La Chronique Agora

Un empire de fantasmes (partie II)

transition énergétique, électricité, pénurie

Dans un monde où la monnaie peut être créée par magie sans la moindre conséquence, la transition énergétique ne peut se faire sans que les prix de l’énergie n’explosent.  


Nous avons commencé hier à vous retranscrire un entretien entre Bill Bonner et son ami et partenaire d’affaires Porter Stansberry. Cette première partie se concentrait sur la révolution de l’information et ce qu’elle nous a apporté, ainsi toutes les promesses non tenues, notamment de par l’action des gouvernements.

Dans la deuxième partie de cet entretien, nos deux intervenants se penchent sur les problèmes posés par la transition énergétique. Bonne lecture !


Porter Stansberry :
Oui, cela va mal finir. À titre illustratif, la production d’électricité par habitant a atteint son pic à la fin des années 1990, aux Etats-Unis. Or, la consommation d’énergie et la production d’énergie sont les indicateurs de l’allongement de l’espérance de vie, de l’augmentation de la productivité et du PIB par habitant. On peut évaluer de manière très précise la richesse d’une société en fonction de son niveau d’électrification et de sa production d’électricité.

Cela nous amène à un sujet que nous souhaitions aborder dans cet entretien : le krach imminent entre deux fantasmes qui ont dominé le débat médiatique et le débat public ces dix dernières années. Le premier fantasme consiste à croire que l’on peut traiter tous les maux sociaux ou presque, qu’il s’agisse de l’effondrement du marché de l’immobilier ou d’une crise sanitaire, en augmentant considérablement les dépenses publiques mal ciblées, financées par la dette.

Bill Bonner :
Pour faire court, ce fantasme consistait à croire que l’on pouvait traiter tous les problèmes avec de l’argent… Mais il s’agissait d’argent sans valeur.

P.S. :
C’est cela. Il suffit de regarder les systèmes scolaires aux États-Unis. Les dépenses par étudiant continuent à augmenter alors que les notes aux tests de compétence et d’évaluation ne cessent de baisser. Eh bien, dans notre économie, les dépenses publiques ne cessent d’augmenter, alors que la qualité des prestations de soins de santé publique ne cesse de se détériorer.

B.B. :
Tout à fait.

P.S. :
L’argent n’est donc pas la solution, mais le fantasme consiste à penser que l’argent peut soigner tous les maux.

L’autre fantasme, que l’on peut observer depuis dix ans, est que si les pays investissent massivement dans les sources d’énergie renouvelable, celles-ci finiront par être moins coûteuses et plus propres que les combustibles fossiles, et que cela permettra l’avènement d’un futur radieux peuplé de Bambis et de papillons qui ravira Greta Thunberg.

Conséquences en chaîne

B.B. :
Nous ne savons pas comment cela se finira, car nous n’en sommes qu’au début. Nous ne savons pas si les études et travaux scientifiques qui sous-tendent cette idée sont corrects ou non. Personne ne le sait.

P.S. :
Mais nous savons que nous avons dépensé des milliers de milliards de dollars dans les énergies renouvelables et que les pays qui ont investi le plus dans ces sources d’énergie sont ceux qui disposent des réseaux d’électricité les moins fiables et dont le coût de l’électricité est le plus élevé. Cela nous a conduit à la crise que nous traversons actuellement et c’est pour cette raison que même les États-Unis sont confrontés à une pénurie d’essence.

L’Europe est quant à elle complètement à court de gaz naturel. Les gouvernements européens craignent que les citoyens européens se retrouvent dans l’incapacité de se chauffer cet hiver.

B.B. :
Lorsque vous expliquez aux gens qu’ils ne pourront plus acheter de véhicules équipés de moteurs à combustion interne, les entreprises qui fabriquent des moteurs à combustion interne refusent du jour au lendemain d’investir dans de nouveaux sites de production ou dans de nouveaux équipements. Puis, rapidement, les gens se retrouvent à court de carburant.

P.S. :
On se retrouve dans cette situation parfaitement ridicule où Joe Biden déclare d’un côté que le gouvernement va baisser le prix de l’essence et, de l’autre, qu’il sera mis fin aux activités d’exploitation pétrolière. À un moment donné, il faut choisir. Cela crée une grande instabilité et une grande incertitude sur le plus grand marché du monde, celui de l’énergie.

B.B. :
Exactement. Le fait est qu’on aimerait tous protéger la planète si cela était possible. Mais nous sommes 8 milliards d’individus à dépendre de l’énergie traditionnelle. Et, sans ces puits de forage…

P.S. :
Beaucoup de gens ne survivraient pas.

Trop d’humains ?

B.B. :
Ils mourraient car ils ont besoin de cette énergie traditionnelle pour survivre. Les sources d’énergie alternative ou renouvelable représentent désormais environ 15% de la production d’énergie mondiale. Cela signifie que 85% de la population mondiale, soit 6,5 milliards d’individus environ, dépend des sources d’énergie traditionnelles.

Et, soit dit en passant, il ne suffit pas de fermer le robinet et d’augmenter le prix de l’énergie. Il y a 3,5 milliards de personnes dans le monde qui vivent avec 5 $ par jour. Ces 5 $ leur apportent assez de calories et de nourriture pour survivre. Si vous augmentez le prix de l’énergie, ils ne consomment plus assez de calories, ils consomment moins de calories que ce dont ils ont besoin et ils meurent plus jeunes ou sont plus susceptibles de contracter des maladies.

C’est donc très facile pour les gens qui se déplacent en jet privé de parler de réduire la production d’essence et d’augmenter le prix de l’énergie pour protéger la planète, mais cela ne résout pas le problème… La plupart des individus dans le monde dépendent des carburants traditionnels.

P.S. :
Si vous dites aux gens qu’ils ne peuvent plus utiliser de charbon, par exemple, et si cette interdiction prend effet du jour au lendemain, il ne fait aucun doute que des milliards de gens mourraient. Il est impossible d’ordonner aux gens d’arrêter des sources d’énergie pérennes car ils en ont besoin, tout simplement. Or, il y a une thèse très dérangeante dans le mouvement environnementaliste qui consiste à dire que les humains n’ont pas le droit d’être sur Terre, que la Terre est plus importante que les gens.

B.B. :
Ils affirment même que nous sommes trop nombreux sur Terre. Personne n’oserait dire « il faut se débarrasser de quelques personnes ». Mais, comme tu le dis, c’est ce qu’on peut comprendre en filigrane, en lisant entre les lignes.

P.S. :
C’est une idée très dangereuse.

B.B. :
Très dangereuse. Cela me rappelle le Grand Bond en avant en Chine, car on retrouve le même genre de fantasme lié à un pouvoir politique sans limite. Tout comme la révolution verte souhaite accélérer le basculement vers le futur…

On se retrouve demain avec la dernière partie de cet entretien…

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