▪ On dirait que tout va bien pour les Etats-Unis ! Ou pas ?
Ventes de voitures — en hausse.
Prix des maisons — en hausse.
Prix du pétrole — en hausse.
Oh, et l’emploi aussi grimpe.
"Quand les faits changent", dit Keynes, "je change mon opinion. Que faites-vous ?"
Cela nous laisse à penser que les opinions de Keynes n’étaient pas fameuses dès l’origine.
Et nous ? Devrions-nous changer d’opinion, cher lecteur ? Se pourrait-il que nous nous trompions ? Se pourrait-il que l’économie américaine se remet vraiment ? Se pourrait-il que les actions soient dans un vrai marché haussier… et non dans un rebond hystérique alimenté par la Fed ? Se pourrait-il que vous n’ayez plus besoin d’or parce que les autorités ont vraiment toute cette affaire de cycle du crédit sous contrôle ?
Devrions-nous admettre que nous avons tort, vendre notre or et acheter toutes les actions américaines que nous pouvons nous permettre ?
Non. Rappelez-vous ce dicton : on ne peut pas guérir un alcoolique en lui offrant un autre verre. Certes, il pourra s’enivrer une nouvelle fois, mais le problème est toujours là… et empire.
L’économie américaine (et ceci peut s’appliquer également aux économies du Japon et de l’Europe… mais nous les laisserons à l’écart pour l’instant) a atteint un tournant dans les années 80. La croissance durable a laissé place à une croissance factice stimulée par le crédit.
▪ Une croissance peut en cacher une autre
Nous avons déjà parlé de ça à plusieurs reprises, mais il est important de bien comprendre. La "croissance" des 30 dernières années n’était pas comme la croissance des 30 années précédentes. Elle n’était pas basée sur une hausse de la productivité, des salaires en augmentation et de la vraie formation de capital. Les salaires ont stagné. La seule manière pour les gens d’augmenter leur niveau de vie était de dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas. C’est là que le crédit est entré en scène, rendu possible par le système de monnaie fiduciaire flexible des Etats-Unis post-1971.
Dépenser de l’argent qu’on n’a pas est sans doute ce qu’Herb Stein avait en tête lorsqu’il a dit que "quand une chose ne peut durer éternellement, elle s’arrête".
En l’occurrence, elle s’est arrêtée en 2007, avec une dette américaine totale à environ 360% du PIB, en hausse par rapport aux 200% de 1980.
Depuis 2008, les autorités tentent fiévreusement de récupérer leur mojo… administrant des doses de crédit de plus en plus gigantesques à une économie qui en avait déjà plus qu’assez.
Mais attendez. "Plus qu’assez ?" Comment savons-nous combien de dette une économie peut supporter ? Si l’on regarde autour du globe, on constate que le Japon, le Royaume-Uni et l’Irlande en ont bien plus… Plus de 500% du PIB pour chacun de ces pays.
▪ De la dette, encore de la dette, toujours de la dette
Hé… s’ils peuvent le faire… les Etats-Unis aussi ! C’est du moins le thème apparent de toute l’histoire à présent. La Fed offre plus de crédit facile. Les investisseurs pensent que ça mènera à des jours meilleurs. Et les consommateurs — bénis soient leurs petits coeurs stupides — commencent à se joindre à la fête. Ils dépensent encore plus d’argent qu’ils n’ont pas pour acheter encore plus de choses dont ils n’ont pas besoin.
Oui cher lecteur, après une courte période de désendettement, M. et Mme Tout-le-Monde… leurs frères et soeurs… et toute la famille de Palm Beach à Prudhoe Bay… relèvent le défi. Reuters nous en dit plus :
"Le crédit à la consommation a augmenté en mai à son rythme le plus élevé en un an, signe que les coûts d’emprunt bas stimulaient la croissance économique, même si les taux d’intérêt ont augmenté depuis".
"Le total du crédit à la consommation a grimpé de 19,6 milliards de dollars pour atteindre 2 800 milliards, selon des données de la Réserve fédérale publiées lundi. Les économistes interrogés par Reuters s’attendaient à voir le crédit à la consommation grimper de 12,5 milliards de dollars durant le mois".
"Les dettes à la consommation ont augmenté à la fois pour le crédit non-revolving, qui comprend les prêts automobiles et les prêts étudiants, ainsi que pour les crédits revolving comme les cartes de crédit. La dette de consommation dans son ensemble a connu sa plus forte hausse depuis mai 2012".
Donc, à présent, le gouvernement américain augmente sa dette… et le secteur privé fait de même. Youpi ! N’est-ce pas une super économie ?
Les autorités américaines voulaient faire bouger l’économie — de la pire des manières. De là où nous nous tenons — dans la campagne normande — il semblerait qu’elles aient réussi. C’est-à-dire qu’elles ont peut-être une fois de plus empêché une grosse correction… et que maintenant, elles se trouveront confrontées à une correction encore plus grosse dans le futur.