La Chronique Agora

Quelques explications sur Thanksgiving…

Caricature - Dîner de Thanksgiving

La tradition de Thanksgiving est née d’une bande de puritains qui avait instauré une communauté calamiteuse qui faillit détruire la colonie.

Thanksgiving a été déclaré fête nationale aux Etats-Unis en 1941, lorsque Franklin D. Roosevelt signa une loi établissant officiellement le quatrième jeudi de novembre comme jour de Thanksgiving. Pendant la Grande dépression puis la Deuxième guerre mondiale, Thanksgiving grandit en importance.

Dans un pays où les racines ne signifiaient quasiment rien, où les gens étaient prêts à déménager du jour au lendemain, où il y avait de gigantesques différences entre ce que les gens pensaient et la manière dont ils vivaient, Thanksgiving servait à fournir un mythe national unifié… dont l’illustration la plus populaire est celle de Norman Rockwell pour le Saturday Evening Post en 1943.


Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Freedom_from_Want_(painting)

La fête de Thanksgiving d’origine a eu lieu dans le Massachusetts en 1621. Elle était organisée par une bande de Puritains renfrognés qui auraient probablement été incapables de savourer un bon dîner même si leur vie en dépendait. En tout cas, ils avaient de quoi se montrer reconnaissants.

Comme nous le rappelle le Wall Street Journal tous les ans, ils se sont quasiment exterminés entre eux d’une manière typiquement yankee : en essayant de se mener les uns les autres à la baguette.

Ils étaient arrivés dans le Massachusetts par pur accident, alors qu’ils avaient l’intention de s’installer dans le climat plus hospitalier de la Virginie, colonisée plus de 10 années auparavant.

Une fois arrivé dans le Massachusetts, ils mirent en place une communauté si calamiteuse que la plupart d’entre eux, s’ils avaient survécu, se serait languis de revenir en Angleterre.

Les Soviétiques auraient pu apprendre de leur exemple et s’épargner ainsi 70 ans de misère. Ce n’est qu’une fois que « les brûleurs de sorcières et les damnateurs de nouveaux-nés » eurent abandonné leur forme communautaire d’organisation et laissé les gens travailler pour eux-mêmes que la colonie eut l’ombre d’une chance de survie.

Mais ce sont les vainqueurs qui écrivent les livres d’Histoire… et désormais, cette célébration précaire menée par un groupe malingre de fanatiques religieux est devenue la fête américaine par excellence.

Guerre de Sécession

Au milieu de la Guerre de Sécession, les deux côtés proclamèrent des jours de « remerciements » [« Thanksgiving », en anglais] suivant le progrès de la guerre comme on suit aujourd’hui le progrès des marchés. Après chacune des deux batailles de Bull Run — qui renvoyèrent les Yankees à Washington la queue entre les jambes –, les confédérés proclamèrent des journées de gratitude.

C’est finalement le jour de Lincoln qui est resté. Déclaré après la bataille de Gettysburg — la dernière grande charge de style napoléonien de l’Histire –, Thanksgiving fut fixé au dernier jeudi du mois de novembre, en commémoration de la victoire nordiste.

Après la bataille d’Appomattow, en 1865, le sud était désarmé. Ses dirigeants naturels, les aristocrates des plantations, étaient morts, ruinés et/ou discrédités.

Nombre d’entre eux vinrent dans des villes du nord comme New York ou Baltimore où, nous dit H.L. Mencken, ils arrivèrent « sans bagages, sinon de bonnes manières et un ventre vide ». Ils enrichirent le nord des Etats-Unis.

Les cicatrices de la guerre peuvent mettre longtemps à s’effacer. Mais 153 ans plus tard, le sud est la partie la plus robuste, économiquement et culturellement, des Etats-Unis.

« Aucun homme n’est lui-même », a déclaré William Faulkner, l’alcoolique le plus célébré d’Oxford dans le Mississippi. « Il est la somme de son passé ». Contrairement à tant d’autres écrivains américains du XXème siècle, Faulkner est resté chez lui.

La préface de l’Encyclopedia of Southern Culture cite un passage de Faulkner disant : « parler du sud [des Etats-Unis]. A quoi cela ressemble. Ce qu’ils y font. Pourquoi ils y vivent. Pourquoi ils vivent tout court ».

Même dans le Mississippi de Faulkner, Thanksgiving fait désormais partie de la vie. Partout dans le monde, les Américains, se rassemblant en petits groupes comme des pèlerins sur de lointains rivages, célèbrent cette journée.

Comment adapter les recettes

Cela peut exiger un peu de créativité. Les Américains vivant en France, comme nous le faisons une partie de l’année, doivent se mettre en quête d’ingrédients. « Citrouille » est difficile à prononcer — et plus difficile à trouver. La sauce aux canneberges est inconnue.

Il y a des années de cela, lors d’un Thanksgiving, notre mère découvrit à Paris une boutique appelée The Real McCoy, spécialisée dans les denrées américaines. Elle se hâta de s’y rendre et en rapporta de la citrouille en conserve, de la compote de canneberges et du beurre de cacahuètes.

Grâce à cet avant-poste culinaire américain, nous avons pu avoir un dîner de Thanksgiving tout à fait plausible ce soir-là.

Mais personne n’avait recalculé les recettes en fonction du système métrique utilisé en France.

Notre épouse Elizabeth — descendante d’une famille puritaine… ancienne résidente de New York… une yankee, en d’autres termes — et notre mère — issue de cultivateurs de tabac du sud du Maryland et de la bourgeoisie française — firent de leur mieux.

Et nous les avons remerciées.

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