La Chronique Agora

Pourquoi la Fed DOIT continuer à gonfler la bulle du crédit

▪ L’un des défauts les plus désagréables de l’être humain, c’est la modestie.

Il hésite à s’engager.

"Je ne sais pas"… dit-il. "Je suppose"… commence-t-il. "Peut-être", nuance-t-il.

"Donc tu ne sais rien ?" lui demande son épouse exaspérée lors du dîner.

"Probablement pas", répond-il. "Mais je n’en suis pas sûr".

Des certitudes incertaines
Les marchés enseignent la modestie. Les jeunes investisseurs peuvent être confiants. Les plus âgés le sont rarement. Ils se rappellent plutôt les décisions qui ont mal tourné… et toutes les certitudes qui se sont révélées incertaines.

Pour chaque dollar gagné parce qu’ils étaient certains qu’une valeur allait grimper… ils se rappellent le dollar perdu lorsqu’elle n’a pas grimpé du tout. Et ils n’oublieront jamais "l’ami" qui leur a proposé "une occasion extraordinaire".

Un jeune investisseur termine chacune de ses phrases par un magistral point final. Un investisseur âgé utilise tant de points d’interrogation que la touche "?" est presque invisible sur son clavier.

Et donc… dans cet esprit d’humilité irritante… nous mettons en doute notre propre point de vue.

Que se passe-t-il vraiment, nous demandons-nous ?

Que se passe-t-il vraiment, nous demandons-nous ?

Immédiatement, une pensée inconfortable s’impose : peut-être que nous avons tort.

▪ Oui, mais à quel sujet ?
L’argent créé post-1971 a un sérieux défaut : contrairement à la devise adossée à l’or qui l’a précédé, cette nouvelle monnaie n’a pas de limites naturelles.

Les banques qui la contrôlent peuvent en créer quasiment autant qu’elles le souhaitent. Les seules contraintes sont imposées par les régulateurs bancaires et la banque centrale — la Fed.

Les banquiers, étant humains, peuvent faire des erreurs… surtout quand ça leur arrondit les poches. Ils font des profits en prêtant de l’argent à partir de rien. Le nouveau système, à mesure qu’il évoluait, leur a permis de prêter plus que jamais… y compris des milliers de milliards de dollars que personne n’avait gagné… ni épargné.

Voilà pourquoi les banques américaines n’offrent plus de primes aux gens qui ouvrent de nouveaux comptes. Elles ne se soucient plus des déposants.

Ce qu’elles veulent, ce sont des emprunteurs… et le secteur tout entier s’est consacré à l’invention de moyens de prêter de l’argent fictif à des gens qui ne peuvent pas le rembourser.

Résultat ?

Environ 45 fois plus de dette aujourd’hui qu’aux débuts de ce nouveau système monétaire

Environ 45 fois plus de dette aujourd’hui qu’aux débuts de ce nouveau système monétaire.

Cette gigantesque accumulation de dette a financé une bonne partie du monde que nous connaissons aujourd’hui :

– La "financiarisation" de l’économie.

– L’ascension du Deep State, l’Etat profond.

– Le développement rapide de la Chine et les 10 000 milliards de dollars de déficit commercial des Etats-Unis. La hausse du Dow, de moins de 1 000 points en 1982 à plus de 17 000 actuellement. La perte de l’industrie manufacturière aux Etats-Unis et ailleurs… le déclin de la classe moyenne… et l’enrichissement de l’industrie financière.

Toutes ces choses sont les conséquences d’un boom du crédit rendu possible par le système monétaire "papier" post-1971.

▪ Des bulles qui enflent sans arrêt
Est-ce bien ? Est-ce mal ?

Nous n’en savons rien.

Mais nous avons une hypothèse : pour maintenir le style de vie auquel nous nous sommes habitués, cette bulle du crédit doit continuer à gonfler.

L’économie que nous tenons désormais pour acquise en dépend. Le crédit a permis aux gens de dépenser plus qu’ils ne gagnent — année après année.

Les revenus médians des ménages américains — lorsqu’on tient compte de l’inflation — sont en baisse depuis le début du 21ème siècle. Le citoyen moyen a moins de chances d’avoir un emploi à plein temps qu’à tout autre moment de l’histoire.

Sans crédit supplémentaire, le système toute entier se ratatine comme une limace desséchée

Sans crédit supplémentaire, le système toute entier se ratatine comme une limace desséchée. Mais voilà le problème : la dette ne peut pas se développer éternellement.

Ce problème a été abordé il y a bien longtemps par les économistes de l’école autrichienne. Ils affirmaient qu’un boom nourri par "du crédit dépassant l’épargne réelle" était factice… qu’il ne faisait qu’accaparer les ressources à venir… et qu’un krach égal et opposé finirait par se produire.

Les prêts doivent être remboursés. Lorsque c’est le cas, l’argent né lorsqu’il a été emprunté revient à son point d’origine. Le boom se transforme en krach.

Nous attendons le krach. Nous l’avons vu venir en 2007, lorsque les niveaux de dette du secteur immobilier atteignaient un sommet.

Et nous avons anticipé la réaction de la Fed — plus de crédit facile.

Dette étudiante, dette automobile, dette énergétique, dettes des entreprises, rachats d’actions, fusions-acquisitions… L’économie titube sous ce poids.

Aujourd’hui, nous attendons encore, nous demandant modestement jusqu’à quand ce système pourra durer.

Avons-nous tort ?

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