La Chronique Agora

La fin du déni

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Les marchés sont déjà amochés… mais la vraie douleur reste à venir.

Le matraquage continuera jusqu’à ce que le moral s’améliore.

Comprendre le marché d’aujourd’hui est très simple. Durant les 40 dernières années, la Fed a récompensé les détenteurs d’actions. Maintenant, elle les punit.

Les investisseurs commencent à le comprendre. Barrons rapporte :

« Le marché boursier a enfin compris. Les mauvaises nouvelles de FedEx ont contribué à ce que le message soit bien compris.

À partir d’un certain point, il n’y a plus de retour en arrière possible. Le marché boursier a atteint ce point [le 15 septembre].

Le marché espérait, au début de la semaine, que l’inflation avait atteint son pic, que la Réserve fédérale cesserait bientôt de relever les taux, et que nous avions touché le fond. Mais la publication des données de l’indice des prix à la consommation du mois d’août a montré que l’inflation n’avait pas été maîtrisée, et les principaux indices ont connu leur pire journée depuis 2020. »

Fox News ajoute :

« Le responsable des stratégies de placement de Bank of America, Michael Hartnett […] a indiqué dans une note cette semaine que le « choc de l’inflation n’est pas terminé » et qu’une récession va précipiter le marché vers de nouvelles baisses.

Hartnett a déclaré que les marchés baissiers dans le passé montrent une baisse moyenne du plus haut au plus bas d’environ 37 % pour le S&P 500, l’indice de référence, sur 289 jours. Cela suggère que le marché baissier actuel – qui a commencé début juin – se terminera en octobre avec l’indice autour de 3 020 points. Cela représenterait une baisse de près de 22 % par rapport aux niveaux actuels. »

A grands coups

Partout dans le monde, à l’exception notable du Japon, presque toutes les banques centrales ont sorti leurs matraques et leurs tasers, et les coups commencent à pleuvoir.

Mais les banques centrales ne font que commencer. Si les investisseurs prévoient de nouvelles hausses des taux de 75 points de base, certains économistes exhortent la Fed à frapper plus fort. Larry Summers, par exemple, le seul démocrate à avoir une idée de ce qui se passe, a suggéré une hausse de 100 points de base. Et Komal Sri-Kumar, directeur de Sri-Kumar Global Strategies, a déclaré à CNBC que la Fed devrait même viser 125 points de base.

L’Argentine, qui a toujours été un leader en matière de tendances financières farfelues, montre la voie à suivre. Reuters :

« La banque centrale d’Argentine a augmenté le taux d’intérêt de référence du pays de 550 points de base pour le porter à 75% jeudi, un jour après que l’inflation ait dépassé les prévisions pour atteindre près de 80% sur une base annuelle.

Cette hausse fait suite à une augmentation de 950 points de base en août du taux de référence Leliq à 28 jours, alors que le gouvernement tente de réduire la spirale des prix qui affecte l’épargne et les salaires des Argentins, et entame la popularité du gouvernement péroniste. »

Les taux augmentent. L’économie ralentit. Les actions sont en baisse. La seule question qui se pose est la suivante : combien de temps les coups vont-ils s’enchaîner ?

« Il est de plus en plus évident que les marchés ont été trop longtemps soutenus par les banques centrales », écrit Katie Martin dans le Financial Times. « La correction de ce déséquilibre continuera à susciter les déclins et les rallyes baissiers qui ont caractérisé la crise de 2008-2009. »

Le modèle de Kübler-Ross

Un véritable marché baissier se déroule comme une condamnation à mort. D’abord, il y a le déni. Ensuite, la colère et la dépression… suivies du marchandage, et enfin, de l’acceptation.

Jusqu’au milieu du mois de septembre, le déni était le mot d’ordre qui régnait sur les marchés. Puis les investisseurs ont commencé à réaliser que la Fed était sérieuse. Elle a l’intention de leur infliger beaucoup plus de douleur.

Les marchés évoluent plus vite que les économies. Les cours des actions sont censés « regarder vers l’avant », en anticipant les bénéfices futurs. Ainsi, dans un premier temps, les prix chutent, avant que les bénéfices affaiblis de la récession ne se voient. Ensuite, la baisse des prix induit les investisseurs en erreur. Ils pensent que les actions sont « à leur juste prix ». Les conseillers les incitent à « acheter le creux de la vague ».

Mais d’autres mauvaises nouvelles arrivent. La récession fait chuter les ventes et les bénéfices. Et, rapidement, l’action ne semble plus être une bonne affaire.

Depuis deux semaines, les investisseurs ne sont plus dans ce déni. Ils essaient juste de comprendre à quel point la situation va empirer. Les analystes se tournent vers le passé pour trouver des indices. La situation sera-t-elle comme le crash du Nasdaq en 2000 ? Ou la crise du financement hypothécaire après 2007 ? Ou, peut-être, la panique de Covid en 2020 ?

A notre avis, ces comparaisons ne sont pas pertinentes. Elles datent d’une autre époque, lorsque l’on pouvait compter sur la Fed… avec des couvertures épaisses et du café chaud. Maintenant, la Fed est de retour sur la scène… mais avec des matraques et des canons à eau.

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