Janet Yellen avertit d’un potentiel shutdown budgétaire aux Etats-Unis, mais rejette une interdiction des ventes à découvert…
La secrétaire au Trésor Janet Yellen a pris la parole ce lundi au sujet du plafond de la dette, dans une courte interview de 10 minutes et au ton alarmiste accordée à CNBC.
Elle s’est exprimée quelques heures seulement après la Fed, qui s’emploie pour sa part à rassurer tout le monde à grands coups de « le système bancaire américain reste sain et résilient, l’économie américain se montre plus solide que prévu ».
Les défauts sur les crédits progressent lentement ; les petites entreprises apparaissent un peu plus sous pression. Mais rien d’alarmant. Les seules banques en difficulté sont celles ayant négligé de mettre les moyens suffisants dans le contrôle du risque.
Pas de panique
Les commentateurs sur CNBC font cependant état de pertes latentes sur les encours de bons du Trésor détenus par les banques atteignant 2 000 Mds$. Ces pertes ne figurent actuellement dans aucun bilan, mais les actionnaires des banques et les déposants ne veulent pas attendre qu’elles apparaissent au grand jour et prennent leurs jambes à leur cou, sans attendre que le diagnostic d’une banqueroute devienne officiel.
Joe Biden de son côté va s’entretenir avec les leaders des formations politiques des deux chambres du Congrès pour tenter d’éviter que le pays lui-même fasse banqueroute. Il compte faire avancer les pourparlers afin de parvenir à un accord sur l’extension du plafond de la dette américaine en s’appuyant notamment sur les interventions de Janet Yellen dans les médias.
Un jeu de rôle désormais bien rôdé avec un président qui en appelle au « sens des responsabilités au-delà des clivages partisans » et sa secrétaire au Trésor qui vient clamer à la télé qu’une catastrophe économique menace les Etats-Unis si le Congrès ne parvient pas à trouver un compromis.
Ce faisant, elle se borne à répéter mot pour mot ce qu’elle avait déclaré une semaine auparavant.
Un discours alarmiste qui ne parvient pas à ébranler la sérénité affichée par Wall Street : les cadors de Manhattan Sud parient que ce psychodrame quasi-annuel depuis 25 ans se terminera comme d’habitude par un accord trouvé à 23h58 le 31 mai, la deadline se situant à minuit dans la nuit du 1er juin.
La fin des ventes à découvert ?
Les cambistes ne semblent pas plus inquiets, alors que Janet Yellen rappelle qu’un shutdown budgétaire compromettrait la position du dollar comme monnaie de réserve mondiale…
Un argument qui peine à faire mouche, comme si les détenteurs de billet vert n’avaient pas remarqué le récent ralliement d’une vingtaine de pays à un système de transactions commerciales bilatérales adossé au yuan, sans parler des achats de pétrole libellés dans cette devise auprès de l’Arabie saoudite (après l’Iran et la Russie).
Nous n’aurions pas évoqué le passage de Janet Yellen à CNBC pour vous infliger les banalités qu’elle débite depuis 6 mois. Il y a eu un passage intéressant lors de son intervention, lequel concernait l’éventuelle interdiction des ventes à découvert visant les banques en situation de vulnérabilité : sans surprise, elle a précisé qu’une telle décision relevait de l’autorité du régulateur, c’est-à-dire de la SEC, et pas de la sienne.
Mais le point important, c’est qu’elle affirme ne pas être convaincue que cette stratégie donne de bons résultats.
Il est intéressant de noter que celle qui comme son prédécesseur Ben Bernanke a passé son temps à la tête de la Fed à subvertir les lois du marché, doute qu’une nouvelle tricherie – qui a déjà fait ses preuves fin 2008 – devrait être écartée… alors qu’elle déploie toute son énergie depuis 6 mois à faire accepter la plus grande tricherie qui soit, c’est-à-dire repousser de 1 500 à 2 000 Mds$ le plafond de la dette, ce qui revient à créer autant de dollars à partir de l’air ambiant.
Pour résumer : le faux monnayage éternel et à grande échelle, c’est oui ; le bidouillage temporaire des règles du jeu à Wall Street, c’est non.
Un peu comme si respecter scrupuleusement la priorité à droite permettait de compenser le fait que l’on grille tous les stops et qu’on n’hésite pas à prendre les autoroutes monétaires à contresens !