▪ La mort finit par tous nous atteindre… et pas l’être humain uniquement. Les banques, les entreprises, les tendances. Les marchés haussiers, les monnaies papier, les systèmes monétaires. Les empires…
Par exemple, la mort semble guetter l’euro en plus du dollar.
"Le sauvetage irlandais n’apaise pas les marchés", déclarait la première page du Financial Times hier.
Les dirigeants européens ont réuni 85 milliards de dollars, censés résoudre le problème européen. Il était particulièrement important de créer un "tampon" entre les problèmes bancaires et de financement de l’Irlande et ceux du reste de l’Europe.
Eh bien, le tampon a duré environ 24 heures avant de céder. La bourse espagnole est en chute libre. Les prix des actifs du Portugal sont en train de glisser. La pression s’exerce sur l’Italie, et même la France. Même les plus grandes banques commencent à souffrir.
Oui, cher lecteur… et dire que vous pensiez avoir des problèmes.
Nous n’avions pas fait très attention aux problèmes financiers de l’Europe. Nous pensions que nous avions déjà assez de soucis à nous faire, avec Ben Bernanke tentant de détruire le dollar et les Etats-Unis faisant faillite.
Mais ce n’est que le début.
▪ Depuis que Bernanke a annoncé son programme pour saper le dollar, le bon vieux billet vert a en fait grimpé par rapport à son principal rival — l’euro. Que pensez-vous de ça ? Bloomberg nous en dit plus :
"Le dollar a regagné du terrain comme jamais depuis août par rapport à six grandes devises, alors que les inquiétudes sur l’aggravation des problèmes de dette de l’Europe et l’escalade des actions militaires en Corée stimulaient la demande de devise US comme refuge".
"Le billet vert a grimpé par rapport au yen pour la quatrième semaine d’affilée, la plus longue période de ces 20 derniers mois, après que la Corée du Nord a bombardé une île sud-coréenne et déclaré qu’une ‘escalade des confrontations’ mènerait à la guerre. L’euro a chuté pour la troisième semaine par rapport au billet vert tandis que les investisseurs spéculaient sur le fait que le Portugal et l’Espagne seront les prochains pays européens à nécessiter un sauvetage financier".
"’L’euro doit encore chuter par rapport au dollar’, déclare Kathy Lien, directrice des recherches en devises chez le trader en ligne GFT Forex à New York. ‘S’il y a une guerre entre les Corée, le yen chuterait radicalement par rapport au dollar’."
Le problème avec l’euro, c’est qu’il est trop bon pour de nombreux Européens. Tout le monde veut une devise flexible, de nos jours. Ou plutôt, tout le monde veut une devise qui agirait comme un bon chien… qui irait faire "coucouche panier" quand on le lui ordonne.
Hélas, les devises sont des corniauds indisciplinés. Le dollar ne veut pas baisser, même si Ben Bernanke lui coupe l’herbe sous le pied et lui administre des tapes à coup de journaux roulés. Et l’euro ne baissera pas parce que les Allemands ne veulent pas qu’il baisse.
Bien entendu, ça ne rend pas les Allemands très populaires auprès des Espagnols… des Irlandais… et du reste des états à la périphérie. Ils veulent une devise bon marché pour pouvoir rembourser leurs dettes. Les Allemands, en revanche, doivent avoir une sorte de mémoire collective concernant les horreurs de l’époque de Weimar… quand on pouvait amener une brouette de billets à la boulangerie sans que ça suffise à acheter une miche de pain.
Plus on regarde la crise de dette souveraine et bancaire européenne, plus elle semble dangereuse et insoluble. Essayez de réparer une partie du problème, et c’est une autre partie qui empire.
Les Allemands ne veulent pas payer pour renflouer les Espagnols… les Italiens… et les autres. Mais les banques allemandes ont presque un demi-millier de milliards d’euros de ces dettes.
Le contribuable irlandais ne veut pas payer pour renflouer les banques non plus. Il est déjà confronté à des mesures d’austérité qui feraient s’étouffer les Américains.
Lundi, l’équipe Obama a proposé de geler les salaires fédéraux — c’est-à-dire les maintenir entre 50% et 100% plus élevés que les salaires du secteur privé américain — durant les deux prochaines années.
"Nous allons devoir évoluer sur des positions profondément enracinées", a déclaré le décideur.
Cette proposition permettrait d’économiser deux milliards de dollars d’ici la fin 2011. Voyons voir… cela réduirait le déficit d’approximativement trois dixièmes d’1%. Incroyable.
En Irlande, les fonctionnaires ont déjà accepté une baisse d’impôts. Et maintenant, les autorités irlandaises sont censées licencier 10% de leur main-d’oeuvre publique… 10% supplémentaires étant probablement prévus d’ici quelques années.
Combien d’austérité les Irlandais seront-ils prêts à accepter pour protéger les banques de leurs pertes ? Ils pourraient laisser tomber l’euro… ressusciter le punt… et échapper à leurs engagements "à l’ancienne" — en dévaluant leur devise.
Mais attendez… si les Irlandais sortent de l’euro… toute l’affaire pourrait s’effondrer.
"Si l’euro coule, l’Europe coulera", déclare Mme Merkel, la chancelière allemande.
Et si l’euro coule… les banques coulent… les entreprises coulent… le commerce coule…
Qui sait où tout ça nous mènerait ? Il semble que nous soyons les seuls à vouloir le découvrir.