La Chronique Agora

La Fed veut l’inflation… mais la déflation persiste !

▪ Le Dow a grimpé de 292 points hier. Les investisseurs ont accueilli l’annonce de la Fed comme des enfants apercevant le Père Noël. Ils se sont frotté les yeux et ont vu un gros cadeau sous l’arbre de Noël : pas de vrai tapering… ou pas de sitôt, en tout cas.

Comme l’a dit Ben Bernanke, "une politique monétaire très accommodante reste appropriée".

C’est un peu comme ObamaCare et la Guerre contre la Terreur — conçus pour faire passer la richesse des masses vers les initiésfavorisés par les autorités. Et hier, la Fed a annoncé que l’escroquerie allait continuer. Elle a fait passer l’injection mensuelle d’assouplissement quantitatif de 85 milliards à 75 milliards de dollars, mais nous a aussi dit que le cash continuerait de couler encore plus longtemps qu’on le croyait.

En tant que "philosophe phinancier"… nous trouvons ce spectacle assez miteux et tape-à-l’oeil. Non seulement ce programme fait passer le revenu du public vers les initiés, mais il masque les véritables problèmes de l’économie, et étouffe les vraies corrections.

Le Wall Street Journal s’inquiétait cette semaine de ce que "l’inflation basse met à l’épreuve les banques centrales de la planète".

La plupart des gens aiment quand les prix baissent. Ils sont heureux de voir qu’ils peuvent acheter plus de ce qu’ils veulent avec moins de ce qu’ils ont. Mais les banquiers centraux et les économistes prennent cela comme un problème en quête de solution. Sans hausse des prix… comment vont-ils faire continuer l’escroquerie ?

▪ Les "bienfaits" de l’inflation
Les banques centrales comptent sur l’inflation pour continuer à faire bouillir la marmite économique… et rôtir le public. Les prix plus élevés poussent les consommateurs à dépenser plutôt qu’épargner. Et la hausse des prix réduit la valeur des salaires. La baisse des coûts de main-d’oeuvre pousse ainsi les entreprises à embaucher… améliorant à la fois l’emploi et les dépenses de consommation.

La baisse des prix, en revanche, est une menace. Elle fait grimper les salaires réels… et pousse les ménages à épargner au lieu de dépenser. C’est pour cette raison que les banques centrales se donnent tant de mal pour faire remonter les niveaux d’inflation. La déflation met des bâtons dans les roues de leur fantasme consistant à "emprunter, emprunter, emprunter… dépenser, dépenser, dépenser".

Pour l’instant, c’est un échec. L’inflation aux Etats-Unis est sur une trajectoire descendante depuis 33 ans. Actuellement, les prix grimpent à leur rythme le plus lent depuis 2008 — qui était un niveau plancher depuis un demi-siècle. En novembre, les augmentations de prix à la consommation core atteignaient tout juste 1,2%.

En Europe, le chiffre est encore plus bas — sous les 1%. Quant au Japon, il lutte contre la déflation depuis des années. Les autorités japonaises se sont engagées à faire grimper l’inflation jusqu’à 2%. Pour l’instant, elles sont "à mi-chemin", déclare Haruhiko Kuroda, qui dirige la Banque du Japon.

▪ Les vraies raisons de la déflation
Pourquoi cette inflation basse ? Personne ne le sait avec certitude. Mais c’est probablement un ensemble de choses : on mentionne souvent le vieillissement de la population dans le monde développé et la production à bas prix en provenance de Chine.

On parle moins souvent de l’interférence des décideurs politiques. Comme nous l’avons noté hier, en faisant passer plus de richesse vers les riches, les autorités prennent l’argent des mains de buveurs assoiffés et le donnent à des gens sobres comme des chameaux. Les riches ne dépensent pas plus lorsqu’ils mettent la main sur l’argent. Ils ont déjà les maisons, les télévisions et les automobiles qu’ils veulent. Prendre l’argent des 90% du bas pour donner aux 10% du haut réduit en fait la demande… maintenant donc les prix au plancher.

On ne parle pas non plus de l’effet des taux d’intérêt bas sur les revenus. Les épargnants — en particulier les retraités — dépensent une bonne partie des intérêts qu’ils gagnent. Réduire ces taux leur laisse moins d’argent à dépenser.

Quant à l’économie morose et paresseuse, elle aussi est la conséquence du refus des autorités de laisser se produire une véritable correction. Cela laisse les ménages avec moins de bons emplois et des salaires plus bas. C’est là que ça fait vraiment mal. Comme nous l’avons déjà mentionné, examinez 10 ménages américains au hasard. Neuf d’entre eux ont moins d’argent à dépenser aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Et l’individu moyen en âge de travailler a souffert encore plus. Selon l’étude de la Brookings Institution, son salaire réel est désormais inférieur aux niveaux de 1964. En 1974, l’individu moyen gagnait près de 350 $ par semaine en dollars de 1982 constants. Aujourd’hui, le chiffre est proche des 290 $.

Ouille. Vous voulez savoir pourquoi les prix grimpent ? La réponse est simple : la plupart des gens n’ont pas d’argent à dépenser.

A qui la faute ? Aux autorités, en majeure partie.

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