La Chronique Agora

Les Etats-Unis, aujourd’hui et hier

Etats-Unis, transition énergétique, pétrole

De débuts modestes au contrôle total, un regard sur l’origine et l’avenir d’un pays…

Lundi dernier, le 4 juillet, était jour férié aux Etats-Unis, l’anniversaire de l’indépendance du pays. Les Américains célèbrent ce qu’ils étaient autrefois. Et prétendent qu’ils le sont toujours.

Mais, à l’époque, le gouvernement était microscopique. Pas de ministère de l’Energie. Pas d’agence de protection de l’environnement. Pas de troupes dans le monde entier. Pas de guerres à l’étranger. Pas de dette impayable, de bureaucratie insensible ou de plans irréalisables. La ville de Washington DC était encore un marais et des champs.

A l’exception importante des esclaves, les Américains étaient libres de poursuivre le bonheur à leur manière. Et s’ils ne l’atteignaient pas, c’était leur propre faute. Il n’y avait pas de cartes « Indépendance ». Pas d’allocations chômage. Pas de chèques « invalidité » ou de « relance ». Le gouvernement n’avait pas pour but de sauver les gens… ni de sauver la planète. Il ne dirigeait ni ne poussait ; il était trop faible pour faire l’un ou l’autre.

Aujourd’hui, c’est une autre histoire. Qu’il s’agisse du taux d’inflation… de la pauvreté… du cycle économique… du racisme… de la diversité… des médicaments… du rendement des cultures… des conditions de travail… des soins médicaux… de la sécurité aérienne… des gouvernements des nations étrangères, des frontières qui les séparent et de qui peut commercer avec qui – les autorités fédérales sont systématiquement sur le coup.  Avec autant de temps et d’argent consacrés à son éradication, il est étonnant qu’il reste encore du mal en Amérique.

Contrôle total

Maintenant, nous nous concentrons sur ce qui doit être le programme le plus audacieux – et potentiellement le plus désastreux – des autorités. Oubliez l’invasion de la Russie ! Oubliez la révolution culturelle ! Ils visent plus haut que jamais : ils essaient de contrôler la météo du monde. Nous nous demandons juste comment cela va se passer.

Les autorités veulent sevrer le monde des combustibles fossiles. Cela, disent-ils, réduira les émissions de carbone et empêchera les températures d’augmenter. Nous n’émettons aucune opinion quant à savoir si cela est vrai ou non. Personne ne le sait vraiment ; cela n’a jamais été fait auparavant. Nous notons seulement que l’inversion de la révolution industrielle n’est pas sans risque. Et, si le programme réussit, il sera inscrit dans le livre des records, une exception remarquable à la règle générale : plus le programme gouvernemental est ambitieux, plus la calamité qui suit est grande.

Cela va-t-il ressembler à la Première Guerre mondiale… la guerre qui était censée sauver la démocratie, et qui a fini par tuer 20 millions de personnes ? Au lieu de promouvoir les démocraties, elle a conduit à une révolution bolchévique en Russie et à un fascisme forcené à Berlin.

Ou peut-être que la lutte contre les températures élevées se déroulera comme la lutte contre l’alcool après la Première Guerre mondiale. Il y avait beaucoup de très bonnes raisons de vouloir interdire l’alcool. Mais la prohibition a transformé les buveurs en criminels… a donné un grand coup de pouce à la mafia… et a peut-être même augmenté la consommation d’alcool !

Ou peut-être qu’il s’agira plutôt d’un phénomène comme le Grand Bond en avant de la Chine.  Ce programme était censé augmenter la production alimentaire (notamment en plantant les graines plus près les unes des autres)… et faire entrer la Chine dans l’ère moderne (avec des fours pour produire de l’acier dans les arrière-cours).

Résultat : 50 millions de personnes sont mortes de faim.

Conséquences inattendues

Voyons donc à quoi ressemble une coupure d’énergie, dans un pays pauvre. Voici un reportage de Vice :

« Jason Anthony fait la queue pour du carburant depuis deux jours. Dans la capitale de Colombo, au Sri Lanka, pays d’Asie du Sud frappé par la crise, cet homme de 35 ans dort dans son tuktuk lorsqu’il est épuisé, ou s’assoit sur le trottoir avec d’autres conducteurs qui sont là depuis plusieurs jours également.

Lorsque la station-service ferme pour la journée, il fait plusieurs kilomètres à pied pour rentrer chez lui, avant de revenir le lendemain pour faire la queue. Il a montré à VICE World News sa maison au bord de la route lors d’un appel vidéo.

‘J’ai été obligé de quitter mon travail de guide touristique en février lorsque les choses ont mal tourné ici et que les touristes ont cessé de venir. J’ai dû devenir chauffeur de tuktuk’, a déclaré Anthony. ‘Maintenant, le carburant est si rare que je n’ai pas travaillé depuis un mois. J’arrive à peine à joindre les deux bouts à la maison, mais je suis obligé de passer mes journées dans les stations-service.’

La semaine dernière, le Premier ministre sri-lankais nouvellement nommé, Ranil Wickremesinghe, a admis lors d’une réunion du parlement que l’économie du pays avait touché le fond.

‘Nous sommes maintenant confrontés à une situation bien plus grave que les simples pénuries de carburant, de gaz, d’électricité et de nourriture’, a-t-il déclaré. ‘Notre économie s’est complètement effondrée.’ »

« Les manifestations se sont poursuivies au cours du dernier mois », précise The Guardian, « alors que le pays est confronté à sa pire crise économique depuis 70 ans, avec une pénurie de nourriture, de carburant et de médicaments… »

Pendant ce temps, l’Argentine – toujours en avance sur son temps – souffre également de pannes de courant et de pénuries de carburant. Lorsque nous sommes partis en mai, les stations-service étaient à court d’essence. Des files d’attente se formaient. Le rationnement était proposé.

Le pays a d’importantes réserves de pétrole. Mais les autorités gauchos ont truqué le prix de l’essence (en le maintenant bas) pour apaiser les électeurs. Et avec un taux d’inflation de 50%, même les compagnies pétrolières d’Etat ne parviennent pas à réunir les capitaux nécessaires pour extraire du pétrole et le raffiner.

Presque sans valeur

L’histoire est à peu près la même au Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole du monde. Pendant des années, le pays a maintenu le prix de l’essence en dessous du coût de fabrication.  Et il a payé les travailleurs du pétrole avec une monnaie qui ne valait presque rien. Les employés se sont vengés. Les pièces ont disparu. Les outils ont disparu. Les camions ont disparu. Puis, les employés ont disparu… et enfin, l’essence elle-même a disparu.

Même le gaz naturel – pour cuisiner le dîner – a disparu ; ce qui n’était pas un problème, car il n’y avait plus rien à cuisiner, de toute façon.

Aucun de ces pays n’a toujours été dans une situation aussi désespérée. Comment en sont-ils arrivés là ? Les politiques gouvernementales – réglementations, restrictions, corruption, incompétence, une grande idée, quelques mauvaises décisions… et un peu de malchance.

Est-ce que cela pourrait arriver dans le monde « occidental »… à des pays modernes et pleinement développés ?  Imaginez les problèmes du Sri Lanka… ou les problèmes du Venezuela…

… imaginez un Grand Bond en avant vers un monde post-combustibles fossiles projeté sur l’Amérique, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne.

Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? La même chose qui a mal tourné au Sri Lanka, en Argentine et au Venezuela ? Nous ne le savons pas. Mais nous allons le découvrir.

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