▪ Il y a quelques jours, l’Espagne a révélé que son déficit budgétaire serait un poil plus important que prévu — 8% du PIB, au lieu des 6% attendus. S’excusant au nom de l’Espagne, le vice-président de la Commission européenne, Olli Rehn, a déclaré « regretter cet important dérapage budgétaire ».
Ce commentaire ressemble étrangement à celui du ministre des Finances grec, Evangelos Venizelos, prononcé trois mois plus tôt pour décrire les prévisions à la baisse du déficit budgétaire de son pays. « Nous procédons à un ajustement pour raison d’aggravation », expliquait alors le ministre grec. Le déficit, qui était supposé totaliser le pourcentage important de 7,6% du PIB pour l’année fiscale 2011-2012, a « dérapé » pour atteindre 8,5%.
« L’ajustement pour raison d’aggravation » est à la dernière mode chez les gouvernements… et il coûte cher. « Les gouvernements des grandes économies mondiales ont plus de 7 600 milliards de dollars de dette arrivant à échéance cette année », rapporte Bloomberg News, « et la plupart doivent faire face à une hausse du coût des emprunts ».
Le Japon et les Etats-Unis représentent les parts les plus importantes de cette facture de refinancement, comme le montre le graphique ci-dessous. En Europe, l’Italie est le pays qui a la plus grosse dette arrivant à échéance cette année. Les Italiens doivent parvenir à réunir près de 500 milliards de dollars en 2012 pour honorer les obligations arrivant à échéance. Après l’Italie, c’est la France qui détient la plus grosse dette arrivant à échéance en Europe, avec 367 milliards de dollars, suivie par l’Allemagne à 285 milliards de dollars.
Mais ces chiffres ne révèlent qu’une partie de cette triste histoire. 7 600 milliards de dollars sont nécessaires pour rembourser les obligations arrivées à échéance, plus les intérêts courus. Ce compte n’inclut pas les nouveaux emprunts nécessaires pour colmater les déficits gouvernementaux massifs. Après avoir ajouté les nouveaux emprunts au total des obligations arrivant à échéance, le financement total nécessaire en 2012 sera de plus de 10 000 milliards de dollars.
C’est beaucoup. Mais il y a plus. Les coûts d’emprunt grimpent en flèche pour les gouvernements qui peuvent le moins se le permettre. Ainsi, le gouvernement italien doit payer 6,62% par an pour emprunter de l’argent sur 10 ans — un taux d’intérêt environ 40% plus élevé que le taux de 4,75% que les Italiens payaient il y a un an pour emprunter de l’argent sur 10 ans.
▪ Une question de confiance avant tout
Un « important dérapage budgétaire » n’est pas systématiquement cher… comme en témoigne la chute des taux d’intérêt sur les titres du Trésor US. Mais cela coûte très cher aux pays qui ont perdu la confiance des investisseurs.
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Les emprunteurs souverains européens se retrouvent divisés en deux camps : ceux qui ont la confiance des investisseurs et ceux qui ne l’ont plus. Ainsi, parce que l’Italie et le Portugal n’ont pas la confiance des investisseurs obligataires, ces deux pays n’ont pas non plus d’acheteurs pour leurs obligations à des taux d’intérêt bas. Résultat : les rendements des obligations italiennes et portugaises s’envolent, alors même que les rendements obligataires de l’Allemagne, des Etats-Unis et d’autres émetteurs « de qualité » chutent. De façon étonnante, les rendements des titres à 10 ans allemands et américains sont tous deux en baisse de plus de 40% en moyenne annuelle.
Lorsque la nouvelle de la dégradation par S&P a été connue vendredi dernier, la plupart des actions et des obligations européennes se sont négociées à des coûts moindres. Seule exception : l’obligation d’Etat allemande à 10 ans, qui a haussé à la nouvelle — faisant baisser le rendement à un plus bas record de 1,76%.
En tant que dernier emprunteur souverain « AAA stable » de l’Eurozone, les obligations de l’Etat allemand attirent une forte demande en recherche de sécurité — une tendance sous-jacente depuis plusieurs mois. Mais tandis que les coûts d’intérêt de l’Allemagne s’effondrent, bon nombre de pays européens doivent faire face à des coûts d’intérêt qui augmentent rapidement… et pour une bonne raison.
Les taux d’intérêt italiens augmentent parce que l’Italie est à court d’argent. Comme beaucoup d’autres nations occidentales… y compris les Etats-Unis. En fait, ces derniers ont malheureusement fait la une des journaux en annonçant que leur ratio dette/PIB atteignait 100%, comme la Grèce. La somme ahurissante de la dette américaine, de 15 000 milliards de dollars, n’est certes peut-être pas fatale, mais ce n’est pas le genre de gros titres qu’il est agréable de lire dans les pages du New York Times.
Le Trésor US doit espérer qu’Oscar Wilde avait raison lorsqu’il disait : « qu’on parle de vous, c’est affreux. Mais il y a pire : qu’on n’en parle pas ».
Toutefois, l’adaptation de la citation d’Oscar Wilde par l’écrivain irlandais Brendan Behan serait plus pertinente concernant la dette américaine ou les bons du Trésor US : « il n’y a pas de mauvaise publicité… mise à part votre notice nécrologique ».