La Chronique Agora

Faillites, défauts et appels de marge

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Quel sera le meilleur signe avant-coureur d’une rentrée en récession aux Etats-Unis, puis dans le reste du monde ?

Qu’est-ce qui vous empêche de dormir ? Vos factures, les prix de l’essence, les marchés actions, la possibilité d’une guerre nucléaire ?

Beaucoup d’investisseurs craignent l’inflation. Les derniers chiffres, pour août, se montent à 8,3% aux États-Unis, 9,1% en Europe et 5,8% en France. Ce sont les niveaux les plus élevés que l’on ait vus depuis quarante ans.

Et ces chiffres ne prennent en compte que partiellement les conséquences des hausses de prix liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a débuté le 24 février.

Oui, l’inflation est préoccupante mais dans l’immédiat, les marchés financiers affrontent de plus graves menaces : faillites, défauts et appels de marge.

Si les titres baissent, ceux qui ont emprunté pour les acheter reçoivent un appel de marge, leur demandant de couvrir le montant de leur prêt non couvert par la valeur des titres. Ce qui les amène à vendre des titres, et fait baisser le marché.

C’est un sujet dont personne ne parle, mais qui devrait nous tenir en alerte. La plupart des grandes paniques financières démarrent dans les sombres recoins du système financier. Lorsque les événements arrivent sous les projecteurs de l’actualité, il est déjà trop tard.

Nous allons probablement être confrontés à de fortes poussées d’inflation, comme aujourd’hui, suivies de baisses brutales. Les négociants, les entrepreneurs et les investisseurs chahutés dans ces changements brutaux affronteront de lourdes pertes.

Marché obligataire et défauts potentiels

Nous ne devons pas oublier que les taux d’intérêt ont été distordus par les déséquilibres de l’économie mondiale et sont encore à des niveaux anormalement bas, même après les récentes hausses.

Ceci signifie que des prêts de milliers de milliards de dollars ou d’euros sont refinancés à des taux très faibles. Mais, lorsque les taux d’intérêt montent, l’effet des intérêts composés revient en jeu et la dette s’alourdit.

Début mars, la Réserve fédérale a sorti son rapport trimestriel sur la situation financière de l’économie américaine, le rapport Z.1. Nous pensons que les chiffres qui y figurent seront un jour cités dans les livres d’Histoire comme le sommet de la plus gigantesque bulle de la dette et expérimentation monétaire.

Par exemple, les crédits hypothécaires américains se sont accrus de 378 Mds$, la plus forte progression depuis le troisième trimestre 2006. Ils dépassent désormais les 18 000 Mds$.

Le montant total de titres de dettes a gonflé de 1 300 Mds$ durant le quatrième trimestre 2021 pour atteindre un record de 56 000 Mds$.

Les marchés actions et obligataires capitalisent au total 136 000 Mds$, soit 568% du PIB américain. Pour mémoire, les sommets précédents étaient de 387% au troisième trimestre 2007, avant l’effondrement du crédit subprime, et 368% au premier trimestre 2000, avant l’effondrement de la bulle internet.

L’indicateur pétrolier

Début mars, la Fed a cessé d’ajouter à la taille de son bilan. Personne ne peut anticiper ce qu’il adviendra lorsque la Fed réduira sa position en bons du Trésor et créances hypothécaires – au milieu d’une bulle de crédit. Cela ne s’est jamais encore produit, mais nous avons une petite idée.

Cela va poser aux investisseurs des problèmes d’une ampleur encore jamais vue et un ralentissement massif de l’activité économique. Les banques centrales vont à nouveau changer d’avis et créer encore et toujours de la monnaie.

Ces tensions entre déflation (réduction de l’endettement) et inflation seront très difficiles à anticiper.

Le marché du pétrole peut nous servir d’indicateur. La Russie a envahi l’Ukraine le 24 février. Le tracker américain Oil Fund (symbole USO) était alors à 66 $. Il a rapidement bondi à 86 $ avant de rechuter à 69 $, puis est remonté lentement jusqu’à 92 $ en juin… et redescend depuis.

Toute chute de cet indice sous les 66 $ – le prix d’avant la guerre en Ukraine – serait un signe avant-coureur de rentrée en récession.

Oui, l’inflation est certainement un risque, mais dès que les gros titres et les experts nous disent que c’est, selon eux, le risque principal, alors nous devrions prêter attention à autre chose.

En ce moment, nous ignorons les gros titres sur l’inflation et notre stratégie d’investissement consiste à nous positionner pour une récession et un marché baissier des actions.

Notre propre stratégie sera de réduire nos liquidités pour accroître notre exposition aux biens tangibles ou aux sociétés qui les produisent.


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