année ? Quid des généraux qui ont mené une guerre parfaitement inutile en Afghanistan ? Quid du D. Anthony Fauci, dont le plan de lutte contre la pandémie de Covid-19 s’est révélé inefficace sur le plan médical et catastrophique sur le plan économique ? Quid des plus de 2 millions de fonctionnaires fédéraux, parmi lesquels figurent des inutiles ?

Rien ?

Hélas, plus on descend le long de l’échelle sociale, plus la douleur augmente. Au sommet, les gens peuvent dilapider des milliers de milliards de programmes à travers des programmes inefficaces et continuer à vivre à leur aise (Ben Bernanke, qui a causé plus de dégâts que n’importe quel autre président de la Fed à l’exception de Jerome Powell, est toujours présenté comme une référence faisant autorité en matière d’économie), mais au bas de l’échelle, la marge d’erreur est inexistante.

La hausse des prix et le chômage sont des problèmes de la classe ouvrière, pas de l’élite.

Mais désormais, nous le savons. C’est un mal pour un bien. Nous produirons et consommerons moins. Nous enfilerons nos chandails, troués au niveau des coudes, et nous baisserons le thermostat du chauffage. Nous irons au supermarché, constaterons que les rayons sont à moitié vides, mais nous garderons le sourire. Nous continuerons à écouter nos élites, qui s’adresseront à nous de Davos ou Aspen, et nous hocherons la tête en signe d’approbation.

« La pauvreté a quelque chose de grandiose » nous expliqueront-ils.

Et nous sauverons la planète.

Ou, à tout le moins nous sauverons les élites.

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