La Chronique Agora

FESF et dette des Etats : des progrès millimétriques, des incertitudes kilométriques

▪ Sur quoi le sommet européen des « 17 » débouchera-t-il ? Nous n’en savons rien. Ce que nous comprenons en revanche, c’est que les discussions du week-end à Bruxelles ont mené à l’impasse.

Décryptons les déclarations de Nicolas Sarkozy.

Chacune d’entre elles en dit assez long sur l’impossibilité de parvenir à un compromis : « les choses progressent, les hypothèses se resserrent, un assez large accord se dessine sur le renforcement du Fonds européen de stabilité financière… mais cela va nécessiter encore de longues heures de discussion ».

Difficile de se montrer plus vague sur l’avancée des dossiers, un accord s’esquisse seulement… et il est loin de faire l’unanimité.

« Assez large », c’est bien inférieur à « très large ». La France serait la grande perdante au cas où la BCE ne serait pas impliquée dans la mise en oeuvre du FESF, ce qui — hélas — risque fort d’être le cas.

En ce qui concerne les « longues heures de discussions », il faut comprendre : tendues, âpres et harassantes… Les progrès sont « millimétriques », selon des experts de Bruxelles.

« La détermination de la chancelière et de moi-même est totale pour apporter des réponses ambitieuses et durables ». Du vent, du vide, une baudruche sémantique et lexicale. Ce que les observateurs ont noté, c’est que la chancelière Angela Merkel s’est montrée intraitable face aux pressions de Nicols Sarkozy, écartant le principe d’un adossement du FESF auprès de la BCE.

« Ce n’est pas aux chefs d’Etat et de gouvernement de donner quelque instruction que ce soit à la BCE, qui est indépendante », déclare le président français.

Comprendre : cette situation fait enrager l’Elysée depuis des années. La BCE a coulé la croissance de l’Europe au nom de l’impératif d’une monnaie forte — cette dernière ne faisant l’affaire que de l’Allemagne et précipitant ses partenaires du sud de l’Europe dans les déficits commerciaux et la récession.

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Cette évidence transparaît dans cette mise au point : « aucune solution n’est viable si elle n’a pas le soutien de toutes les institutions européennes ».

La seule parmi les « toutes » qui n’est pas impliquée dans le FESF, c’est justement la BCE. Son rôle devrait pourtant être central (mais on comprend maintenant que cela ne serait pas le cas du fait du refus allemand) dans la prise en pension des dettes garanties — partiellement — par le futur MSE (Mécanisme de stabilité européen).

▪ Sans la sécurisation de la totalité des futures dettes émises, les banques se montreront réticentes à participer aux émissions de tout pays faisant l’objet d’une dégradation de notation ou d’attaques spéculatives. Les adjudications de bons du Trésor risquent de continuer de mal se dérouler, comme cela se produit régulièrement depuis six mois.

Retour à la case départ… et de Nicolas Sarkozy en France qui zappait le dîner des « 17 ». Il suffisait de regarder l’attitude corporelle de Nicolas Sarkozy, la bouche de travers, et celle d’Angela Merkel, avançant presque à reculons vers le micro pour une conférence de presse ayant comme seul objet de faire figurer les deux dirigeants sur la photo.

Ils n’avaient rien à dire ; c’est pourquoi ils sont restés muets sur les « avancées » des 48 heures écoulées : aucun élément concret n’a été évoqué devant les caméras.

D’autres pays en revanche ont des choses à dire. Il s’agit de ceux qui n’étaient pas conviés à Bruxelles et qui s’agacent du fait que le tandem franco-allemand décide désormais de tout — et de la reconfiguration des traités européens — sans consulter leurs partenaires.

Les « petits » pays (Pologne, Finlande, Slovénie et même Pays-Bas) se sentent méprisés et marginalisés. Ils sauront peut-être se rappeler au bon souvenir des grands d’Europe lorsque ceux-ci leur demanderont de ratifier ce qu’ils auront manigancé dans leur coin.

▪ Compte tenu de tout ce qui précède et de l’absence évident de décisions allant dans le sens de ce que souhaitaient les marchés, il semble évident que les 2,8% à 3,5% gagnés vendredi avaient pour principal objet d’éloigner les indices européens d’une zone de rupture (tutoyée en début de matinée vendredi) en cas de déception.

S’il y avait un véritable courant acheteur, les indices ne se seraient pas envolés dans des échanges d’une étroitesse digne d’un 15 août. Cela malgré le surcroît d’activité apporté par l’expiration des contrats mensuels sur actions et indices (journée des « Trois sorcières »).

La « main invisible » avait donc actionné ses grosses ficelles à la veille du week-end. Avec quelques jours de recul, il apparaît que le scénario était manifestement écrit d’avance.

Les indices américains devaient terminer au plus haut, avec la mise de fonds minimum. Un exploit rendu possible par de puissants algorithmes qui « tournent du papier » à haute fréquence pour compenser l’absence de volumes à l’achat.

Ce n’est qu’une répétition d’un scénario bien rôdé depuis une dizaine de séances, où les résistances sont systématiquement franchies ou enfoncées comme par miracle à une poignée de minutes du coup de cloche final. Cela piège successivement les acheteurs puis les vendeurs qui suivent leurs signaux techniques avec un certain aveuglement.

Si le bilan du sommet de Bruxelles avait été positif, les non-initiés auraient joué le rôle des bataillons de réservistes volant au secours de la victoire… permettant aux manipulateurs des marchés prendre des bénéfices sur le fait accompli.

▪ Il reste maintenant peu de temps pour poser les bases d’accords qui engagent l’ensemble des pays de l’Eurozone, avec la coopération de la BCE et du FMI alors que les divergences demeurent considérables.

Sans compter le temps nécessaire pour que les 17 Parlements ratifient (unanimement ?) une perte de souveraineté et une série d’engagements financiers aux conséquences difficilement chiffrables.

Nous sommes largement convaincu que les 107 à 108 milliards d’euros évoqués pour la recapitalisation des banques européennes (qui vont faire une croix sur 180 milliards d’euros de valeur de la dette grecque et qui s’interrogent sur celle de la dette espagnole) ne vont pas tarder à s’avérer insuffisants.

C’est ce que montreront les prochains stress tests s’ils sont conçus de manière à faire éclater « la vérité des choses »… Une expression devenue très à la mode ces derniers jours — preuve que la vérité en question reste cachée 99% du temps sous une épaisse carapace de mensonges.

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