La Chronique Agora

Fruits faciles et fin de la croissance

▪ Les problèmes du "bois mitraillé" (eh oui, il faut y penser avant d’investir dans la forêt !)… La fiscalité des valeurs mobilières lorsqu’on choisit l’expatriation… Les possibilités du démembrement — choisi et non imposé…

C’était là quelques-unes des questions posées lors de notre conférence, A la recherche du rendement perdu, la semaine dernière. (Si vous n’avez pas pu y assister, pas de panique ! Nous sommes en train de réaliser un DVD reprenant les interventions de la journée : commandez-le sans attendre en cliquant ici ).

La journée s’est terminée par une conclusion sans appel : le rendement existe toujours !

Il faut simplement se montrer un tout petit plus malin pour l’atteindre — et ne pas oublier de prendre des mesures pour le protéger : contre la conjoncture, contre les baisses de marché, contre la fiscalité…

▪ On retrouve là la notion abordée par Bill jeudi sur les fruits "faciles" qui ont déjà tous été récoltés… De sorte que nous nous retrouvons à devoir faire plus d’efforts pour atteindre le même résultat.

"… durant la première moitié du 20ème siècle", explique Bill, "les investissements dans l’éducation, la santé, la technologie, les infrastructures et ainsi de suite, ont été fructueux. Il y avait plus de diplômés. Les gens vivaient plus longtemps. La productivité et la production augmentaient. C’était là les fruits faciles dont il parlait".

"Durant la deuxième moitié du 20ème siècle — après 1980, en gros –, nous avons continué à faire des investissements dans tous ces domaines. Mais le rythme du progrès a ralenti. Nous savions toujours où nous voulions aller. Simplement, nous ne sommes pas arrivés bien loin. Les étudiants ne réussissaient pas mieux qu’en 1960. Les coûts de la santé ont grimpé sans que les résultats sur les patients soient visibles. Le taux de croissance du PIB a ralenti… et les salaires ont atteint un pic en 1970".

La conclusion est simple : "nous allons devoir lever les bras plus haut… ce qui coûtera plus cher… et réduira le taux de rendement marginal. En d’autres termes : le rythme du progrès va diminuer".

C’est l’essence même de la croissance qui est en jeu.

Le "grand bond en avant" énergétique s’épuise… Internet — que l’on peut qualifier de plus grande invention de ces dernières décennies — n’a pas fait grand’chose pour augmenter la productivité… La population mondiale s’accroît vertigineusement à mesure que les ressources naturelles diminuent…

… Et pourtant, au lieu de remettre (au moins un peu) en cause le fonctionnement du système actuel, on continue de servir la même soupe : il faut plus de consommation, plus de croissance, plus de développement, toujours plus de tout.

Comme le résume de manière assez saisissante l’économiste américain Nicolas Georgescu-Reogen dans Faut-il dire adieu à la croissance, le hors-série d’Alternatives Economiques : "Tout se passe comme si l’espèce humaine avait choisi de mener une vie brève mais excitante, laissant aux espèces moins ambitieuses une existence longue mais monotone".

Le temps est venu de réfléchir à d’autres modes de civilisation, d’autres codes, d’autres morales — et vite. Sinon, nous risquons de nous les voir imposés par le cours naturel des choses… sans avoir eu voix au chapitre.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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