La Chronique Agora

Les fondations de l’économie mondiale sont fissurées par les dettes

▪ Résistez à la tentation d’observer les marchés heure par heure. Ce n’est qu’alors que vous finirez par remarquer quelque chose : vous remarquerez que la plupart des informations sont des foutaises. Les sites Web et les chaînes d’info en continu ont besoin d’un flux constant d’informations pour justifier les mouvements du prix des actions. Mais la plupart du temps, il n’existe aucun lien entre les infos et les mouvements des prix.

Je fais cette observation alors que je suis loin de mon bureau depuis deux semaines. Pendant ce laps de temps, je n’ai été en contact avec les informations que de façon intermittente. Et cela ne m’a absolument pas manqué. Il s’avère que je n’ai rien manqué d’important non plus. C’est le statu quo.

Qu’est-ce que le statu quo ? D’abord, il convient de ne pas commettre l’erreur de dire que le marché est un marché. Ce n’est pas la même chose. Un marché est là où vous avez un acheteur et un vendeur qui souhaitent échanger des biens et de l’argent à un prix sur lequel ils sont tous deux d’accord. Ce prix n’est pas « découvert » en cumulant toutes les offres pour lesquelles les acheteurs souhaitent payer et les prix demandés par les vendeurs.

La découverte du prix est détruite — et les marchés ne fonctionnent pas — lorsqu’on a un intervenant en série sous la forme d’une Banque centrale. C’est le cas actuellement. Par exemple, les marchés ont réagi de manière pavlovienne la semaine dernière lorsque le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a déclaré qu’il était « prêt à tout » pour sauver l’euro.

Qu’est-ce que cela pourrait bien signifier ? Cela veut-il dire que Draghi imprimera de la monnaie pour acheter des obligations d’Etat espagnoles et italiennes ? Cela veut-il dire que Draghi revêtira un costume en lycra et apprendra à sauter de building en building en un seul bond ? Cela veut-il dire quelque chose lorsqu’il s’agit de résoudre les problèmes économiques structurels de l’Europe ?

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Franchement, tout cela n’est qu’un immense amas de foutaises. Vous feriez mieux de ne pas en faire cas. Et tant qu’on y est, ignorez également le Dow Jones Industrials. Le Dow ne communique aucune information utile sur la santé sous-jacente et l’orientation de l’économie américaine. C’est un procédé narratif conçu pour inciter les investisseurs à acheter des actions.

Il est difficile d’avoir de la croissance lorsque tout le système économique est grevé par la dette. Jusqu’à ce que cette dette soit amortie — via un défaut, un remboursement ou une restructuration — il nous est difficile de plaider en faveur des actions (du moins en tant que classe d’actifs, des titres particuliers peuvent faire figure d’exceptions en performant). Tout ce qui est fait en Europe pour maintenir les rendements des obligations d’Etat à un niveau faible n’est qu’un moyen d’éviter la réalité : la dette doit être remboursée.

Le statu quo, c’est éviter la douleur en évitant la réalité. Combien de temps pouvez-vous vivre dans un rêve, si vous êtes un banquier central ? Un certain temps, apparemment. Mais pas éternellement ! Nous allons vous expliquer pourquoi.

De retour dans le Colorado j’ai visité le centre commercial Flatirons Crossing à Broomfield. Ce centre commercial traverse une mauvaise passe, alors que les consommateurs américains réduisent leur endettement et coupent dans leurs dépenses. Mais il traverse une mauvaise passe également parce qu’il a été construit sur de mauvaises fondations. Au sens littéral.

Le sol sur lequel a été construit le centre est en argile bentonitique. C’est un type de sol qui se dilate avec l’eau. Cela signifie qu’il est quelque peu instable. Le propriétaire du centre sait cela aujourd’hui. Plusieurs structures à travers les 140 000 mètres carrés du bâtiment présentent des fissures, des déformations et des déplacements de poutres en acier. Certaines de ces structures ont déjà été démolies.

Il ne s’agit même pas d’une métaphore. Si vous construisez sur un terrain instable, vos fondations ne servent à rien. Une économie basée sur la consommation par la dette ne peut créer de la richesse. Une société basée sur la satisfaction de toutes ses volontés et de tous ses désirs en accumulant de la dette n’est pas une société productive qui pense à l’avenir. Il s’agit de satisfaire son plaisir maintenant et au diable les conséquences futures.

Mais cette attitude consistant à consommer maintenant et à payer plus tard semble être en passe d’évoluer aux Etats-Unis, du moins au niveau des ménages. Ces humeurs sociales vont par cycles. Au niveau le plus basique, les Américains revoient leurs attentes et vivent selon leurs moyens. C’est le gouvernement qui continue à vivre sur un grand pied.

Cela dit, les Etats-Unis ne sont pas chers. Je suis allé boire deux verres de bière avec un ami et lorsque nous arriva l’addition, elle ne s’élevait qu’à 18 dollars. Nous l’avons renvoyée, croyant à une erreur. Mais ce n’était pas le cas ! Les mêmes quatre bières en Australie nous auraient coûté 40 dollars. C’est le genre d’inflation du coût de la vie qu’on ne remarque que lorsqu’on quitte le lieu où l’on vit.

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