Alors que l’incertitude politique et fiscale continue de peser sur l’avenir des entreprises, la recrudescence des faillites inquiète.
C’est la rentrée… et pour les marchés, c’est l’heure de rentrer dans le vif du sujet.
Si nous devons mettre l’accent sur un chiffre qui résume à lui seul le véritable état de délabrement de l’économie française – hors grosses ficelles statistiques consistant à redresser des « effets stocks », soit à surévaluer la « formation du capital » –, voilà ce qui se passe réellement sur le terrain.
Et ce n’est pas glorieux…
Près de 30 000 patrons français ont perdu leur emploi au premier semestre 2024.
Selon les derniers chiffres de l’association GSC et du cabinet Altares publié le 25 août, le premier semestre de 2024 a été marqué par une accélération de 20% des défaillances d’entreprises, après un record de 57 730 faillites en 2023, soit une augmentation de 35,8% par rapport à 2022.
Et là, il ne s’agit pas des entreprises unipersonnelles, mais bien de PME, qui comptent de trois à vingt salariés. Les gérants de structures de moins de cinq salariés représentent près de neuf pertes d’emploi sur dix.
Le nombre de dirigeants d’entreprises de six à neuf salariés touchés est en hausse de 40,2%, celui des patrons de PME de dix à dix-neuf salariés augmente de 31,1%, et cela a empiré au deuxième trimestre.
Cela signifie que l’on peut redouter plus de 60 000 faillites fin 2024. En effet, les dépenses de l’Etat sont non seulement gelées, mais elles vont devoir être réduites de 20 Mds€, quel que soit le nom du futur Premier ministre, qui n’est pas encore connu au moment où nous rédigeons ces lignes.
La crise de l’immobilier affecte tout particulièrement les professionnels de la construction : 7 670 chefs d’entreprises ont perdu leur emploi au premier semestre (+34,2%) – mais si l’on ajoute à ce chiffre les salariés, le total des inscriptions au chômage s’envole à près de 40 000.
Le commerce a perdu 6 450 dirigeants (+15%), celui du transport et de la logistique 1 300 (+30,5%), et celui du service aux entreprises plus de 3 700 (+18,2%).
Les pertes d’emplois par ailleurs sont nombreuses dans l’hébergement, la restauration, le débit de boissons (3 750, soit +7,6%), avec un nombre de réservations décevant sur Paris et l’Ile-de-France durant les Jeux olympiques.
Une fois n’est pas coutume, presque un tiers des pertes d’emplois (32%) ont été enregistrées en Ile-de-France. La Nouvelle-Aquitaine et les Hauts-de-France ont été les régions les plus épargnées, avec des hausses respectives de 9,5% et de 6,6%.
Les prochains secteurs à basculer en récession en France seront la banque (chute prolongée de l’activité des prêts immobiliers et du crédit aux entreprises) et le secteur automobile (multiplication des périodes de chômage technique, notamment au sein du groupe Stellantis, lié à la mévente des véhicules électriques).
La France souffre donc d’une triple peine : l’austérité budgétaire qui se profile pour 2025 implique une réduction des dépenses de l’Etat, qui va se traduire par moins de commandes auprès des entreprises.
La conjoncture en Europe reste plombée par le coût de l’énergie et des pans entiers de l’industrie tournent au ralenti : les sous-traitants en sont les premières victimes.
L’absence de visibilité politique et fiscale en France, après trois mois sans gouvernement – sans parler de possibles troubles sociaux en réaction à un « déni de démocratie » – risque de dissuader durablement les entreprises étrangères de s’implanter ou de renforcer leur présence sur notre territoire.
Combien de dizaines de milliers d’emplois supplémentaires cela pourrait-il nous faire perdre ces prochains mois ?
Et il sera tellement facile d’accuser celui ou celle qui va prendre le risque d’accepter Matignon : nous comprenons que certains hésitent !