Plusieurs signaux faibles indiquent que le gouvernement commence sans hâte, mais avec détermination, à identifier les cibles qui seront frappées par des « ajustements » fiscaux pour rembourser les déficits. Entrepreneurs et épargnants seront aux premières loges.
L’attention de l’opinion publique est focalisée sur le virus qui pousse désormais le président de la République à proclamer un couvre-feu dans les rues de Paris… mais en coulisses, des signaux faibles sont émis, qui donnent une bonne indication sur les intentions du gouvernement – et des pouvoirs publics au sens large – pour remettre le pays en coupe réglée une fois l’épidémie passée et atténuer un peu le poids des déficits.
Pas de retour à l’équilibre des finances publiques avant 2030
Selon le site FIPECO, les finances publiques françaises ne devraient pas revenir à l’équilibre avant… très longtemps. Il est même fort probable que le déficit public soit encore supérieur à 3% du PIB en 2030 si aucune mesure de diminution des dépenses publiques n’est décidée.
Cette étude prospective donne une bonne illustration du désastre qui se prépare et de la difficulté de le surmonter.
Dans la pratique, la France est confrontée à un dilemme simple, sur lequel se briseront les présidents qui se succéderont d’ici à 2030 : soit on réforme et on devient impopulaire, soit on reste populaire et on trouve des expédients pour tenir le plus longtemps possible sans faire faillite.
La règle adoptée dans notre très imparfaite démocratie depuis plusieurs décennies (et gravée dans le marbre par Jacques Chirac) étant celle de l’immobilisme, tout laisse à penser que le paquebot France devrait continuer à s’enfoncer dans les eaux pour les dix ans qui viennent.
Avec, bien entendu, quelques sacrifiés qui seront écorchés vifs en place de Grève pour donner l’illusion au petit peuple que le pouvoir politique a encore une utilité et une autorité.
Les entrepreneurs, premières victimes des manœuvres en coulisses
Au premier rang des punitions symboliques qui seront infligées pour maintenir l’illusion du pouvoir, on citera les entrepreneurs qui pourraient subir quelques chocs dès 2022.
Un rapport du Haut conseil au financement de la protection sociale (l’un de ces bidules que François Hollande a toujours adoré) suggère ouvertement de considérer comme rémunération soumise à cotisations (hors PFU, donc) une part grandissante des dividendes versés dans les Sociétés par actions simplifiées, les fameuses SAS.
On comprend l’objectif caché de la technostructure qui rédige ce genre de rapport : passer au rabot tout ce qui ressemble à un « riche ». Ce mot doit évidemment être entendu au sens large du terme, c’est-à-dire au sens de celui qui gagne de l’argent par ses propres moyens, sans dépendre de l’Etat, et qui ne peut être mis sous contrôle.
Un dirigeant de SAS qui se verse un petit salaire et un dividende selon les résultats de l’année appartient évidemment à cette catégorie.
Il est très probable, donc, qu’à l’occasion de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, des mesures expéditives soient prises pour faire rendre à ces mauvais coucheurs qui vivent de leur travail sans rien demander à personne.
Il faut lire attentivement ce rapport pour comprendre que l’objectif final consistera peu à prou à récupérer des cotisations pour financer le « trou de la Sécu » en confisquant les dividendes autant que faire se peut.
Les épargnants au cœur de la campagne anti-riches
Parallèlement, on découvre que le déficit cumulé du régime général de retraites sur les cinq années à venir devrait dépasser les 70 Mds€. A long terme, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, dans la mesure où, tôt ou tard, la France ne pourra soutenir la dépense sans limite d’un système mal maîtrisé.
Il faudra réformer, et tout indique que le gouvernement devra ouvrir des espaces de plus en plus importants pour des étages ou des compartiments de retraite supplémentaire par capitalisation.
Avant que cette fenêtre de tir ne s’ouvre, toutefois, il faudra subir les assauts envieux de tous ceux qui considèrent que les riches s’enrichissent toujours trop, et que les pauvres s’appauvrissent chaque jour à cause d’eux.
Une véritable campagne « anti-riches » se met donc en place pour dénoncer les prétendus profits que les épargnants auraient retiré de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou pour souligner qu’ils ont épargné trop d’argent durant le confinement.
On sait où ces campagnes conduisent. Elles préparent les esprits à lever de nouveaux impôts ciblés sur les épargnants les plus faciles à taxer (le plus souvent ceux qui ne partent pas à l’étranger). Et c’est bien à un malaxage des esprits en bonne et due forme que nous assistons, pour justifier que la crise qui s’annonce soit financée par les segments de population qui descendent le moins dans la rue.
Qu’ils paient tant qu’on peut les faire payer ! Tout ce qu’ils rendront sera autant de moins à prendre dans la poche des fonctionnaires et des bénéficiaires des aides publiques en tous genres.