La Chronique Agora

Etats-Unis : un pays perdu ou en transformation ?

Aujourd’hui, les Etats-Unis semblent se chercher, pris entre les appels à un pays plus homogène et une politique industrielle marquée par une foi renouvelée dans la technologie et l’argent public.

Aujourd’hui, nous retournons à nos racines, mais retombons également dans les ornières d’une nation qui semble avoir perdu son chemin. La cause immédiate de ce retour en arrière réside dans les appels de plus en plus fréquents demandant aux Etats-Unis de se transformer en un pays radicalement différent.

Selon le vice-président J.D. Vance, les Etats-Unis ne devraient pas être ouverts à tous, mais à un « peuple particulier » porteur d’un programme spécifique, celui qui correspond à sa propre vision de l’Amérique.

TPM rapporte :

« ‘Identifier l’Amérique uniquement par l’adhésion aux principes de la Déclaration d’indépendance, disons, c’est une définition à la fois trop inclusive et trop restrictive’, a déclaré Vance.

Selon lui, une telle approche ‘inclurait des centaines de millions, voire des milliards de citoyens étrangers’ qui adhéreraient aux principes de cette Déclaration, aboutissant à ce qu’il qualifie de ‘logique de l’Amérique en tant que nation purement confessionnelle’. »

Ici, Vance semble confondre les Etats-Unis avec un Etat-nation – un concept qui repose non pas sur des croyances ou des principes, mais sur des critères ethniques, culturels et historiques. Un Etat-nation, tel que le conçoit Vance, serait lié par le « blut und boden » (le sang et le sol), une idéologie qui s’est popularisée dans les années 1930. Les citoyens seraient unis par une langue, une culture, une histoire, voire une race communes.

Un exemple typique de ce modèle est la France ; depuis l’époque de Louis XIV, elle occupe un territoire relativement stable où les Français vivent, parlent français, mangent du fromage et prennent de nombreuses vacances.

Selon Vance, les Etats-Unis devraient ressembler davantage à la France, mais uniquement pour les Américains. Tout le monde ne peut pas en faire partie.

La deuxième partie du programme consiste en un plan, un plan directeur. Une stratégie pour l’avenir. Et aujourd’hui, il se traduit par une politique industrielle qui ne combine pas l’Eglise et l’Etat, mais plutôt notre foi dans la technologie et l’argent des contribuables. Tanner Greer le résume ainsi :

« Le développement technologique n’est possible que lorsqu’une coalition gouvernementale s’y engage ; les membres potentiels de cette coalition doivent être courtisés et convaincus. »

Ce n’est pas une idée nouvelle. Mais, comme nous l’avons expliqué dans notre ouvrage de 2003, The Idea of America, ce concept contredit directement ce que les Etats-Unis sont censés être. Le pays ne doit pas être réservé à un groupe particulier de personnes ; c’est un endroit pour ceux qui cherchent à être singuliers, peu importe leur origine.

Et, quelle que soit l’idée que l’on s’en fait, cela ne semble plus correspondre à ce que les gens recherchent aujourd’hui. Les sondages montrent qu’environ 40 % des jeunes Américains affirment qu’ils préféreraient vivre dans un autre pays. Les raisons sont multiples : la criminalité, la pauvreté, le coût des soins médicaux, et bien d’autres choses encore. Et puisque nous avons passé la majeure partie des 30 dernières années hors des Etats-Unis, on nous pose souvent la question : « Pourquoi avez-vous quitté le pays ? »

Notre réponse est la suivante : « Nous n’avons pas quitté l’Amérique… c’est elle qui nous a quittés. » Nous l’avons expliqué à un groupe d’Américains à Dublin, et cette réponse reflète bien notre sentiment.

Peut-être que le fait de passer autant de temps à l’étranger – à l’extérieur, observant de l’extérieur – nous permet de voir les choses sous un angle différent. Mais l’Amérique de 2025 n’est plus celle des années 60, des années 70, ni même des années 80.

« Nous ne sommes donc pas devant vous en tant que renégats ou fugitifs, mais en tant que laissés-pour-compte. »

Nous avons quitté les Etats-Unis pour la première fois au début des années 1990. A l’époque, notre objectif était simplement d’explorer d’autres horizons, d’apprendre ce que nous pouvions sur la manière dont vivent les autres peuples. Mais cela est devenu une habitude. Et les années ont passé.

Aujourd’hui, après avoir passé une grande partie de notre vie ailleurs, nous nous sentons un peu comme un soldat japonais oublié sur un atoll isolé. Nous gardons notre fusil en état de marche, mais la bataille est perdue depuis longtemps. La patrie a évolué, elle est passée aux McDonald’s et aux tartines à l’avocat… tandis que nous sommes restés fidèles aux anciennes rations en conserve, aux anciennes vérités, aux anciennes valeurs… et à l’ancienne Constitution.

« ‘Le pays a évolué. Nous sommes restés à la traîne. Et aujourd’hui, nous sommes plus authentiquement américains que presque tout le monde dans le pays’, avons-nous lancé à la foule. ‘Des contrées reculées du Kentucky aux rues scintillantes de Las Vegas… qui croit encore en la limitation du pouvoir du gouvernement central ? Qui croit encore que l’Amérique est un endroit où l’on peut faire ce que l’on veut… et être ce que l’on veut ?’

‘Dans tout le Congrès, vous ne trouverez probablement pas plus d’un ou deux membres qui croient encore à l’équilibre budgétaire et aux droits des Etats. Ni le président ni le vice-président n’y croient. Et aucun candidat à une haute fonction n’ose même lire, peut-être à la lampe de poche, sous les couvertures, la Déclaration d’indépendance.’

‘Mais malgré tout, notre cœur se remplit de fierté patriotique lorsque nous voyons ce drapeau flotter…’ »

L’ancienne banderole… la bannière héraldique de Cecil Calvert, 2e baron de Baltimore… le drapeau du Maryland.

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