La Chronique Agora

Le fléau de la classe moyenne

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L’inflation vide de sa substance le pilier central de l’économie américaine…

La semaine dernière, les actualités qui ont fait la une ne nous ont pas appris grand-chose. ABC News :

« La Réserve fédérale a relevé mercredi son taux d’emprunt à court terme de 0,25%, renforçant la lutte de la banque centrale contre l’inflation, deux jours seulement après la vente de la First Republic Bank.

La dixième hausse consécutive des taux de la Fed intervient moins d’une semaine après que de nouvelles données gouvernementales ont montré que la croissance économique américaine avait ralenti au cours des trois premiers mois de l’année.

‘Les pressions inflationnistes continuent d’être élevées’, a déclaré M. Powell. ‘Le processus de retour de l’inflation à 2% est loin d’être achevé.’ »

Combien de temps prendront-ils ce « long chemin » ? Nous ne le savons pas. Mais il est possible que la Fed ait déjà relevé ses taux d’intérêt jusqu’à la limite de ses possibilités pour cette année. Les traders attendent les prochaines données économiques. Vendredi dernier, les chiffres du chômage n’ont pas permis de clarifier la situation, de savoir si une récession imminente pourrait inciter la Fed à « faire une pause » et attendre de voir comment évolue l’économie.

En route

Une autre banque a fait faillite il y a dix jours : First Republic Bank. Il s’agit de la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des Etats-Unis. Pacific Western (PacWest) pourrait être la prochaine à faire faillite.

L’agrégat économique M2, l’une des mesures de la masse monétaire, a baissé de plus de 4%, ce qui représente la plus forte baisse jamais enregistrée.

Les loyers continuent d’augmenter, mais seulement de 1,7%. Tandis que les prix des logements ont augmenté de 2%, soit le taux le plus bas depuis plus de 10 ans. Le bois d’œuvre, notamment utilisé pour la construction de nouveaux logements, a chuté de 80% par rapport au sommet atteint en mai 2021. Les ventes de logements en construction ont baissé de 23% par rapport à l’année dernière.

Du côté des bureaux de San Francisco, 30% sont vacants… c’est sept fois plus qu’à la fin de l’année 2021.

Nous en sommes encore au stade de la « déflation ». Les prix des actions ont baissé d’environ 10% par rapport au sommet atteint au début de l’année dernière, il y a 16 mois. Mais nous n’avons pas encore assisté à la grande liquidation, au krach ou même à la récession. Nous supposons qu’ils ne devraient pas tarder.

Et lorsqu’ils arriveront – ou lorsque nous connaîtrons un choc politique soudain et désagréable – la Fed fera probablement volte-face et retournera en territoire profondément négatif. Nous pourrons alors passer du stade de la « déflation » à celui de l’« inflation »… qui conduira probablement au stade de l’« hyperinflation ».

En fin de compte, la Fed n’a que deux choix : « l’inflation ou la mort ». Soit les autorités impriment plus d’argent pour que la fête continue… soit elles laissent les lumières s’éteindre, les musiciens plier bagage… et la fête est finie.

Le coût de l’empire

Cette semaine, nous nous sommes concentrés sur les raisons pour lesquelles les décideurs continueront à imprimer de la monnaie. Ils dirigent un empire. Et les empires ont leur propre cycle de vie. Une fois en marche, même un empire absurde et en perte de vitesse, comme notre propre empire de la dette, est difficile à freiner.

Nous avons vu que l’empire nous rend tous plus pauvres ; le nôtre coûte environ 1 500 Mds$ par an. Cela représente environ 17 000 $ par famille de quatre personnes et par an.

Les recettes fiscales américaines suffisent à peine à couvrir les dépenses internes, y compris les paiements de « transfert » – sécurité sociale, indemnités de chômage, etc. Nous n’en sommes qu’au premier chapitre du déclin et de la chute des Etats-Unis, et il est déjà politiquement impossible d’équilibrer le budget.

Ainsi, le coût total des mésaventures américaines à l’étranger doit être emprunté… ou imprimé. On peut faire gonfler l’inflation sans empire, mais il est difficile d’avoir un empire qui ne fait pas gonfler l’inflation.

Cela garantit donc pratiquement l’augmentation des prix à la consommation.

Nous avons également vu que l’inflation est le fléau de la classe moyenne. Les salaires réels baissent. Les prix augmentent. Et le logement, emblème de la classe moyenne, devient un piège à dettes. Les familles empruntent pour acheter des maisons. Ensuite, elles refinancent tout. Elles doivent alors bénéficier de taux bas, faute de quoi elles perdront leur logement. La Fed « imprime » pour maintenir les taux bas… ce qui les pousse à s’endetter de plus en plus.

Quand l’empire meurt

La diminution de la classe moyenne condamne également la démocratie représentative. Les élites utilisent leur accès à l’argent de la « planche à billet » et leur contrôle du budget fédéral pour soutirer le plus de richesses et de pouvoir possible, le plus rapidement possible, au reste de la société.

Les pauvres, quant à eux, deviennent dépendants du gouvernement fédéral. Le gouvernement paie pour leur endoctrinement et leur éducation… il fournit des « logements abordables » et des hypothèques subventionnées… il distribue des chèques alimentaires … et il oblige les employeurs à payer des salaires « minimums ». Les élites tentent même les pauvres en leur promettant des « compensations » et un « revenu de base universel ». Pourquoi les démagogues s’en prennent-ils aux pauvres ? Parce qu’ils sont de plus en plus nombreux et que leurs votes sont relativement bon marché.

Avec moins d’électeurs indépendants de la classe moyenne, le pouvoir politique se retrouve entre les mains de ceux qui sont le mieux à même de manipuler les pauvres. Ensuite, ils doivent récompenser les pauvres avec des choses gratuites, ce qui nécessite plus d’argent de la presse à imprimer, tout en maintenant les politiques qui rendent les pauvres plus pauvres et les riches plus riches – y compris le maintien de l’empire.

Hier, nous avons vu ce qui se passe toujours inévitablement. Les empires se meurent.

Les Etats-Unis sont « indispensables », a déclaré Madeleine Albright.

Mais les cimetières sont remplis de pauvres, de banques détruites et d’empires indispensables.

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