La Chronique Agora

Frosti Sigurjónsson et le secteur bancaire : un futur Prix Nobel ?

▪ Après une excellente analyse du système bancaire actuel, Frosti Sigurjónsson propose une solution dont les échecs multiples sont patents et prouvés ce qui le rend nobélisable. Certes, ce qu’il écrit est bien trop compréhensible — sauf, peut-être, en page 107 de son rapport (en anglais) l’obscure référence bibliographique à Valkostir við brotaforðakerfið. C’est évidemment un inconvénient car un économiste sérieux se doit d’être abscons. Mais le reste est très clair.

Frosti Sigurjónsson est un parlementaire, chargé par son Premier ministre d’enquêter sur le système monétaire de l’Islande et sa stabilité. Figurez-vous que ce brave homme n’a pas conclu que tout allait aussi bien que possible dans le meilleur des mondes que constitue cette île surtout peuplée de pêcheurs de morues avant de se financiariser.

C’est à la première partie de son travail, qui analyse le système bancaire actuel, que je vous propose de vous intéresser. Elle établit de façon limpide que le système bancaire (le cas de l’Europe est similaire à celui de l’Islande) contribue à injecter dans l’économie de la monnaie qui ne correspond à aucune véritable richesse — en d’autres termes, de la fausse monnaie.

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L’industrie bancaire a pris une place très importante dans l’économie depuis la deuxième moitié du 20ème siècle

L’industrie bancaire a pris une place très importante dans l’économie depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, en Islande et partout dans le monde. Cette industrie a trouvé une martingale gagnante : elle encaisse des intérêts sur de l’argent qui n’existe pas. Plus elle crée de l’argent qui n’existe pas, plus elle gagne de l’argent. Le tour de passe-passe est bien enrobé et compliqué pour que M. et Mme Michu ne puissent mettre en doute que la banque est encore un métier honorable et digne. D’ailleurs, il fut un temps où c’était le cas.

▪ Quand les banques étaient honnêtes…
Autrefois, le métier de la banque consistait à transformer des dépôts de court terme (épargne) en prêts à long terme (investissement). C’était un métier empirique et la banque a toujours eu deux problèmes : elle ne pouvait rembourser tous les déposants de court terme s’ils venaient simultanément réclamer leur argent puisque celui-ci travaillait dans des prêts à long terme ; elle devait bien jauger ses emprunteurs. Deux risques à couvrir, donc : la perte de confiance de ses déposants et le risque de défaut sur un prêt accordé. Pour ces deux risques, les banquiers étaient le plus souvent responsables sur leurs biens et avaient aussi des fonds propres (de l’argent mis de côté dans leur propre banque) pour payer la casse éventuelle. Le montant des fonds propres était variable : plus en cas de bruits de bottes, famine, dépression économique et moins quand tout allait bien. Disons entre 10% et 20% des dépôts ou des prêts selon les périodes, l’ajustement se faisant toujours pour inspirer confiance à la clientèle.

Dans ce système, vous avez compris que :
– Les dépôts font les crédits
– Les fonds propres sont au bon vouloir du banquier mais ne pas en avoir suffisamment fait fuir la clientèle
– La clientèle s’assure de la fiabilité de sa banque
– Quand tout va mal, le banquier se suicide

Aujourd’hui, un banquier prête bien plus que les dépôts de ses clients

▪ … et puis tout a changé
La finance moderne a bouleversé la donne. Aujourd’hui, un banquier prête bien plus que les dépôts de ses clients ; avec un euro de fonds propres il peut prêter jusqu’à 30 euros ; il ne consigne plus qu’un euro sur 100 euros de dépôts reçus auprès d’une banque centrale, un établissement dont le rôle est de protéger les banques en cas de panique. Enfin, une banque peut emprunter auprès de sa banque centrale de l’argent qui n’existe pas.

Dans ce système :
– Les crédits font les dépôts. Un prêt accordé à quelqu’un se transforme en dépôt dans la banque puis dans d’autres banques au fur et à mesure des dépenses de l’emprunteur.
– Le niveau des fonds propres est fixé par une réglementation établie par des fonctionnaires zélés et omniscients.
– Le prix de l’argent créé par la banque correspond au taux directeur de la banque centrale, taux fixé par des fonctionnaires zélés et omniscients.
– Les fonds propres sont des obligations d’Etat car un Etat ne peut pas faire faillite.
– Les banquiers sont irresponsables dans la mesure où ils se conforment aux directives des fonctionnaires zélés et omniscients.
– Quand tout va mal, les contribuables payent.

Vous voyez tout de suite l’avantage d’être banquier au 21ème siècle : vous percevez des intérêts sur de la fausse monnaie. Ceci vous explique comment le rendement sur fonds propres de l’industrie bancaire tourne autour de 10% à 15% même avec les taux d’intérêt anormalement bas que nous connaissons. En France, des générations d’ingénieurs ont compris l’avantage d’être financier et bricolent des modèles mathématiques d’évaluation des risques plutôt que d’aller se salir les mains dans les usines.

Le problème est que les crises financières se multipliant, les gens perdent confiance

▪ Malheureusement…
Le problème est que les crises financières se multipliant, les gens perdent confiance : on crée de plus en plus de fausse monnaie mais la croissance ne revient pas, le chômage augmente et les impôts aussi. Les fonctionnaires zélés et omniscients ont déjà la parade et promeuvent la société sans cash. Ainsi, le point épineux de la fuite des déposants sera résolu : pas de sortie possible.

Les Islandais ont déjà refusé la route de la servitude une première fois en laissant leurs banques faire faillite en octobre 2008 avant de les nationaliser. Ils ont maintenant flairé l’entourloupe du principe "les crédits font les dépôts". Suite au rapport de Frosti Sigurjónsson, une association attaque les banques commerciales pour faux-monnayage.

Hélas, le rapport pense que tout problème serait résolu si la masse monétaire était contrôlée par les fonctionnaires zélés et omniscients de la banque centrale. Mais de l’Allemagne au Zimbabwe (en passant par l’Argentine, la France, la Hongrie…) nous savons bien que cela n’est pas vrai. Comme l’écrivait Hayek dans La route de la servitude :

"Il n’y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes. Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées, et recourir le moins possible à la coercition".

Ce n’est pas ce que pensent nos fonctionnaires zélés et omniscients qui pressent pour la mise en place d’ici à deux mois de la transposition nationale de la directive européenne de bail-in. Cette directive instaure que les déposants concernés et non plus les contribuables devront à l’avenir payer pour une banque en faillite. Il y aurait urgence, dirait-on, à ce que tout soit en place pour la prochaine crise.
[NDLR : Préparez-vous de votre côté… pour échapper aux mesures "bénéfiques" des autorités économiques et financières en cas de crise : un plan simple existe — vous n’avez plus qu’à l’appliquer. Cliquez ici pour en savoir plus]

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