La Chronique Agora

En Europe, les rendements obligataires renforcent la crise économique

▪ « En mai, vendez et partez ! », dit le proverbe.

Il s’avère finalement que, pour vendre vos actions, le meilleur jour de ce mois de mai passé était le tout premier jour, celui de la fête du Travail. Si c’est ce que vous avez fait, vous avez peut-être empoché une coquette somme… attendu… puis racheté tous vos titres aujourd’hui avec un rabais de 5%.

Pas mal n’est-ce pas ? Sauf qu’il y a un problème, de plus en plus évident… à présent que vous avez retrouvé toutes vos actions !

Si les actions (avec le recul) étaient une « vente » prudente il y a un mois, qu’est ce qui fait qu’elles sont devenues un « achat » prometteur aujourd’hui ? Une baisse de 5% ? Ce n’est là un chiffre guère très stimulant.

Comme on le sait, les investisseurs sont payés pour prendre des risques… c’est ce qu’ils appellent la « prime de risque ». Il s’agit de la « somme minimale d’argent par rapport à laquelle le rendement attendu sur un actif risqué doit excéder le rendement connu d’un actif sans risque ». Quels sont donc les risques pris par les investisseurs aujourd’hui par rapport à ceux d’il y a un mois ? Le marché est-il plus ou moins volatil ? Un rapide coup d’oeil sur la situation en Europe fait pencher pour la première option.

▪ Histoires de rendements
Mercredi dernier, le rendement sur les obligations espagnoles à 10 ans a explosé pour atteindre un niveau record depuis la création de l’euro. Ce n’est pas bon signe. Les analystes semblent s’accorder (pour ce que cela vaut) sur le fait qu’un rendement de 7% est insoutenable pour qu’un pays se finance sur le long terme (quoi que cela signifie). Jeudi matin, le rendement des obligations espagnoles à 10 ans s’établissait à 6,67%.

Le spread entre le rendement des obligations espagnoles et des obligations « refuge » allemandes a également atteint un record — 5,6%.

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Ajoutons également que le rendement des obligations italiennes à 10 ans se situe également à plus de 6% — pour la première fois depuis janvier.

Pendant ce temps-là, la Grèce est… eh bien, la Grèce est grillée, au mieux une destination privilégiée de vacances en temps de crise. On a appris la semaine dernière que la Banque nationale de Grèce, le plus grand créditeur pour les producteurs d’huile d’olive, a enregistré une perte au premier trimestre de 537 millions d’euro. Si ce chiffre, le dernier d’une longue série de « déceptions », vous surprend, c’est que soit vous avez abusé de l’ouzo… soit vous n’en avez pas bu assez.

Tout cela laisse penser que les investisseurs arrivent à la conclusion — doucement mais sûrement — que nous avions fait connaître dans ces pages il y a déjà quelques années. Je me souviens d’avoir rédigé un papier prévoyant l’explosion de l’euro alors que je brûlais des billets funéraires et mangeais des boulettes dans un boui-boui à Taipei. Nous devions être en 2010, l’année du Tigre. J’étais presque gêné à l’époque d’écrire à propos de la possibilité que les PIIGS dépensiers ne déchirent le continent… mais uniquement parce que je pensais que j’avais du retard sur l’histoire.

Pourtant nous en sommes là, deux ans plus tard, et les hommes politiques ressortent encore et toujours, dans un jacassement mécanique et mou, leurs mêmes boniments usés sur la fiscalité et leurs incantations vaudou sur l’économie. Pire, leurs paroles sont rapportées, citées et gobées sans même un soupçon d’ironie.

▪ L’Europe n’est pas seule
Pourtant, il n’y a pas que l’Europe qui affiche des prévisions « pessimistes ». Voici ce qu’on a pu lire dans le Wall Street Journal :

« Selon les derniers rapports, une nouvelle menace économique surgit : l’activité ralentit partout dans le monde au même moment et pas uniquement sur quelques marchés, avec leurs propres problèmes isolés. L’Europe, qui doit faire face au risque d’une sortie de la Grèce de la Zone euro et à une augmentation des problèmes fiscaux, est l’épicentre d’une inquiétude économique mondiale qui se lève en ce moment même. On rapporte des problèmes économiques en Chine, en Inde, en Afrique du Sud, au Brésil et ailleurs ».

Un « ralentissement mondial synchronisé », comme l’a appelé Bill Bonner il y a quelques jours. « Mince ! »

Non, cher lecteur, une baisse de 5% ne devrait pas être suffisante pour vous inciter à revenir dans le jeu. Les titres du S&P 500 affichent encore un PER optimiste (lire : trompeur) d’environ 15. Les investisseurs aimeraient voir ce chiffre divisé par deux avant de ne serait-ce que reposer un pied sur le terrain.
[NDLR : Avant d’en arriver là, que faire ? Qu’est-ce qui attend votre portefeuille actions… mais aussi votre assurance-vie, votre Livret A, votre prêt immobilier et même votre compte courant ? Rendez-vous ici pour le savoir…]

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