La Chronique Agora

En Grèce, la tragédie de la dette approche de sa conclusion…

▪ Les Allemands ont accepté de renflouer la Grèce… du moins pendant un temps.

Les Grecs ont quant à eux accepté d’agir plus comme des Allemands… du moins pendant que tout le monde les regardait.

A présent, tout le monde tombe d’accord pour dire que la farce a assez duré.

Un petit récapitulatif :

Les grandes banques ont prêté de l’argent aux Grecs. Ensuite, les banquiers se sont versé de gros bonus — pour se récompenser d’avoir décroché de si beaux clients.

Les Grecs ont dépensé l’argent comme s’ils l’avaient volé… ce qui était quasiment le cas. Avec l’aide de Goldman Sachs, ils ont truqué leurs comptes de manière à paraître un meilleur risque crédit que ce qu’ils étaient en réalité.

Ensuite, bien entendu, les Grecs n’ont pas pu rembourser. Depuis qu’ils ont obtenu leur indépendance des Turcs ottomans en 1828, les Grecs n’ont jamais remboursé un prêt dans les conditions prévues au départ. Ils ont fait défaut la moitié du temps.

Mais au lieu de laisser M. le Marché s’en occuper… comme il l’avait fait depuis toujours, M. Prestidigitateur Gouvernemental s’en est mêlé. Il a promis de gérer la situation de manière à ce que les prêteurs imprudents n’aient pas à encaisser les pertes qu’ils méritaient. Comment ? En prêtant plus d’argent à l’emprunteur !

On a donc donné plus d’argent aux Grecs… en leur disant de s’amender.

▪ Des efforts… et un résultat négatif
Les Grecs ont fait des efforts. Au lieu de dépenser l’argent aussi librement qu’avant, ils ont freiné. Des milliers de fonctionnaires ont été licenciés, des budgets ont été limités… des ceintures ont été resserrées.

Bien entendu, ça a provoqué un ralentissement économique. Le PIB a chuté de 5% au troisième trimestre de l’année dernière. Au quatrième trimestre, il chutait encore plus rapidement, au taux annuel de 7%. Le New York Times nous en dit plus :

« Selon de nombreux indicateurs, la Grèce subit une transformation sans précédent dans l’histoire occidentale moderne. Un quart de toutes les entreprises grecques a fait faillite depuis 2009, et la moitié de toutes les petites entreprises du pays déclare être incapable de payer leurs salaires. Le taux de suicide a grimpé de 40% au premier semestre 2011. Une économie de troc est née, les habitants tentant de contourner un système financier en panne. Près de la moitié de la population des moins de 25 ans est au chômage. En septembre dernier, les organisateurs d’un séminaire parrainé par le gouvernement et concernant l’émigration en Australie — un événement qui avait attiré 42 personnes l’année précédente — ont été inondés par 12 000 inscriptions »…

« La situation au niveau macro-économique est encore plus ‘transformationnelle’. Les Chinois ont en grande partie pris le contrôle du Pirée, le principal port grec, en vue d’en faire un couloir d’expédition de marchandises en Europe ».

« […] Le dernier plan d’austérité était censé satisfaire les créditeurs de la Grèce et permettre de nouvelles infusions d’aide financière, évitant ainsi le défaut involontaire — et un ralentissement économie mondial –, mais il rendra néanmoins la vie des Grecs ordinaires encore plus difficile. Le plan réduit le salaire minimum de plus de 20%, approuve des milliers de licenciements et réduit certaines retraites, confirmant probablement le fait que les grèves et les manifestations continueront de faire partie du paysage grec ».

▪ La classe moyenne en première ligne
Comme en Argentine il y a 10 ans, la classe moyenne grecque est frappée de plein fouet. Les classes supérieures sont protégées. Elles ont des actions. Elles ont des comptes dans des pays étrangers. Les plus pauvres, quant à eux, n’avaient rien avant la crise. Ils n’ont pas perdu un centime.

Mais les classes moyennes, elles, perdent des emplois, des revenus… et des allocations.

C’est ce qui se passe aux Etats-Unis aussi — et dans une très grande partie de l’Occident. La richesse de la classe moyenne accumulée entre 1980 et 2007 était majoritairement une illusion. C’était de l’argent emprunté sur l’avenir… qui doit désormais être remboursé.

Et M. Prestidigitateur Gouvernemental ne peut pas y faire grand-chose. Le problème, c’est un excès de dette. En rajouter ne sert à rien.

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