Donald Trump a forcé l’économie américaine à produire un boom : le problème, c’est que ses racines ne sont pas saines… et que la dette se creuse, encore et encore.
L’été vit ses derniers jours…
C’est la meilleure période de l’année, en France. Le soleil s’est apaisé. Les jours sont plus courts ; les nuits sont calmes et claires.
Les feuilles jaunissent et tombent sur le sol… d’abord l’une après l’autre… puis en masse. Dérangées par une brise occasionnelle, elles s’accumulent dans les coins et couvrent les bouches d’égout.
Et sur le tout plane un air de grâce languide… comme un magnifique cadavre qui attendrait les soins de l’embaumeur.
Tout casse
Le week-end dernier, nous avons repeint quelques volets… et retapé certaines des vieilles fenêtres, espérant qu’elles dureront encore quelques années avant de devoir être remplacées.
Le vieux bois est sec et, à certains endroits, pourri. Nous avons appliqué de l’huile de lin, que nous avons laissée pénétrer. Ensuite du mastic pour l’étanchéité, puis une couche de peinture.
Les fenêtres du grenier datent de 1860 environ, lorsque la maison a été entièrement reconstruite. Protégés par des volets, elles semblaient n’avoir plus jamais été touchées jusqu’à ce que nous nous mettions au travail samedi.
Si on ne leur accorde pas d’énergie, les choses dégénèrent et se dégradent. « Tout casse, tout passe », comme on dit. Et cela se passe toujours de la même manière. Le vin, les feuilles, les femmes, les marchés boursiers — c’est juste avant le premier souffle de décomposition qu’ils sont à leur apogée. Ensuite, ils s’effacent.
La semaine dernière, nous nous sommes posés des questions sur les profits des entreprises américaines.
Les médias clament que les profits sont en plein boom. Mais ils affirment aussi que les salaires réels chutent.
Les entreprises ont pourtant des salariés pour clients. Comment peuvent-elles gagner plus d’argent alors que leurs clients en gagnent moins ? Tout cela semblait louche.
Détour par l’Argentine
Commençons nos explications par un petit tour au sud du Rio de la Plata… où nous trouvons les taux d’intérêt les plus élevés de la planète.
Les Argentins en connaissent un rayon, sur la finance louche. La semaine dernière, par exemple, la banque centrale argentine a mis son taux directeur à 60% ; sa précédente hausse à 45% n’avait rien arrangé à la situation, laissant les pampas dans le même pétrin qu’auparavant.
Le véritable problème, c’est que les Argentins empruntent trop d’argent qu’ils ne peuvent pas rembourser. Ce ne sont pas des débiteurs fiables.
Malgré tout, ils font défaut avec ponctualité — une fois tous les dix ans environ — et recommencent, généralement avec l’aide du FMI, qui prête bien entendu l’argent des autres et ne s’inquiète donc pas trop de le récupérer.
(Dans quelques semaines, nous irons en Argentine, où nos dollars valent environ trois fois ce qu’ils valaient il y a un an. Nous vous donnerons des nouvelles…)
En attendant, la raison pour laquelle l’Argentine est si désespérée est en partie qu’elle a un déficit gouvernemental de 6% ; à titre de comparaison, celui de l’Italie n’est que de 2% du PIB.
Attendez une minute. Qu’en est-il des Etats-Unis ?
Ces 12 derniers mois, la dette gouvernementale a grimpé d’environ 1 200 Mds$. Ce n’est pas exactement la même chose que le « déficit »… mais c’est une mesure plus honnête de la vitesse à laquelle les autorités s’endettent.
Le PIB US est d’environ 19 500 Mds$. Par conséquent… les Etats-Unis ont à peu près le même trou que l’Argentine — environ 6%.
Nous ne sommes pas « une république bananière », affirmait le sénateur Ben Sasse lundi. Mais quelle est la différence ?
Ah. A la Chronique, nous aimons les républiques bananières. Le temps y est souvent agréable. Les prix sont généralement bas. La politique et la finance sont relativement simples. Et nous aimons bien les bananes.
La différence principale entre les Etats-Unis et l’Argentine, toutefois, c’est que les Etats-Unis n’ont pas à emprunter de l’argent dans une devise qu’ils ne contrôlent pas. Tous deux empruntent en dollars, mais les USA peuvent créer des billets verts à volonté. L’Argentine, non.
L’Argentine emprunte donc trop, et fait défaut. C’est ce que font les républiques bananières.
Que feront les Etats-Unis ? C’est bien entendu ce que nous allons découvrir.
Une saison différente
Les expansions économiques ont elles aussi leurs saisons.
En théorie, un nouveau président préfère encaisser une correction au début du cycle électoral, pour pouvoir en accuser la précédente administration. Ensuite, il assouplira les politiques monétaire et budgétaire pour que l’économie marche à toute vapeur lorsque les élections suivantes approchent.
L’équipe Trump tente une approche différente. Elle a réduit les impôts et augmenté les dépenses, faisant naître un bébé-boom au début du cycle. C’est à lui qu’on doit ces bénéfices qui paraissent si vigoureux.
Supprimez l’effet des réductions d’impôts et vous verrez que les profits font ce qu’ils sont censés faire — ils stagnent. Jusqu’à 96% des augmentations sur le dernier trimestre peuvent être attribués aux réductions d’impôts. Si vous regardez les bénéfices avant impôts, vous ne verrez que peu d’améliorations.
Du point de vue d’un investisseur : cet argent supplémentaire vient des baisses d’impôts, et alors ? Un dollar d’impôts épargné vaut bien un dollar gagné, non ?
Eh bien, oui — mais il a des conséquences différentes. Dans le cas présent, les autorités avaient déjà un déficit. Réduire les taxes a engendré un déficit plus profond, digne d’une république bananière, et qu’il faudra régler à un moment ou à un autre.
Comment ? Hausse d’impôts ? Baisse des dépenses ? Défaut ?
Toutes ces options sont ouvertes. Et toutes sont plus ou moins honnêtes.
Mais nous pensons que les Etats-Unis n’en choisiront aucune. Ils opteront plutôt pour quelque chose de pire… d’encore plus louche.
[NDLR : à moins que les élites financières mondiales ne fassent le premier pas… ouvrant une opportunité de gain spectaculaire pour les investisseurs français. Cliquez ici pour en savoir plus.]
A suivre…