Lorsque l’Etat-Providence en était à ses débuts, les jeunes travaillaient… et on leur promettait des avantages — soins de santé et retraites — dont ils pourraient profiter lorsqu’ils deviendraient plus âgés.
Tant que la population croissait et que les économies progressaient, le seul problème consistait à décider qui obtiendrait quoi.
C’est pour cette raison que les élections étaient si importantes. Il s’agissait « d’enchères anticipées sur des biens volés », comme l’a dit H. L. Mencken.
Sauf qu’il s’agissait en fait d’enchères sur des biens qui n’avaient même pas été créés… sans parler d’être volés.
Aujourd’hui, le système se heurte à un obstacle : il n’y a plus grand’chose à donner… et beaucoup plus de gens qui en veulent.
Les systèmes de retraite publique comptaient relativement peu de bénéficiaires avant la Deuxième guerre mondiale. Désormais, ils sont sous l’eau.
Au lieu de retirer bien plus de l’Etat-Providence qu’ils n’y ont versé, les citoyens s’attendent désormais à recevoir moins |
La formule ne fonctionne plus. Au lieu de retirer bien plus de l’Etat-Providence qu’ils n’y ont versé, les citoyens s’attendent désormais à recevoir moins.
Peut-être beaucoup moins.
Non seulement il y a plus de personnes âgées… mais les autorités ont endommagé l’économie qui les soutient.
Comment ?
Des réglementations idiotes et chicanières… des privilèges et des subventions… des permis… des allocations. Tout le monde à un doigt dans le gâteau !
Un serpent dans les bois
« Bill, j’aimerais abattre vos arbres », a dit Tommy de son accent traînant.
Tommy, comme nous l’avons récemment rapporté, travaille avec son bulldozer dans notre ferme, au sud du Maryland.
« Mais c’est plus comme avant. Maintenant, faut un permis pour aller pisser, sans parler de couper des arbres. Le garde-forêt s’pointe pour dire quels arbres couper. Sans blague ».
Nous allons donc devoir contacter les autorités du comté… les autorités du Maryland… et pour autant que nous en sachions, nos arbres seront peut-être bientôt un dossier fédéral aussi !
Le travail va ralentir. Inévitablement, il y aura des frais à payer.
Et tout ça pour quoi ? Pourquoi est-ce que quelqu’un devrait nous dire quels arbres couper ? Le monde s’en trouvera-t-il meilleur ?
La productivité recule, à présent… et si ça continue ainsi, l’Etat-Providence est condamné |
Probablement pas. Il sera simplement moins efficace. La productivité recule, à présent… et si ça continue ainsi, l’Etat-Providence est condamné.
« Bon sang, vous avez d’ces serpents, dans vos bois », a dit Tommy. « Et j’déteste les serpents ».
« J’ai travaillé dans un bulldozer toute ma vie. Plus de 60 ans. Ca m’était jamais arrivé. J’étais là-bas au fond… à faire mon boulot. Et tout à coup j’tourne la tête, et v’là qu’y avait un gros serpent noir dans la cabine avec moi. Juste derrière moi, pendu à la f’nêtre et r’gardant par-d’sus mon épaule.
« J’vous l’dis, vous avez jamais vu un octogénaire s’tailler aussi vite que moi ».
« Et le serpent, que lui est-il arrivé ? » avons-nous demandé.
« Oh… on s’est arrangé ».
Maintenant, l’Etat-Providence n’a plus de sens. Si on peut obtenir plus grâce secteur privé — assurance, santé, éducation… pourquoi soutenir les autorités ?
En d’autres termes, l’Etat-Providence fonctionnait uniquement tant que les gens obtenaient quelque chose en l’échange de rien. Rien-en-l’échange-de-quelque-chose, en revanche, ne sera guère attirant pour les électeurs.
Mais attendez… Pourquoi ne pas simplement dépouiller Pierre pour habiller Paul ?
Taxez les quelques riches… et donnez l’argent aux nombreux pauvres. Rappelez-vous, c’est un système qui fonctionne à la majorité ! Pourquoi est-ce que ça ne fonctionnerait pas ?
Oh, cher lecteur, quelle question. Vous avez oublié ? Ce ne sont pas vraiment les électeurs qui contrôlent le système.
C’est Pierre.