L’épargnant français passe une conjonction astrale défavorable. Entre les premières ruades de l’Allemagne pour ne plus garantir nos dettes, les inévitables appels de fonds colossaux que l’Etat va lancer pour financer sa (non)politique de relance, les retards dans le déconfinement qui démoralisent l’activité et l’incertitude boursière, le temps est à l’innovation fiscale. Surtout pour les portefeuilles au-dessus de 150 000 €.
L’épargnant français devrait vivre un sale moment, et même une sale année 2020, au moins aussi dure que le passage du Cap Horn pendant l’hiver austral. Plusieurs paramètres se conjuguent en effet pour rendre pressante une taxation forte de l’épargne. Cette invention devrait d’abord concerner les patrimoines supérieurs à 150 000 €. Mais rappelons-nous que c’est le plancher de 100 000 € qui est aujourd’hui « garanti » par les banques.
La garantie de l’Allemagne risque de se faire rare
La presse française ne s’est pas massivement intéressée à ce point technique ; il s’agit pourtant d’un signal faible d’une importance cruciale. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a donné, le 5 mai, trois mois à la BCE pour prouver que ses programmes de rachat mis en place depuis 2015 dans le cadre des mesures non-conventionnelles d’assouplissement monétaire visaient seulement à maintenir l’inflation à 2% et non à soutenir des Etats trop endettés.
Faute d’une réponse dans les temps, la Bundesbank ne pourra plus participer à ces programmes dont la France profite ou profitera.
Autrement dit, la garantie allemande pour les dettes françaises est désormais fortement compromise. Si la BCE n’arrive pas à prouver qu’elle respecte scrupuleusement son mandat limité à la « maintenance » de l’inflation – et elle aura du mal à le faire –, la BCE perdra donc la signature allemande. Et sans doute quelques autres, comme celle des Pays-Bas.
Cette décision préfigure une implosion de la Zone euro… et, d’ici là, une hausse des taux d’intérêt pour la dette française.
Les sirènes de la dépense publique vont retentir
Il faudra plusieurs mois avant que l’opinion française (ou une majorité d’entre elle) comprenne qu’on ne peut éternellement vivre au-dessus de ses moyens sans s’appauvrir.
C’est particulièrement vrai lorsque les dépenses somptuaires servent à faire vivre un Etat hypertrophié et hyper-incompétent, comme on le constate dans la désastreuse gestion de la pandémie.
Pendant cette période d’atterrissage qui sera probablement chaotique, il faut s’attendre au pire. Les sirènes de la dépense publique assimileront toute cure d’amaigrissement de l’Etat à une action diabolique, et un scénario à la Maduro sera défendu becs et ongles par des gens comme Mélenchon et consorts.
Le recours à l’impôt pour financer les énormes déficits sera majoritairement soutenu dans le pays, surtout par ceux qui comptent profiter de l’effort sans y participer. Pour les épargnants, ces quelques mois, ou quelques dizaines de mois, devraient constituer une véritable curée…
Penser ses stratégies de réallocation de l’épargne dès maintenant
Pour éviter cet écueil (on parle d’ici à la fin de l’année d’un alignement de la taxation de l’assurance-vie sur celle de l’héritage, d’un écrêtement de l’épargne au-dessus de 100 000 € par une taxe spéciale, voire au-dessous de ce plancher, comme une taxe de 10% sur les livrets d’épargne), il faut commencer dès maintenant à réfléchir à des stratégies destinées à limiter les dégâts.
De notre point de vue, deux voies prioritaires doivent être privilégiées.
La première concerne la transmission universelle de patrimoine (TUP), qui ne concerne pas, contrairement à ce qu’on croit, que le patrimoine professionnel. Il s’agit d’un montage qui permet, en toute légalité, de récupérer son patrimoine dans un pays européen qui le défiscalise.
La seconde n’est autre que l’immobilier résidentiel, qui servira incontestablement de valeur refuge pendant un certain temps.
Dans les deux cas, il est recommandé de bien réfléchir, de comparer les solutions et de ne pas hésiter à se faire conseiller. Chaque voie peut en effet être semée d’embûches et apporter de mauvaises surprises si elle n’est pas pratiquée dans les règles de l’art.
C’est aussi vrai de la TUP que de l’immobilier résidentiel, où les produits les plus rentables à long terme ne se trouvent pas forcément dans les beaux quartiers des métropoles les plus huppées.
Une stratégie patrimoniale réussie doit forcément s’appuyer sur une vision claire des objectifs poursuivis. Il ne sert à rien de chercher en même temps à protéger son patrimoine contre une fiscalité temporairement confiscatoire, et à réaliser une très belle opération immobilière avec la maison de vos rêves.
La stratégie du « en même temps » a toujours ses limites, comme l’impopularité d’Emmanuel Macron le prouve.
Sur tous ces points, nous ne manquerons pas de revenir, notamment en approfondissant, la semaine prochaine, la question de l’immobilier résidentiel.