▪ Votre correspondante va devoir faire court, aujourd’hui, pour cause d’interruptions de réseau informatique. J’écris ces quelques lignes entre deux coupures… en espérant que le système tienne assez longtemps pour parvenir au bout de ma missive !
Mais, me direz-vous, ça tombe bien : justement, il ne se passe pas grand-chose sur les places boursières en ce moment.
Il ne se passe même rien… à part peut-être la course à la hausse injustifiée que décrit — et déplore — Philippe Béchade depuis des semaines.
« Cela devient une routine quotidienne depuis le 16 novembre dernier », nous disait-il hier. « Vous pouvez inscrire n’importe quel gros titre à la une des journaux : évoquer le ciel bleu comme la tempête… les comptes truqués de la Deutsche Bank comme le pseudo-sauvetage des banques espagnoles à 40 milliards d’euros, les indices poursuivent leur ascension ».
▪ Intéressons-nous alors peut-être sur d’autres marchés ? Olivier Anger, nouveau rédacteur en chef de Vos Finances, s’est penché cette semaine sur les devises — et plus précisément sur le cas de l’euro/dollar.
« C’est un sujet passionnant parce qu’il est paradoxal », explique Olivier. « En principe, la force des devises est liée à leur économie sous-jacente. Or, les perspectives européennes inquiètent plus que d’autres régions dans le monde, ce qui devrait contribuer à faire baisser la valeur de l’euro, et au passage soulager le manque de compétitivité de la zone ».
« Mais les marchés ont tendance à suivre une logique court termiste bien différente, et au grand dam de l’Europe, les indices montent quand l’euro monte parce que cela traduit à la fois un regain de confiance dans la zone, et une meilleure appétence pour le risque ».
« Cela est d’autant plus vrai dans la perspective d’une politique ultra-accommodante des autorités japonaises et de la baisse du yen. A ce titre on peut véritablement parler d’une guerre des monnaies et des compétitivités à laquelle l’Europe semble bien mal préparée ».
▪ Mais peut-être que les Etats-Unis sont en train de tisser la corde avec laquelle ils finiront par se pendre… Leur avantage à court terme — un dollar faible — pourrait leur échapper et se transformer en un piège mortel.
« Parfois, un krach vaut mieux qu’un boom », disait notamment Bill Bonner cette semaine. « La Grèce […] a pour intention de se rendre là où bon nombre d’autres pays sont allés par le passé. Elle veut continuer à dépenser plus qu’elle ne peut se permettre pendant aussi longtemps que possible ».
« Mais les pauvres Grecs ont les Allemands sur le dos. Ils ne peuvent pas simplement imprimer plus de devises. Ils n’ont pas leur propre banque centrale. Ils utilisent l’euro… qui est encore dominé par les banquiers allemands. Alors si les Grecs veulent s’endetter plus encore, ça ne se fera qu’avec la complicité des prêteurs… qui commencent à devenir méfiants. La Grèce est tombée en panne dans le territoire du krach ».
« Les Etats-Unis n’ont pas ce genre de problèmes. Les Etats-Unis ne sont pas la Grèce. Ils pourront aller là où ils vont… grâce à leur propre banque centrale et aux illusions des prêteurs un peu partout ».
« Tant que la Fed imprimera, les Etats-Unis pourront garder le cap, appuyer sur le champignon et s’enfoncer de plus en plus profondément dans le pays dont personne ne revient solvable ».
« Les prêteurs ne les arrêteront pas. L’Allemagne ne les arrêtera pas. La ‘falaise fiscale’ ne fera que les ralentir ».
« Les Etats-Unis iront jusqu’au bout, prédisons-nous, jusque dans les mâchoires mêmes de l’enfer ».
Toute la question est de savoir où sera l’euro à ce moment-là…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora