La Chronique Agora

Les Etats-Unis, tigre de papier

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La puissance des Etats-Unis se voit de plus en plus remise en cause, et pas seulement par la Russie. Le principal pilier de cette puissance, le dollar, s’effrite en parallèle, à mesure que la confiance que le monde lui porte disparaît.

La Russie a compris que le fondement de la puissance américaine c’est le dollar. Le dollar n’est pas fort parce que les Etats-Unis sont forts, c’est l’inverse : ils sont intrinsèquement faibles, mais grâce au fétiche dollar, ils semblent forts.

Poutine a compris que les USA sont un tigre de papier et que, ce papier, c’est le dollar !

Mettez-vous à la place des Chinois qui ont une créance de plus de 1 000 Mds$ sur les USA, créance quasi inconvertible, dont ils savent maintenant – mais ils le savaient avant –, qu’elle ne vaut rien dans une optique stratégique !

Quelle est votre monnaie ?

L’or est la monnaie des rois, l’argent la monnaie des classes moyennes et le papier la monnaie des exploités, des prolos. La monnaie de plastique est la monnaie des esclaves, ou bien la monnaie Club Med, des gentils membres.

La monnaie n’est une vraie monnaie – synonyme de choix et de liberté personnelle dans l’espace et dans le temps – que si elle ne dépend du bon vouloir de personne, si sa valeur est intrinsèque.

Et sous cet aspect, seules les monnaies-valeur d’usage comme le pétrole, les matières premières, etc., valent en tant que monnaie.

L’or est l’équivalent général concentré des valeurs d’usage depuis des siècles. L’or est une empreinte dans notre esprit. L’or est un archétype, logé dans la tête des gens. C’est ce qui en fait l’équivalent général des valeurs d’usage, des valeurs d’échange, des valeurs désirs.

Les monnaies actuelles n’en sont pas, ce sont des jetons comme les cryptos. Elles reposent sur la confiance sous diverses formes – que ce soit une confiance morale, politique, économique ou technologique.

Des signes reconnus et accaparés

Les jetons, les monnaies fiduciaires, sont une dérive de l’accaparement « des signes monétaires reconnus par le public » par les élites. Par ceux qui sont, à un moment donné, les plus forts.

Fondamentalement, une monnaie d’Etat est déjà une extorsion, un transfert de pouvoir attaché à un bien commun vers une classe de kleptocrates qui pille ce bien commun. Cette classe de kleptocrate opère sous le masque de l’Etat-système, qui partout et de tous temps a toujours dégénéré en clique.

Ayant accaparé ces signes et le pouvoir de les émettre, ils ont aussi le pouvoir de vous en priver ou d’en rogner la valeur, ou d’en diriger l’usage.

L’argent étant le nerf de la guerre et du pouvoir, ils ont compris qu’il fallait d’une part faire glisser la monnaie d’un en-soi intrinsèque vers quelque chose de fiduciaire, puis d’autre part d’en confisquer l’émission et finalement d’en contrôler l’usage.

Ayant le contrôle total de la monnaie, ils ont le contrôle total de ce que l’on peut faire avec de la monnaie : des armes, des mouvements, des organisations, des rebellions, des comportements individuels. La monnaie est le complément de la tyrannie. C’est ce qui est en train d’être démontré.

Confiscation

Une vraie monnaie est l’équivalent de tous les désirs présents et futurs. En confisquant la monnaie, ils en ont abusé et s’en sont servi comme nouveau moyen d’exploitation.

Ils l’ont fait en trichant sur l’émission inflationniste de monnaie, en restreignant les libertés attachées à la monnaie, en contrôlant ce que vous en faites et maintenant en se donnant le droit de la répudier ou de la confisquer.

Les puissants veulent une monnaie personnalisée, c’est le but de la monnaie de plastique et des monnaies numériques de banque centrales qu’ils étudient. Ils veulent pouvoir fermer le robinet de votre pouvoir d’achat, sélectionner par le biais de la monnaie qui peut faire ceci ou qui peut faire cela.

Ce qui s’est passé au Canada, où l’on a coupé les possibilités d’accéder à la monnaie à des rebelles, est le complément parfait interne, de ce qui vient de se passer pour la Russie au plan externe.

Le système est en train de montrer qu’il détient le pouvoir monétaire total et qu’en vous privant de l’accès à votre monnaie, il a les moyens de vous faire obéir.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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